Raté, je ne veux jouer à un jeu que si je le trouve amusant... :) ...liberté.
Ce n'est pas ce que dit Spinoza. Ce n'est pas un détail : "et ce sont ces passions qui nous expliquent les affects de joie et de tristesse "Mais s'il est affecté d'une passion (diminution de puissance),
J'ajoute aujourd'hui : "... limité par ce que, en toute conscience, je veux bien concéder à l’Autre".Un illusoire libre arbitre ?
Dans libre arbitre il y a libre et arbitre. S’il y a réellement un arbitre il faut bien qu’il y ait deux instances car on ne peut pas être à la fois juge et partie. L’arbitre est hors du jeu, il ne joue pas la partie, il surveille, compte les points et décerne les médailles. Si je possède un libre arbitre cela suppose donc qu’il y a deux « moi » en moi, et si je suis libre quand j’agis c’est que je suis par ailleurs et en même temps cet arbitre indépendant qui juge. Tout cela nous conduit aux divisions du moi (celui qui dit « je ») entre un ça inconscient et un surmoi tel qu’explicité par la psychanalyse, cette espèce d’arbitre en relation avec l’extérieur, qui juge, sans doute car il connaît bien le règlement mais aussi avec une certaine objectivité nécessaire pour juger en toute impartialité. Le « surmoi » est aussi ce frein nourri d’ordre et de Raison, qui puise ses structures vers l’extérieur, et qui empêche mes pulsions intérieures d’aller dans des sens capricieux. Il est ce régulateur qui calme les forces inconscientes et désordonnées de mon ça, dont je risque d’être prisonnier faute d’être capable de les discerner et de les maîtriser. Il en découle que l’objectivité de cet arbitre dont dépend ma liberté provient de l’extérieur, de cette société seule en mesure de construire des règles claires et des normes en utilisant les repères de valeur fournis par le groupe, contrairement à l’obscurité chaotique d’une seule intimité profonde, qui faute d’arbitre et livrée à elle-même ne peut se nourrir que d’arbitraire.
J’en déduis que ma liberté ne peut pas dépendre que de moi. Il faut me résoudre à admettre que mon libre arbitre est forcément limité...
Philippe Jovi a écrit:C'est très intéressant. Vous faites fond sur la notion freudienne d'Ichspaltung (littéralement "clivage du je") pour problématiser la notion de "libre arbitre". Juste une petite remarque étymologique : le terme "libre arbitre" est la traduction littérale du latin liberum arbitrium qui ne signifie pas "arbitre libre" mais "choix libre" (en latin, "choisir" se dit arbitrari). Mais cela n'enlève rien à la pertinence de votre propos.