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Corriger les idées reçues ?

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Vangelis
JimmyB
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Georges Réveillac
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Vangelis a écrit:
Il convient d'abord de rechercher les origines des conflits.
Et si l'on s'en tient à Sartre, il y a de ces origines dans la rareté (Critique de la raison dialectique, tome I). Sans compter parfois de la dérive obsessionnelle et pathologique d'un être pour-soi en quête d'un absolu, c'est-à-dire d'un en-soi irréalisable.
Je suis d'accord avec vous.
A propos de la rareté, j'ajouterais que l'homme, bien souvent, veut toujours plus. En conséquence, il y toujours de la rareté. L'empire colonial français n'a pas été créé pour satisfaire les pauvres de France, mais principalement par la soif de richesses.
Dans "la dérive obsessionnelle et pathologique d'un être pour-soi en quête d'un absolu...", je crois reconnaître Napoléon, Hitler, le premier empereur de Chine, tous atteints de mégalomanie. Il faut cependant considérer que ces personnages ne pouvaient rien faire seuls, que Napoléon a même été acclamé lors de son retour de l'Ile d'Elbe. Enfin, la tendance chez l'homme à privilégier son égoïsme au moindre prétexte doit être prise en compte.

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Attention toutefois de ne pas tomber dans le psychologisme, et donc dans le relativisme. Quand Sartre parle d'en-soi irréalisable, un dieu manqué pour reprendre ses propos, il ne parle pas d'un point de vue psychologique.

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Georges Réveillac a écrit:
Que proposez-vous ?

Je propose de ne plus refouler le négatif. Mais je n'en fais pas une proposition d'ordre politique. Je ne vais pas écrire un tract et le distribuer, en faire une revendication publique. Je ne prétends pas avoir la solution, tout simplement parce que je ne crois pas que la solution puisse venir de quelques têtes, assises derrière leur bureau (syndicalistes, intellectuels, philosophes, historiens, militants). Nous vivons dans une société qui fuit, refoule le conflit. Or le conflit est l'ensemble des rapports de forces qu'il s'agit de reconnaître. Le conflit est moteur. Il permet de révéler le négatif. Une société qui refoule le conflit est une société qui va à l'affrontement.

D'autre part, pardonnez-moi de ne pas vous avoir lu correctement. Je pensais que vous niiez l'existence de la lutte des classes.

Venons-en à présent à la rareté, dont il est question avec Sartre que vous citiez, mais aussi avec Marx, car elle est en lien avec leur conception de la lutte des classes.
George Réveillac a écrit:
Je suis d'accord avec vous.
A propos de la rareté, j'ajouterais que l'homme, bien souvent, veut toujours plus. En conséquence, il y toujours de la rareté. L'empire colonial français n'a pas été créé pour satisfaire les pauvres de France, mais principalement par la soif de richesses.

Quelle métaphysique nous faites-vous là ? De même qu'on ne corrige pas les idées reçues grâce au "savoir", ou "l'éducation", le monde est actuellement en train de donner tort aux présupposés utilitaristes et matérialistes qui posent un "homme" abstrait face à une "nature" féroce. La rareté n'existe pas "en soi". C'est une construction sociale, historique. Elle n'existe pas sur le mode de la res. La rareté n'est pas une chose, c'est tout au plus un "objet", un "concept", un "résultat". La pauvreté n'est pas au commencement de l'histoire. Hegel a bien montré qu'un commencement pauvre ne saurait donner un résultat riche.

Pour en revenir à Marx, envers et contre lui, la rareté est une idéologie. Cette idéologie de la rareté met cette dernière au commencement de l'histoire, et prétend que l'homme doit lutter contre cette rareté : entendez "cette nature". Contre Marx, on voit bien que, sans ce postulat totalement arbitraire, le mensonge des économistes classiques ne tient plus debout : un néo-économisme prétend pourtant que les plans d'austérité sont inévitables, comme une tempête, face à laquelle nous ne pourrions que construire des abris, et attendre que ça passe... L'économisme est bien la théorie dominante de ce monde, prétend parler du principe de toute société. Mais on entend ça et là "que l'on n'y croit plus". Par ailleurs, l'ethnographie ou l'anthropologie ont bien montré qu'il existait des civilisations ignorant complètement la rareté, et connaissant une abondance d'activités sociales. Si elles ignoraient la rareté, ce n'est pas faute d'un "savoir" absent, comme le pense l'idéologie ethnocentriste. La prétendue rareté des biens matériels permet à la bourgeoisie d’asseoir son idéologie utilitariste (la rareté est l'essence même de l'argent), de cacher ce qui est effectivement rare et universel : le lien social, la paupérisation.

S'il convient, comme le dit Vangelis, de chercher l'origine des conflits, ce n'est pas dans un "commencement". C'est toujours dans un "résultat".
Il n'y a de rareté que de la richesse. La rareté, c'est simplement la richesse qui existe effectivement comme spectacle universel de la richesse. Non pas la richesse comme exigence personnelle de quelques possédants, héritiers, artistes, c'est-à-dire comme concept subjectif de la richesse, ou comme culture, mais comme concept objectif : c'est ça le salariat, que je sache ! L'argent qui perd ses illusions, les pauvres qui vont tâter de l'aliénation : le salariat, c'est l'unité de la sphère de l'aliénation et de l'exploitation. Au temps du vieil empire, l'aliénation (au sens de Hegel) était le triste privilège réservé au riche, l'aliénation de l'humanité ne pouvait avoir lieu que parmi les hommes : et non chez les bêtes, ou les esclaves. Quand le capital, finalement, s'empare de l'exploitation, il contraint un autre genre d'homme à rechercher l'argent. On dit à l'esclave affranchi : sois un homme, tiens, prends cet argent, travaille pour ton propre compte (sous l'Empire, qui "pratique" l'humanité ? Ce n'est pas l'esclave, c'est le maître). L'exploiteur communique alors sa soif de richesse, sa soif d'argent : le travailleur va alors tâter de "l'humanité" du maître. Le salarié est donc très bien placé pour être mécontent de la part de gâteau qu'on lui tend : le salaire, l'argent hiérarchique. Avec le salariat, l'essence de l'argent peut apparaître : rareté et utilité, mesquinerie et prosaïsme, le contraire de ce qu'il prétend être. Si son essence apparaît, ce n'est pas le fait de quelques hommes : c'est le fait d'un monde, le seul qui ait jamais existé. Le développement du salariat et la notoriété publique de sa situation n'est pas le produit de quelques têtes (sauf pour les idéologues conspirationnistes).

Edit :
Alors, on ne se demandera pas : "avez-vous des propositions à faire, compte tenu de l'urgence de la situation ?"

Vos "propositions" ne peuvent venir que "d'en haut". Sidney Lumet, dans Network, montre bien qu'un présentateur télé célèbre peut clamer autant de vérités qu'il souhaite à propos de ce monde dans son émission regardée par 60 millions de spectateurs, il se trouve tout de même à l'intérieur des appareils du spectacle : tout ce qui sort de la télévision est pourri, déjà récupéré, même si c'est vrai. La télévision ne peut parvenir à l'unité de ce qui est connu du public et de ce qui lui appartient.

On ne se demandera plus : "comment l'esprit vient aux hommes ?" Mais bien plutôt : "pourquoi ne leur vient-il plus ? Pourquoi ne parvenons-nous pas à faire l'histoire ? Comment la "misère" en tant que "propriété publique" devient-elle non-publique, ou secrète ?"

Dans le spectacle, les individus sont en opposition avec leur (la) totalité, et cette opposition s'opère par les parties du tout, malheureusement, qui paraissent isolées, mais ne le sont pas en réalité. Le spectacle est la totalité qui échappe aux individus. Les individus sont effectivement dépouillés de leur propre substance.
La réponse à la dernière question, intéressante, crève les yeux : la misère réelle est recouverte du voile de la publicité de la marchandise. La misère ne peut être rendue publique lorsque tous les moyens de publicité sont ceux de la marchandise. La circulation des marchandises a absorbé tous les moyens de publicité. L'invisibilité de la valeur (et par là même, celle de la misère) provient du développement scientifique du fétichisme.

La finalité de toute révolte (digne de ce nom) est la suivante : la pratique doit voir son action.

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Vous faites peut-être référence à Marshall Sahlins (Âge de pierre, âge d'abondance. Économie des sociétés primitives, Éd. Gallimard). Mais même celui-ci n'en donne pas qu'une représentation idéale. Il concède que ces chasseurs cueilleurs étaient contraints au nomadisme et que cela eut des répercussions au niveau démographique avec une économie ascétique. Était-ce un choix de vie ? Je ne le pense vraiment pas.
Je ne disconviens pas du fait que la rareté fut, et soit instrumentalisée, mais j'ai peine à croire qu'il exista un temps où il suffisait de se baisser pour vivre. Donc c'est pour moi à la fois un commencement et un résultat.

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Vangelis a écrit:
Vous faites peut être référence à Marshall Sahlins

Non point. Chez Sahlins, tout comme chez Marx au demeurant, le postulat économique est le suivant : l'homme doit subvenir à ses besoins.
Quelle triste vie ! Voilà une triste conception de la vie humaine. Le problème vient de ce postulat, de leur conception abstraite du travail. C'est une conception d'un travail bestial, borné, un postulat totalement arbitraire. Que doit faire l'homme pour subvenir à ses besoins ? Réponse de leur part : il doit chasser : c'est encore répondre dans l'abstraction. Avant que de chasser, l'homme doit communiquer, il doit être reconnu. Ainsi, plutôt que de parler de "travail" et "d'économie", je préfère parler de "commerce" et de "communication". Le préjugé utilitariste de cette conception du travail nous demande, benoîtement : "il faut bien vivre, n'est-ce pas ?", entendez : "il faut bien manger, n'est-ce pas ?" : alors vous mangerez à la sueur de votre front.

Ainsi, Marx, Sahlins, vous, et bien d'autres (...) faites du travail l'essence humaine ! Et moi, je touche mon RSA : au moins, je suis sûr de ne pas me faire suicider par France Telecom... C'est une boutade. Plus sérieusement, faisant du travail l'essence humaine, Marx et d'autres ne voient pas ce que le monde est réellement devenu : une activité des choses, ces choses qui ont de l'esprit, c'est leur divin privilège que nous leurs accordons, malgré nous. Cet "esprit", c'est la "valeur".

L'ethnographie de Sahlins se place au point de vue de l'économie, il veut seulement prouver que les chasseurs cueilleurs travaillent peu.
Cette conception du travail est bornée, elle propose l'idée d'un travail bestial qui ne raffine rien, ne calcule rien, ne différencie rien, n'identifie rien, c'est un négatif lui-même borné. La négativité de l’animal est incapable de se raffiner elle-même. C'est en cela que "l'homme est le genre de tous les animaux" comme disait Marx. Dans la Phénoménologie de l'esprit, Hegel nous explique que "tous les animaux" est un simple "concept", tandis que "tous les hommes" est à la fois "concept" et "chose" : le monde (humain) n'a donc point besoin d'être pensé pour exister, ce qui n'est pas le cas des animaux. Et, s'il est besoin de le rappeler, d'un point de vue strictement philosophique, vous ne pouvez pas prétendre qu'un monde existait avant nous, ni que des espèces nous survivrons, sauf en tant que moraliste, car de facto, vous ne serez pas là pour nous le prouver (preuve par l'absurde...).

Contrairement à Marx, Hegel ne reconnaît que le travail intellectuel, le travail abstrait. Marx, lui, non content de cela, veut des travaux concrets mais il ne conçoit pas la réalité comme activité générique (c’est-à-dire comme relation de l’individu et de son genre)  comme activité proprement humaine. Marx veut des travaux concrets, réellement distincts des travaux mentaux : il ne conçoit pas cependant l’activité humaine elle-même comme activité révélant le négatif, comme activité consciente. Il ne considère donc dans la plupart de son œuvre, comme vraiment humain, que le comportement laborieux, tandis que la pratique n’y est conçue et définie que dans sa manifestation animale sordide.

Vangelis a écrit:
Était-ce un choix de vie ? Je ne le pense vraiment pas.

Je ne le pense pas non plus. Et cela ne vous permet pas de faire de la "rareté" le substrat que vous entendez. Cela ne vous permet pas de dire que la "rareté" existe de tout temps. Votre conception de la rareté est issue de votre conception abstraite du "travail" et de la "nature", c'est-à-dire de l'homme.

Vangelis a écrit:
Je ne disconviens pas du fait que la rareté fût, et soit instrumentalisée, mais j'ai peine à croire qu'il existât un temps où il suffisait de se baisser pour vivre. Donc c'est pour moi à la fois un commencement et un résultat.

Je vous recommande La monnaie entre violence et confiance, de Michel Aglietta et André Orléans.
Vous parlez de Sahlins et son étude sur les chasseurs cueilleurs : parlons-en ! Malgré ses préjugés, l'auteur montre bien que (malgré des conditions de vie que nous qualifierions aujourd'hui de "modestes" et "d'ascétiques" comme vous le faites en moraliste) cette société ne connaissait ni la faim, ni la rareté, et vivait dans l'abondance. C'est dans nos sociétés que la rareté s'impose effectivement comme une puissance autonome : une puissance qui existe comme résultat de l'opposition entre les individus et la totalité. Les chasseurs-collecteurs n’ont pas bridé leurs instincts matérialistes ; ils n’en ont simplement pas fait une institution. Le seul souci de ces individus, c'était l'humanité. Ils n'avaient pas de "besoins". Cela, c'est nous, modernes. Le besoin n'existe pas "en soi". Vous en faites pourtant un substrat.

Vous avez de la peine à le croire, parce que vous vivez dans une époque où il suffit d'aller dans une grande boîte immense, avec votre voiture (un supermarché), de marcher dans des rayons, puis de sortir un billet vert, de le tendre à la main d'un autre, afin de repartir avec vos courses sur lesquelles  il y a beaucoup d'étiquettes (avez-vous des étiquettes chez les papous ?) et tout cela, sans desserrer les lèvres : c'est la magie de l'argent, de la division sociale du travail et du commerce. Pourtant, vous ne pouvez pas affirmer sans vous tromper que la rareté existait tant qu'elle n'était pas conçue en tant que telle. La rareté et le besoin forment la condition de l'homme moderne, ils n'existent pas de tout temps.

Vous ne me comprenez pas. Je ne dis pas que la rareté "fut". Je dis qu'elle existe.

La rareté ne fut pas. Elle est. Mais comme "résultat", plus précisément comme "idéologie". La rareté existe aujourd'hui, mais pas comme le pensent le matérialisme et l'utilitarisme marxien ou sartrien. La rareté existe parce que le salariat et l'argent existent. Celui qui manque d'argent manque de tout. Jusqu’à présent, les révolutions furent des changements de maître. Avec la faillite de l’exploitation, c’est la totalité de l’humanité qui est expropriée de son humanité. La totalité est malade d’elle-même. L’humanité comme unité négative, comme unité de l’inhumain, est accomplie. Avec la faillite avérée des maîtres, l’humanité s’est gâté toute satisfaction partielle. La publicité achevée comme idée objective s’est retirée de tous les secteurs de la vie. C’est le devenir monde de l’argent, le devenir monde de la rareté, la rareté absolue. C’est seulement quand tout existe que l’homme peut être privé de tout. Dans la société du spectacle, le spectateur est une pure subjectivité, pauvreté absolue sans mains, sans yeux, ni oreilles, ni rien ; mais la chose qui lui fait face est l’idée de la véritable communauté : il cherche à la dévorer, mais c’est elle qui le dévore. La société du spectacle est la pure subjectivité et la pure objectivité qui se font face enfin.

Je ne dis pas "qu'il suffisait de se baisser pour vivre" : on voit, là encore, votre conception du travail.

Marshall Sahlins a encore tous les préjugés utilitaristes et matérialistes de la morale économique. L’observateur autochtone est si bête et si borné, il a tellement oublié ce qu’est l’acte générique, la reconnaissance pratique, l’activité proprement humaine, il est tellement occupé à lire le Nouvel Observateur, qu’il ne peut même pas remarquer (pour s’en scandaliser) que ce qui constitue l’humanité proprement dite est, dans son monde, la propriété et l’activité des choses. L’observateur autochtone est tellement dénué d’esprit qu’il ne peut évidemment pas remarquer que les choses en ont. On imagine par contre, l’étonnement d’un observateur papou constatant que, dans nos contrées civilisées, il suffit de sortir un petit disque de métal ou une petite feuille de papier de sa poche, voire de faire un petit gribouillis sur du papier, pour échanger, je le redis, sans desserrer les lèvres. On imagine sa stupeur devant le contraste entre le mutisme des habitants de ces étranges contrées et le bavardage incessant des marchandises. Son étonnement et son indignation, puisque dans son pays, les minutieux échanges kula demandent jusqu’à trois semaines de bavardage, après une expédition en haute mer qui peut durer un mois, et une préparation qui en demande plusieurs. Le tout dans une orgie de bavardage. Dans nos pays, patrie de l’ennui, les objets sont prééchangés. Tous les échanges possibles sont déjà réalisés en pensée et cette pensée n’est plus le patrimoine, la noble tradition d’un peuple, mais le patrimoine et la tradition des choses. De même la réalisation de cette pensée n’est plus l’activité d’un chef de noble lignage dont les qualités individuelles, l’audace, l’habileté, la beauté, la séduction, sont justement renommées. Cette réalisation est le fait d’une chose. Pensée et activité sont la propriété des produits du travail eux-mêmes, pensée et activité sont des facultés des choses. "Valeur" est le mot qui désigne ce qu’il y a de magique dans la marchandise. "Valeur" désigne l’abstraction pratique, efficace, sociale (qui ailleurs est noble activité humaine) de tout ce qu’il y a de particulier dans les produits du travail. Cette abstraction réelle, cette action mystérieuse est une propriété des produits du travail. Les produits ont de la valeur. Les produits ont du mana.

Il n'y a que "nous" qui, vivant dans le confort de l'urbanité, pouvons dire que les "sauvages" affrontaient une nature féroce. S'il y eut jadis pour des hommes un travail bestial et borné (chasser, brouter), cela ne nous permet pas d'affirmer que ce que nous appelons "famine", par exemple (due à des conditions de vie réelles) était "vécue" comme nous pourrions en avoir l'idée aujourd'hui. Le travail n'est une torture que pour l'homme moderne. Il est soumis au travail abstrait (au sens de Marx) le travail pré-supprimé, le travail supprimé (aufheben) avant que d’exister, le travail à qui n’appartient pas sa propre suppression, le travail salarié. Ainsi, à produits du travail pré-échangés, travail pré-supprimé. Marx dit dans Le Capital : "Si les marchandises pouvaient parler..." alors qu’elles ne font que ça. Elles ont confisqué toute la pensée et toute la parole au détriment de la pensée et du bavardage des hommes. Cela montre bien comment Marx tourne le dos à la réalité.
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