jean ghislain a écrit:Oui, puisqu'il est peut-être la plus mauvaise idée qu'aient eue les Occidentaux à propos du changement. Le progrès montre bien l'orgueil et la fuite en avant d'une civilisation qui, condamnée à tenir compte des conséquences de ce qu'elle fait depuis qu'elle existe, ne se contente plus d'agir sur le réel, mais rêve de le conjurer, de le rendre impossible (abolition du hasard, etc.).L'histoire dont vous parlez, y incluez-vous le progrès?
On ne voit pas assez à quel point l'histoire est impensable sans sa sœur l'utopie. Au fond, voici un homme dont la caractéristique principale est d'être utopique, et qui, ayant tenté l'aventure, s'est retrouvé dans l'histoire, autrement dit dans ce qui résulte du contact entre les utopies et le réel. Comme si l'histoire était un emballement sans fin. Un changement irréversible, disait Ortega, une crise continue. Qui sait, peut-être que les invasions doriennes du deuxième millénaire av. J.-C. ont dévié le cours normal du temps dans lequel se trouvaient les habitants de l'Europe, à l'instar des autres sociétés, les sociétés naturelles. Tout cela n'est que conjecture. Toujours est-il qu'on s'amuse beaucoup avec les sociétés historiques. Imaginez l'histoire de l'humanité sans elles. Il n'y aurait pas même d'histoire, puisqu'il n'y aurait presque rien à en dire. Que de choses seraient (définitivement) tombées dans l'oubli aussitôt disparues !