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La place du bonheur dans la philosophie.

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5 participants

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Aristote ne dit pas grand chose d'autre dans son éloge de la vie contemplative (Éthique à Nicomaque).

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La contemplation, pourquoi pas, mais elle requiert une conversion du regard porté sur les choses et un travail de longue haleine pour cela (à moins que la grâce nous soit accordée). Mais là encore, ne s'agit-il pas de quiétude, de se trouver dans une harmonie avec les choses qui soit susceptible de nous contenter par leur simple présence ? Au fond, il faudrait redevenir simple et stopper toute interprétation, retourner aux choses mêmes dans une forme de pratique spirituelle de l'existence. Ce qui me dérange, toutefois, c'est la façon dont on est amené à s'abstraire et à s'oublier soi-même, à renoncer à soi, pour plonger au cœur du monde et accueillir l'Autre. On se fuit soi-même ou l'on devient un pur regard anonyme ne se rapportant à aucun sujet, mais dès lors n'est-ce pas nier notre condition humaine, refuser de vivre en homme porté à se transcender ? Aussi, si je me refuse comme un moi-même distinct de l'Autre, en vue de fusionner avec l'Autre, comment cet Autre peut-il exister pour moi ? Si je me nie en tant qu'autre de l'Autre, peut-il encore y avoir du Même et de l'altérité ? Est-ce que même je ne suicide pas le monde avec moi ou en tout cas la parcelle de monde que je suis et qui en tant qu'assignée à la forme de vie humaine est amenée à être ce regard que le monde porte sur lui-même pour se faire exister lui-même ? Cela dit, il est très difficile de braver la tragédie de l'existence, d'être un héros solitaire enfermé dans son ipséité. On peut vouloir s'attacher au réel, mais il reste cruel. D'où l'effort pour se surmonter soi-même dans l'étrangeté de ce monde que l'homme a à aménager pour y vivre. La béatitude d'un Spinoza me semble extrêmement difficile voire impossible à atteindre. Il faudrait passer sa vie à s'efforcer de trouver en chaque chose une part d'éternité suffisant à juguler la torsion du devenir et l'éruption des désirs.

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Silentio a écrit:
Est-ce que même je ne suicide pas le monde avec moi ou en tout cas la parcelle de monde que je suis et qui en tant qu'assignée à la forme de vie humaine est amenée à être ce regard que le monde porte sur lui-même pour se faire exister lui-même ?

Je pense qu'on est ici très proche de l'idéal formulé par Schopenhauer et plus loin dans le temps, par certains sages indiens.

ce regard que le monde porte sur lui-même pour se faire exister lui-même

On dirait la Volonté de Schopenhauer, dont la vie est le regard qu'elle porte sur elle-même, son miroir ! Sans ce regard, la chose en soi n'est rien, sauf par les attributs habituels d'éternité, d'infinité, etc. Chercher à se fondre avec ça, est ne pas même reconnaître l'existence de quelque chose de divin dans le monde, une condition humaine transcendée dans la vie divine.

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Liber a écrit:
Aristote ne dit pas grand chose d'autre dans son éloge de la vie contemplative (Éthique à Nicomaque).


Éth. Nic. X, ch. 7-8, voulez-vous dire ?
Bah stadire qu'il est difficile de refuser de voir que dans theoretikos (contemplatif, bios theoretikos), il y a theos (Dieu), quand même.
Il vante sa propre manière de vivre - et j'en sais qui nommeraient cela une idiosyncrasie : il a choisi, parmi toutes les vies possibles, que sa vie serait une vie avec la pensée, et nous pouvons dire maintenant qu'il a parfaitement réussi. Il le dit lui-même, qu'on ne peut pas savoir si un homme a été heureux avant sa mort, et même qu'il faut attendre un peu plus après (des fois qu'on découvre dans sa progéniture, ses successeurs quels qu'ils soient, des sales types qui pourraient nous amener à douter que sa vie fut menée comme il faut). Mais dans le cas d'Aristote, on doit pouvoir dire qu'il fut heureux.

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Bien plus que de vivre de façon contemplative, le bonheur est donc de choisir sa vie (bien que cela ne soit pas si facile, dans beaucoup d'occasions, c'est la vie qui choisit pour nous et rien ne permet de dire qu'Aristote ait choisi la sienne), donc de se fixer un but*, de le suivre jusqu'au bout, et d'espérer que rien ne nous en détournera, et nous devons penser aussi que seule la mort nous assurera une complète réussite ! C'est donc, si je puis dire, un but d'outre-tombe. A noter que la célèbre phrase de tragédie grecque qui dit qu'on ne doit déclarer un homme heureux qu'après sa mort définit le bonheur par la négative (un homme heureux est celui qui n'a pas vécu de grandes souffrances), car il peut souffrir l'horreur au dernier moment, tel Oedipe ou Créon. Dans le cas d'Aristote, il aurait été malheureux s'il avait été empêché de contempler, s'il avait dû travailler nuit et jour par exemple, ou bien alors une activité, je ne sais pas, moi, de polisseur de lentilles, par exemple ? ;)

* Nous sommes là très loin de Nietzsche, pour qui le but est une "servitude". Je me souviens que c'était la première phrase philosophique qui m'ait frappé. Je l'ai lue, non dans le Zarathoustra où elle se trouve, mais dans une interview de Braque où il disait qu'il ne s'était jamais donné pour but de devenir peintre : "Nietzsche a dit, je crois, que le but est une servitude, et c'est vrai".
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