Bien plus que de vivre de façon contemplative, le bonheur est donc de choisir sa vie (bien que cela ne soit pas si facile, dans beaucoup d'occasions, c'est la vie qui choisit pour nous et rien ne permet de dire qu'Aristote ait choisi la sienne), donc de se fixer un but*, de le suivre jusqu'au bout, et d'espérer que rien ne nous en détournera, et nous devons penser aussi que seule la mort nous assurera une complète réussite ! C'est donc, si je puis dire, un but d'outre-tombe. A noter que la célèbre phrase de tragédie grecque qui dit qu'on ne doit déclarer un homme heureux qu'après sa mort définit le bonheur par la négative (un homme heureux est celui qui n'a pas vécu de grandes souffrances), car il peut souffrir l'horreur au dernier moment, tel Oedipe ou Créon. Dans le cas d'Aristote, il aurait été malheureux s'il avait été empêché de contempler, s'il avait dû travailler nuit et jour par exemple, ou bien alors une activité, je ne sais pas, moi, de polisseur de lentilles, par exemple ? ;)
* Nous sommes là très loin de Nietzsche, pour qui le but est une "servitude". Je me souviens que c'était la première phrase philosophique qui m'ait frappé. Je l'ai lue, non dans le Zarathoustra où elle se trouve, mais dans une interview de Braque où il disait qu'il ne s'était jamais donné pour but de devenir peintre : "Nietzsche a dit, je crois, que le but est une servitude, et c'est vrai".