Euterpe a écrit:aldolo a écrit:je crois franchement que tout le monde est prêt à s'en foutre, si on ne monte pas la tête aux gens.
L'indifférence de fait n'est possible qu'à la condition de ne pas placer certaines opinions sous le coup de la loi pénale... Sans quoi on instaure, en la systématisant, une inégalité qui n'est pas sans danger. Lorsque Charlie Hebdo est relaxé en 2007, au nom de la liberté d'expression, le consensus était évident. Or on n'accorde pas sa liberté d'expression à Dieudonné et, à travers lui, des milliers de personnes se sentent confortées dans l'inégalité de fait des opinions.
En publiant des caricatures d'Allah, Charlie-Hebdo n'a en rien contredit aux lois de la République (laïque). Ses publications rentrent dans le champ de la liberté d'expression. On reproche par contre à Dieudonné d'inciter au racisme (à la "haine raciale"), ce qui serait contraire à la loi. Si tel était le cas (ce sur quoi je ne me prononce pas), il ne pourrait faire valoir une quelconque "liberté d'expression". On ne peut mettre les deux choses sur un plan d'égalité. (Ensuite, on peut sans doute penser ce qu'on veut sur le fait que l'État se soit particulièrement impliqué dans l'affaire Dieudonné, voire comprendre que ça puisse être mal pris, c'est une autre affaire. Il n'empêche que c'est le droit qui tranche et que lui ne fait aucune différence entre les uns et les autres).
Euterpe a écrit:aldolo a écrit:s'il existe un racisme anti-juif, il est pour moi d'une part le fait d'une poignée de tarés d'extrême-droite plus ou moins nostalgiques du nazisme ; et d'autre part de quelques jeunes musulmans rejetés ou désœuvrés, manipulés en tous cas, qui le vivent de façon identitaire et communautaire.
Il est, encore aujourd'hui, beaucoup plus répandu que vous ne semblez le croire. Il y a bel et bien un antisémitisme franco-français ; inutile de vous sortir tous les documents depuis les années 1880.
On ne se mettra pas d'accord sur ce point, je pense qu'il est inutile de poursuivre.
Euterpe a écrit:aldolo a écrit:En réponse à une "hiérarchie", j'avais laissé entendre que le racisme pouvait prendre plusieurs formes. Paternalisme (néo-colonial), viscéral (xénophobie), idéologique (nazisme) ou identitaire (communautariste). Il me semble que si l'on voulait approfondir sur les éventuelles différences de traitements consacrés aux uns et aux autres, c'est à travers ces modèles-là qu'il faudrait réfléchir...
Distinctions confuses qu'il faudrait affiner.
Est-il vraiment besoin d'affiner ? Je vous assure qu'un individu paternaliste a un type de racisme, un "rapport racial" à l'autre très différent d'un autre, embrigadé lui dans une idéologie, ou d'un troisième pour qui il s'agira d'un rejet viscéral. Le racisme est juste la dénomination commune, "l'effet" si l'on veut : les conclusions des uns et des autres finissant par stigmatiser telle ou telle population. Le regard est différent selon les cas, et ça change la façon dont on pourrait discuter d'une éventuelle "hiérarchie". Hiérarchie qui ne concernerait alors pas telle ou telle population mais plutôt tel ou tel regard sur l'autre.
C'est pourquoi j'avais précisé dans mon premier texte que c'est en référence à la Shoah qu'on tirait à boulets rouges sur Dieudonné. Comme quoi l'idéologie nazie oui, a plus de raisons d'être bannie du champ politique que le paternalisme par exemple ; il me semble que les raisons n'en sont pas très difficiles à comprendre.
Reste à savoir si ça vous intéresse de prendre en compte ces distinctions ou si vous préférez vous en tenir au mot fourre-tout de "racisme" pour expliciter des prises de positions que vous jugez inégalitaires. En tous cas moi je considère que ce sont des facteurs sur lesquels on ne peut faire l'impasse si l'on veut discuter d'une éventuelle "hiérarchie du racisme" que vous dénoncez et qui reste à prouver.