Quelques remarques préliminaires.
Je ne m'étendrai pas sur le cas Dieudonné, dont les propos antisémites sont avérés, aussi bien en dehors que dans certains de ses spectacles (puisque alors il n'y pratique pas l'antiphrase ni une quelconque autre forme de l'ironie, qui seule permettrait d'affirmer qu'il ne dit pas ce qu'il pense). Je ne discuterai pas non plus du délit d'opinion. Ce qui m'interpelle, c'est le rapport de plus en plus direct entre la société civile et la société politique. A vrai dire, il semble que la société a complètement fini d'absorber le politique, lequel n'existe plus (les institutions, qui impliquent une dépersonnalisation, n'existent plus). Pour être plus précis, après Sarkozy - dont je ne sais pas s'il est le déclencheur, ou l'occasion, ou l'accélérateur d'un phénomène inévitable et prévisible -, nous avons assisté cette année, avec le concours (la complicité ? mais le terme n'est qu'une approximation) de la presse, à deux épisodes mettant face à face, sans aucune médiation (dont la disparition est diagnostiquée par Pierre Manent depuis une quinzaine d'années), un président de la République et une collégienne kosovare, un ministre de l'intérieur avec un humoriste. Dans les deux cas, des décisions sont prises par des individus qui occupent une fonction politique et publique, mais qui n'agissent pas comme tels (comme un président et comme un ministre). J'y vois un même symptôme ; mais je décèle deux décisions qui se télescopent.
Dans le cas de Leonarda, la collégienne, on a pu assister à quelque chose d'absolument odieux (nous sommes au delà de la seule maladresse ou de la légalité).
Dans le cas de Dieudonné, l'humoriste, c'est comme si nous avions assisté à l'intervention d'un Saint, d'un Missionnaire guidé par une Justice transcendantale, soudain habité par toutes les modalités et facettes du Bien contre le Mal. Avec celle-ci, on a soulevé la question de l'intégration à la française, d'aucuns n'hésitant pas un rapprochement avec la rafle du Vel' d'Hiv', certes, mais on n'a pas soulevé la question, autrement plus brûlante, du racisme "à la française" comme une question globale. Avec celui-là, le monde politique et journalistique n'a que l'antisémistisme à la bouche.
Certains, à raison, pointent le doigt sur la banalisation de l'antisémitisme, sur le racisme ravalé au rang d'opinion, normalisé. Mais ces mêmes dont on voit bien qu'ils ont déjà tout analysé avant qu'un événement ne survienne, ont une difficulté inquiétante à se rendre présents à l'esprit le racisme non moins banalisé dont les maghrébins sont les victimes, entre autres.
Pourquoi la classe politique ne fait-elle pas du racisme dont les maghrébins et les africains peuvent être victimes, une affaire aussi nationale et sacrée qu'elle le fait avec Dieudonné ? Pourquoi une telle différence dans la mobilisation des uns et des autres ? La Ligue de Défense Juive (LDJ), interdite aux États-Unis et en Israël (!), agit en toute impunité en France, alors qu'elle est officiellement déclarée organisation terroriste...
Me voilà fort embarrassé face à ce que j'ai du mal à ne pas assimiler à une forme de déni, d'orthodoxie, et de jacobinisme. Assistons-nous aux prodromes d'une guerre civile (dont on sait que l'histoire de France est émaillée de part en part). Vous vous en doutez, j'ai mes opinions à propos de ce qu'il se passe en France depuis quelques mois, mais il me paraît plus intéressant de lire les vôtres. (Tâchez d'être constructifs et de laisser aux vestiaires les susceptibilités, nous ne parlons pas de nous mais de l'objet de nos opinions, ou de la question de savoir à quel objet nous avons affaire.)
Je ne m'étendrai pas sur le cas Dieudonné, dont les propos antisémites sont avérés, aussi bien en dehors que dans certains de ses spectacles (puisque alors il n'y pratique pas l'antiphrase ni une quelconque autre forme de l'ironie, qui seule permettrait d'affirmer qu'il ne dit pas ce qu'il pense). Je ne discuterai pas non plus du délit d'opinion. Ce qui m'interpelle, c'est le rapport de plus en plus direct entre la société civile et la société politique. A vrai dire, il semble que la société a complètement fini d'absorber le politique, lequel n'existe plus (les institutions, qui impliquent une dépersonnalisation, n'existent plus). Pour être plus précis, après Sarkozy - dont je ne sais pas s'il est le déclencheur, ou l'occasion, ou l'accélérateur d'un phénomène inévitable et prévisible -, nous avons assisté cette année, avec le concours (la complicité ? mais le terme n'est qu'une approximation) de la presse, à deux épisodes mettant face à face, sans aucune médiation (dont la disparition est diagnostiquée par Pierre Manent depuis une quinzaine d'années), un président de la République et une collégienne kosovare, un ministre de l'intérieur avec un humoriste. Dans les deux cas, des décisions sont prises par des individus qui occupent une fonction politique et publique, mais qui n'agissent pas comme tels (comme un président et comme un ministre). J'y vois un même symptôme ; mais je décèle deux décisions qui se télescopent.
Dans le cas de Leonarda, la collégienne, on a pu assister à quelque chose d'absolument odieux (nous sommes au delà de la seule maladresse ou de la légalité).
Dans le cas de Dieudonné, l'humoriste, c'est comme si nous avions assisté à l'intervention d'un Saint, d'un Missionnaire guidé par une Justice transcendantale, soudain habité par toutes les modalités et facettes du Bien contre le Mal. Avec celle-ci, on a soulevé la question de l'intégration à la française, d'aucuns n'hésitant pas un rapprochement avec la rafle du Vel' d'Hiv', certes, mais on n'a pas soulevé la question, autrement plus brûlante, du racisme "à la française" comme une question globale. Avec celui-là, le monde politique et journalistique n'a que l'antisémistisme à la bouche.
Certains, à raison, pointent le doigt sur la banalisation de l'antisémitisme, sur le racisme ravalé au rang d'opinion, normalisé. Mais ces mêmes dont on voit bien qu'ils ont déjà tout analysé avant qu'un événement ne survienne, ont une difficulté inquiétante à se rendre présents à l'esprit le racisme non moins banalisé dont les maghrébins sont les victimes, entre autres.
Pourquoi la classe politique ne fait-elle pas du racisme dont les maghrébins et les africains peuvent être victimes, une affaire aussi nationale et sacrée qu'elle le fait avec Dieudonné ? Pourquoi une telle différence dans la mobilisation des uns et des autres ? La Ligue de Défense Juive (LDJ), interdite aux États-Unis et en Israël (!), agit en toute impunité en France, alors qu'elle est officiellement déclarée organisation terroriste...
Me voilà fort embarrassé face à ce que j'ai du mal à ne pas assimiler à une forme de déni, d'orthodoxie, et de jacobinisme. Assistons-nous aux prodromes d'une guerre civile (dont on sait que l'histoire de France est émaillée de part en part). Vous vous en doutez, j'ai mes opinions à propos de ce qu'il se passe en France depuis quelques mois, mais il me paraît plus intéressant de lire les vôtres. (Tâchez d'être constructifs et de laisser aux vestiaires les susceptibilités, nous ne parlons pas de nous mais de l'objet de nos opinions, ou de la question de savoir à quel objet nous avons affaire.)