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Autour d'une pensée de l'existence

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Dienekes
aliochaverkiev
Vangelis
Crosswind
Arcturus
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descriptionAutour d'une pensée de l'existence - Page 28 EmptyRe: Autour d'une pensée de l'existence

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Monsieur Bourgois, j'ai lu l'ensemble de vos interventions, mais il me semble que vous êtes en quête de reconnaissance, et pourquoi pas d'ailleurs. Mais cette quête vous l'exprimez par l'exposé de vos sentiments, de vos propres sentiments. Je ne peux pas entrer dans un dialogue dans lequel votre subjectivité s'imposerait. Non que cela m'ennuie mais ce n'est vraiment pas le lieu. Je me répète : pourquoi n'ouvrez-vous pas un fil, dans lequel vous pourriez exposer votre sensibilité, vos sentiments, vos perceptions ?

Je vais donc poursuivre l'exposé de mon étude.

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Acturus a écrit:
Vous êtes dans le jugement de valeur...

Je m'excuse, je parlais de ce que vous aviez écrit, pas de vous. Mais, je ne suis pas certain que votre réponse à mon post (a priori hors sujet) soit en rapport avec le sujet. Sinon, je peux tenter à nouveau d'expliquer en quoi en mélangeant des choses concrètes et abstraites (désignées par le même nom) nous faisons des non-sens. La raison n'interdit pas les non-sens, mais c'est également hors sujet.

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La métaphysique pose l’être comme un principe, comme une nécessité, une nécessité logique qui va assurer la pensabilité des choses. Donc l’être est un requisit, une nécessité d’abord d’ordre logique, puis épistémologique, c’est-à-dire qui va concerner l’existence des sciences, puis gnoséologique qui va concerner la possibilité même de la connaissance. 

L’être est cette catégorie première. Platon va poser l’être comme cette catégorie absolument nécessaire pour penser quelque chose, puis connaître toute chose. L’être va être représenté par les essences, les idées ou les archétypes. 

En dégageant la nécessité absolue de l’être, particulièrement de ses essences, le beau, le bien, le vrai, Platon manifeste une ambiguïté fondamentale: l’ambivalence du langage. Le langage véhicule de la pensée, est pris dans les rets du devenir puisque parler, produire un discours, c’est nécessairement enchainer selon l’antérieur et le postérieur, comme dit Aristote, des éléments du discours, des mots, des outils grammaticaux qui permettent de les articuler. 

Parler atteste de mon devenir. Je suis un être qui, y compris dans mon discours, est voué au devenir. Si je veux comprendre une phrase je suis obligé d’en passer par le début, le milieu, la fin. Le langage m’enracine dans le devenir, montre que tout en moi est devenir y compris ma pensée. Mais de la même façon, d’où son ambivalence, le langage révèle et dévoile qu’à l’intérieur même des mots, qui finalement épousent le devenir mais aussi la multiplicité des choses, des phénomènes, se lit l’exigence de quelque chose qui échappe à ce flux, à ce devenir, à cette multiplicité. L’existence, le cheval, la pluie, la terre sont autant de termes génériques, même si nous n’en n’avons pas toujours conscience. 

A l’intérieur même du langage, sans que nous nous en rendions compte, nous avons deux choses : 

1) La tentative des mots d’épouser la labilité, la fluctuance, le devenir auquel tout phénomène et nous-mêmes sommes soumis. 

2) L’emploi constant de termes génériques, même quand nous n’en n’avons pas la pleine clairvoyance, nous montrons que nous avons cette exigence de poser de l’être, c’est-à-dire de poser une essence. 

Il faut que le cheval existe, que la pluie existe. Il faut que dans mon esprit je puisse recourir à l’existence d’un concept, d’une essence au moyen desquels ensuite je vais pouvoir comparer les choses, les identifier, donc me les approprier, les saisir, les comprendre et dans un deuxième temps les connaître. Comprendre n’est pas forcément connaître. Nous pouvons comprendre une chose sans la connaître, et la connaître sans la comprendre. 

A chaque fois ce sont des opérations différentes mais possibles. Platon l’a bien compris. La métaphysique est l’aveu de la compréhension de cette nécessité, une nécessité humaine, qui ne nous dit pas ce que sont les choses, mais ce qu’est l’âme humaine, ce qu’il lui faut pour qu’elle puisse fonctionner. 

Nous comprenons qu’il devient nécessaire de poser l’être, se confondant chez Platon avec les pures essences. Pour que le changement, le multiple, le variable me soient compréhensibles, en tant que tels, il me faut disposer de quelque chose qui soit permanent et identique c’est-à-dire l’être. 

Cette trace on peut la suivre dans toute l’histoire de la métaphysique, mais on la retrouve aussi dans les philosophies existentialistes, d’abord dans l’existentialisme chrétien qui est beaucoup plus attaché à la métaphysique que l’existentialisme athée, particulièrement G. Marcel « Le mystère de l’Être » (Ed. Présence- chapitre Ma vie p.172). 

Cette nécessité, cette tentation de dépasser les pures apparences et de nous réfugier dans ce que nous appelons traditionnellement de l’être pour justement unifier, synthétiser, arrêter d’une certaine façon ce flux dont nous ne pouvons nous repérer, G. Marcel l’a illustré dans l’exemple du journal intime. 

En effet nous retrouverions la trace de cette conception dans nos quêtes multiples et personnelles, où nous manifestons à certains moments de notre vie, le désir d’essayer un peu de nous comprendre. Évidemment nous comprendre nous amenant à cette idée d’arrêter de nous défaire dans le temps, mais au contraire de nous reconstituer, c’est-à-dire de nous constituer une deuxième fois solidement. 

Allons-nous pouvoir dans nos vies respectives dégager une unité, une permanence ? 

La tentation que beaucoup ont connue, c’est la tentation du journal intime, tentation qui résumerait cette possibilité que je veux me donner, résumer ma vie, la transformer en objet que je pourrai ainsi contempler comme de l’extérieur. Mais ces multiples cahiers qui sont censés contenir ce que j’appelle mon existence, que je contemple devant moi, sont évidemment des choses nulles et non avenues. « Ce journal que je relis avec la masse de détails qu’il renferme, dégage pour moi une impression chaotique. Ma vie a-t-elle été ce chaos ? Si vraiment elle a été cela je ne puis absolument plus rien en dire. Ce n’est plus qu’une sorte d’amoncellement, de déchet » 

Nous nous retrouvons devant une impasse et une aporie. Nous le comprenons sur le plan logique. Pour ressaisir quelque chose qui passe nous avons besoin d’un point fixe. L’être assure la logicité du monde. 

Si le monde est pensable, c’est à ce prix-là, et nous allons nous arranger pour qu’il le soit. La pensée elle-même est une sorte de coup de force. Les féministes des années 70 disaient la logique est une affaire d’homme. Il y a là un acte guerrier, on donne assaut au monde qui est un chaos d’enchevêtrement dans lequel il n’y a aucune signification et encore moins du sens, mais il faut bien faire avec ce monde pour tenter d’y vivre. 

L’une des possibilités c’est précisément d’essayer, de mettre un peu d’ordre, d’introduire de la signification. Il faut penser le monde. Il va falloir enfermer toutes ces qualités, tous ces milliards de chatoiements qu’ont les choses, ne serait-ce que sur le plan affectif, les faire rentrer de force dans des cadres constitués que nous appelons les concepts. Si nous ne faisons pas cela, nous ne faisons rien du monde. Nous ne pouvons pas penser, nous ne pouvons pas transformer, nous ne pouvons pas vivre, tout simplement

Cette tentation est celle-là même du journal. Nous aurions envie de nous poser un moment et de dire ma vie a été invraisemblable, essayons d’écrire tout cela et j’y mettrai de l’ordre. Quand je relis, toutes les notes accumulées sont reprises, retravaillées pour donner quelque chose qui est autre que la vie réelle. G. Marcel dit je cède à cette tentation de faire un peu d’ordre, synthétiser, unifier les choses, et quand je me ressaisis de ce qui est ce matériau, d’abord je ne me souviens de rien, la trahison de la mémoire est cette image chaotique, de sorte que je me retrouve avec une chose qui même passée par l’écriture, ressemble davantage « comme un amoncellement de déchets », qu’autre chose. 

Cela sert-il de tenir un journal ? se demande G. Marcel « Dès lors ne suis-je pas tenu de m’appliquer à découvrir ce qui demeure malgré tout, ce qui ne se laisse réduire ni à une fumée ni à un rebut ? » Il nous laisse sur cette question, c’est-à-dire cette espèce de nostalgie de l’Être que nous avons tout le temps dans le moindre repli de notre existence. A la fois, il faut l’assumer comme un flux, un kaléidoscope où toutes les qualités sans cesse se remplacent mutuellement l’une l’autre. Ceci est une expérience qui est davantage de l’ordre de la perte que de l’ordre de la saisie de soi (littérature contemporaine : Blanchot, Bataille…ne cessent de dire ce dessaisissement de soi et cette perte.)

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Vangelis a écrit:
Et ce n'est pas mon jugement comme vous dites, ce sont les propres mots de Sartre ! Dienekes vous a donné la référence, mais il est visible que vous ne l'avez pas consultée. Vous la trouverez ci-dessous :
Sartre, L'existentialisme est un humanisme - Edit Folio,p 70 a écrit:
Les uns qui se cacheront, par l'esprit de sérieux ou par des excuses déterministes, leur liberté totale, je les appellerai lâches ; les autres qui essaieront de montrer que leur existence était nécessaire, alors qu'elle est la contingence même de l'apparition de l'homme sur la terre, je les appellerai salauds.

Ainsi, quel serait le troisième homme

Puisque j'ai un peu de temps (vacances) je peux travailler plus intensément ! donc je vais ici répondre à Dienekes et à Vangelis sur ce fameux troisième homme qui n'existerait  pas. [Il n' y aurait que des lâches et des salauds].

Je cite Sartre L'existentialisme est un humanisme, éditions Navel, page 84.
"Lorsque sur le plan d'authenticité totale, j'ai reconnu que l'homme est un être chez qui l'essence est précédée par l'existence, qu'il est un être libre qui ne peut, dans des circonstances diverses, que vouloir la liberté , j'ai reconnu en même temps que je ne peux vouloir que la liberté des autres. Ainsi,au nom de cette volonté de liberté, impliquée par la liberté elle même, je puis former des jugements sur ceux qui visent à se cacher la totale gratuité de leur existence, et sa totale liberté".

Sartre ne dit pas que tous visent à se cacher... il emploie bien le mot ceux, ce qui implique qu'il y a aussi, près de "ceux-là", d'autres "ceux" ceux qui ne se cachent pas la totale gratuité de leur existence ni leur totale liberté [ceux qui se cachent la totale gratuité de leur existence sont des lâches pour Sartre et les autres, ceux qui se cachent leur totale liberté sont des salauds].

Le troisième homme c'est donc celui qui ne se cache pas la totale gratuité de son existence ni sa totale liberté.

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Ce dessaisissement de soi commence avec Montaigne.

Montaigne montre que si nous ne pouvons pas supporter le dessaisissement de soi, nous pouvons nous attacher à construire le monde. L’écriture repose sur un plan strictement existentiel, celui où nous essayons de reconstruire une partie de nous pour trouver une cohérence et une substantialité. Toute vie humaine, même la plus réussie, est vouée à cet aspect chaotique, elle va nécessairement tout induire d’un point fixe, ce que traditionnellement on appelle l’être. [Qu’est la réussite ? Est-ce quelque chose qui est défini socialement d’abord ? « Qu’est-ce qu’une vie réussie ? » Luc Ferry. La réussite est une notion qui est une valeur, et comme toute valeur la question est : d’où nous évaluons ?].

 Ne cédons-nous pas à la même tentation, poursuit G. Marcel, lorsque nous pensons comprendre Cézanne ou Van Gogh au prétexte que nous avons vu une exposition qui a rassemblé les toiles de l’artiste, c’est-à-dire l’œuvre. Or, les pages qui suivent nous mettent aux prises avec un paradoxe incontournable, que nous vivons tous, et que G. Marcel appelle le mystère.

 Ce paradoxe sur lequel toute existence humaine repose, à partir duquel toute existence humaine est faite, nous pouvons le résumer de la façon suivante : 

 D’une part nous devons vivre notre vie, la dérouler dans le temps, essayer de la constituer comme œuvre, ne pas la juger, elle n’est pas forcément belle, bonne. Au sens nietzschéen si nous prenons conscience que notre vie est notre œuvre, essayons d’en faire une belle œuvre. Essayons de faire de cette existence une œuvre au sens plastique, esthétique. 
 Voilà d’un côté quelle est la contrainte qui attend toute vie humaine, ce que justement nous appelons l’existence, la vie n’est que le processus biologique qui porte l’existence.

 L’existence est ce qui est traversé par la signification, la connaissance, la créativité.

 D’autre part, paradoxe, nous constatons tous que l’œuvre n’est pas la vie, que la vie échappe à l’œuvre, et que par définition aucune œuvre ne saurait jamais totaliser une existence. L’existence refuse absolument d’être synthétisée, unifiée. C’est bien pour cela encore une fois, que nous sommes voués à vivre dans un double mystère. Ce double mystère est le mystère même de l’existence puisque toute existence est sous-tendue à ce paradoxe, et met en œuvre ce paradoxe, à la fois cette volonté de codifier, pour peut-être la contempler, la connaître, parce qu’une œuvre se donne aussi à contempler, c’est la première chose, mais en même temps le constat que tout le monde fait, sous une forme, ou sous une autre, est qu’aucune œuvre n’est de nature à totaliser notre existence.

Ce mystère de notre existence propre va être redoublé par ce que G. Marcel appelle le mystère de l’Être, sauf que l’Être lui-même est un mystère.

Toute existence est cernée par ces deux mystères. Il ne tient qu’à nous, soit de faire de notre existence un enfoncement dans les ténèbres, soit de l’illuminer par quelque chose. Pour G. Marcel c’est Dieu qui va pouvoir nous éclairer, ne pas nous laisser dans les ténèbres et nous allons peu à peu récupérer la lumière divine.Si nous ne voulons pas de cette solution, il y en a d’autres.

 Que pouvons-nous retenir de cela ?

 Nous ne pouvons nous dispenser de l’être qui confère intelligibilité à toute chose mais comprenons  que par rapport à l’être ou par rapport à ces essences, au sens platonicien du terme, l’existence des phénomènes, les phénomènes étant des  manifestations de choses existantes, ne peuvent constituer que des dégradations de cet être, autrement dit des altérations (Platon- Le sophiste. La république- Heidegger).

Platon va nous expliquer que si les choses que nous appelons sensibles ont pour nous un certain degré d’existence, c’est parce qu’elles ne sont que le reflet, à des degrés variables, de ces essences. Il faut se reporter au mythe de la caverne (République- fin du livre VI-509- et début du livre VII) où Platon explique deux choses qu’il nous faut absolument croiser.

  Si nous n’y prenons pas garde et si nous n’éduquons pas notre âme par le moyen de la philosophie, nous allons rester prisonniers d’un préjugé, d’une croyance et d’une illusion, les trois choses en même temps. Ce préjugé, cette croyance et cette illusion sont que l’existence réelle c’est l’existence matérielle et sensible des choses, c’est-à-dire que pour nous les choses n’existent que sous leur forme matérielle, leur matérialité.

 Pour nous, le monde sensible est le monde existant, et nous sommes comparables à ces malheureux prisonniers enfermés dans une caverne, enchainés, qui ne voient que des ombres défiler sur les murs de la caverne, qui ne sont que des ombres projetées de gens réels qui défilent dans cette caverne et qui sont éclairés par un feu qui brûle derrière eux mais dont ils ne connaissent rien, puisqu’ils ne peuvent pas tourner la tête. Dans cette situation ces ombres constituent la réalité.
Que se passe-t-il si quelqu’un vient délivrer un prisonnier ? Il va lui permettre de renverser les choses. Le prisonnier va découvrir qu’il y a des gens véritables qui marchent sur un petit chemin de la caverne, que ces ombres projetées qu’il voyait et qu’il croyait être la réalité, la vérité, ne sont que des ombres. Mais cela il ne peut le savoir que lorsqu’il a vu le feu qui éclaire les véritables personnes. Il comprend que ce qu’il pensait être la vérité n’est qu’une ombre, un reflet. Si on le traine dehors il va voir que ces gens qu’il voyait très mal parce que le feu ne jette pas une lumière très puissante dans cette caverne, quand il arrive à l’extérieur, il est complètement ébloui, il va peu à peu découvrir l’existence du monde extérieur illuminé par le soleil. Il va voir que ce qu’il croyait être la réalité dans la caverne ne l’est pas.
Dans la caverne il est dans un monde d’ombres et de reflets d’un monde extérieur qui est beaucoup plus vrai et beaucoup plus réel. A un certain moment celui qui va délivrer le prisonnier va, par les cheveux, lui tirer la tête le contraignant à regarder un moment le soleil. Il y a alors une analogie feu-soleil, le prisonnier va comprendre qu’il pouvait voir des ombres parce qu’il y avait le feu, cause, qui éclairait les personnages, de la même façon, il y a de la lumière qui vient du soleil qui éclaire toutes choses.
Là enfin le monde bascule. Il faut attendre tout cela pour que les choses soient totalement renversées. La métaphysique est un renversement des choses.
Ce que nous prenons au départ pour de la réalité n’est pas. Le monde sensible et le monde matériel ne sont que des reflets d’un monde beaucoup plus vrai, beaucoup plus réel, et ce monde vrai et réel qui confère une existence absolue à ces choses-là, nous ne le trouvons pas dans le sensible, nous le trouvons dans l’intelligible. A partir de ce moment le prisonnier comprend que ce qui permet d’éclairer toute chose, de rendre visible les choses, c’est le soleil. C’est le mythe du sens du vrai, du bien dans le domaine éthique.

 Seules les pures essences, le beau en soi, le pur en soi, le vrai en soi, le juste en soi..., existent véritablement, c’est-à-dire là où une essence et existence sont jointes, archétypes du sens. Les existants que nous sommes, tant les choses matérielles et sensibles, inanimées que évidemment les êtres animés et même les êtres animés possédant une âme véritable, une conscience, que nous sommes, ne sommes quand même que des reflets de ce monde purement intelligible.
Pour Platon la réalité n’est pas dans le monde réel, elle est au-delà du monde réel, transcendance, elle ne désigne que le monde des pures idées, des pures essences et ceci va décider d’une conception métaphysique du monde. En posant les choses comme cela Platon nous lègue un certain nombre de difficultés.
C’est cela la théorie de la participation. Dans cette théorie, ou au travers de cette théorie, l’existence est quelque chose de totalement défaillant.

 L’existence est par essence un moindre être. 

 Les conséquences sont très grandes puisque cela nous laissera jusqu’à maintenant la certitude, et ce sera un grand thème de l’existentialisme, que nous ne sommes jamais véritablement.

 Il y a de très belles pages dans « L’être et le néant »  le chapitre :  les relations concrètes avec autrui, sur l’amour, où Sartre dit : l’amour est ce qui nous justifie à exister, puisque nous ne pouvons pas fonder notre existence, puisque nous n’avons pas d’être. Nous allons en grignoter un peu dans l’amour que les autres nous portent. Toute ma vie je vais essayer de susciter de l’amour, d’être aimable, d’être aimé car c’est uniquement là que je vais me donner un simulacre de fondement ontologique. D’où la position très spécifique d’autrui. C’est l’autre qui me justifie pleinement. D’où l’hypothèse de l’autre dans la philosophie sartrienne, qui me tient lieu de fondement ontologique, nourrit mon narcissisme en permanence, et décide de ma liberté puisque le jugement : « je suis tel que » apparait à autrui. « Autrui est pièce maîtresse de mon univers » dira Tournier.

 Tout mon être défaillant ne peut arriver à se donner une consistance qu’à travers autrui, au travers de son regard, au travers de son jugement, puisque le regard est la métaphore du jugement, et je suis le jouet permanent des caprices d’autrui.
Il n’est pas étonnant que Sartre soit pessimiste sur les relations entre autrui et moi. Je ressens autrui comme forcément tout puissant, et craignant sa toute puissance, je suis voué face à autrui, même et surtout dans les rapports amoureux, à inventer des stratégies très sophistiquées pour essayer de faire barrage à cette emprise.

 Ce primat de l’être, cette idée que par nature toute existence est défaillante, c’est cela que les existentialistes vont trouver pour essayer de nous tirer de la métaphysique. Y arriveront-ils ? La question est posée. Ne font-ils pas dans leur analyse que tirer ultimement les conséquences de ce que traditionnellement la métaphysique nous apporte?
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