Je vous remercie de me donner l'occasion de disputer sur ce sujet, car il permet d'aller fort loin en philosophie. Effectivement, je n'entends pas le mot valeur autrement que par référence à ce qui est préférable à autre chose. A partir du moment où l'on admet que la vie humaine, et peut-être la vie elle-même, se définit par une exigence de valeur (goûts, capacités, connaissance, etc.), tout est potentiellement source de valeur. La rosée n'est valeur que pour les plantes qu'elle arrose à l'aube, mais peut devenir valeur pour l'être humain s'il trouve un ingénieux système pour recueillir les gouttes de rosée et s'en servir pour arroser son propre potager. A ce titre, les valeurs techniques, intellectuelles et culturelles apparaissent comme primordiales dans le développement de l'humanité.
Maintenant, quant à penser que la notion de valeur ne dépasse pas le cadre d'un simple nominalisme me semble contraire à la réalité puisque c'est bien la réalité qui devient préférable dans l'accomplissement de certains choix. Que nous disions "valeur" ou "prix", voire "bien" comme diraient les Anciens, nous nous référons toujours à ce qui, dans la réalité, est préférable à autre chose.
Et puisque toutes les valeurs sont préférables relativement à celui qui les considère comme telles, les valeurs ont toujours une origine affective dans le sens où ce qui apparaît comme préférable à un sujet l'affecte toujours plus qu'autre chose ; qu'il s'agisse de la beauté d'une femme, d'un paysage, ou même d'une idée. Les idées de moindre valeur nous frappent moins que celles qui en ont plus.
Mais peut-être faudrait-il que nous scindions en deux l'objet de notre discussion : qu'est-ce qu'une valeur et quelle est l'origine des valeurs ?