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Critique de la raison pure

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aliochaverkiev
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descriptionCritique de la raison pure - Page 7 EmptyRe: Critique de la raison pure

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descriptionCritique de la raison pure - Page 7 EmptyRe: Critique de la raison pure

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Début de l'étude de la préface à la seconde édition de la Critique de la raison pure. (page 73 à 77, opus cité).

Kant relève que la métaphysique n'a pas su acquérir le caractère d'une science en raison de son incapacité à conduire à des méthodes et des connaissances reconnues par tous. A cet égard la métaphysique réfère à un simple tâtonnement plutôt qu'à une science.
Il cite des domaines de réflexion qui ont su se fonder en sciences : la logique, la mathématique et la physique. Notons qu'il appelle science tout domaine de connaissance où "il y a de la raison".
Ces sciences ont su définir leur objet (connaissance théorique) et ont su rendre effectif leur objet (connaissance pratique).
Pourquoi la métaphysique ne parvient-elle pas à se fonder en science?

Définition de la métaphysique : "connaissance spéculative de la raison pure s'élevant au-dessus de l'expérience par purs concepts" (source : La vocabulaire de Kant, Jean-Marie Vaysse, collection Ellipses, page 67).
Ce qu'il faut retenir de cette définition  c'est que la métaphysique est un mode de connaissance qui ne réfère pas à l'expérience, à l'observation d'un objet réel, concret, observable. Kant, page 76 : "la métaphysique....s'élève entièrement au-dessus de l'enseignement de l'expérience, et cela par de simples concepts" concepts entendus ici sous le sens de concepts purs.
La raison pure désigne la raison lorsqu'elle s'exerce en dehors de toute expérience, de toute référence à l'observation; elle est ainsi en action de "manière pure" dans la logique ou encore dans la mathématique; mais elle n'est pas totalement "pure" en physique, domaine dans lequel elle n'intervient en  tant que raison pure que dans certains cas, par exemple la définition, la "pose" de principes comme par exemple le principe de la conservation de l'énergie (notons que le principe de la conservation de la quantité de force, expression employée semble t il par Kant, puis reprise par Rivelaygue et Ferry ne veut rien dire en physique, la quantité de force est une expression non opératoire, ce qui en revanche a un sens, en physique, ce sont les principes suivants : conservation de la quantité d'énergie, conservation de la quantité de mouvement, conservation du moment cinétique, etc...mais pas la conservation de la quantité de force).
Le concept pur est également un concept conçu en dehors de toute expérience réelle ou possible. L'âme par exemple est un concept auquel il est impossible d'associer  un quelconque objet observable. Ces concepts purs sont aussi appelés Idées (Luc Ferry, Kant, page 35) en tant qu'opération par excellence de la métaphysique. Pour certains physiciens contemporains la métaphysique ne pourra jamais se constituer en science justement par qu'elle ne réfère pas à l'expérience. 
Notons la différence avec le concept empirique, déjà défini, construit lui sur l'observation du particulier, d'un objet particulier. 
Pour le profane, cette séparation que je viens de faire entre concept pur et concept empirique est une opération de la raison pure qui consiste à séparer, puis à comparer voire à opposer des concepts, des objets, des éléments, etc.
L'adjectif "spéculatif" employé plus haut qualifie toute activité mentale qui se limite à la théorie, sans souci de la pratique, de l'expérience.

descriptionCritique de la raison pure - Page 7 EmptyRe: Critique de la raison pure

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(Suite de l'étude de la préface, page 77 à 80)
 
La raison pour laquelle la métaphysique ne parvient pas à se fonder en sciences Kant l'explique ainsi : les métaphysiciens ne parviennent pas à se mettre d'accord sur leurs finalités ni surtout sur leurs méthodes de travail. Du coup, page 77 : "la métaphysique est une arène qui semble tout spécialement destinée à ce que l'on exerce ses forces en des jeux de lutte". La métaphysique jeu de pouvoir? C'est le jugement de beaucoup de personnes qui voient dans la métaphysique un rapport de force : il s'agit de s'emparer du logos, du verbe  et d'en faire un instrument de domination. Pascal Bruckner (dans Marianne, n° 493 septembre-octobre 2006, page 71) "Celui qui s'empare du langage s'empare du pouvoir".

Kant s'interroge sur les raisons qui ont permis à la mathématique et la physique de se fonder en sciences et dans cette interrogation il espère trouver des pistes qui  permettent (par analogie) à la métaphysique elle-même de se fonder en science.
Il considère que la raison pour laquelle ces deux sciences précitées ont acquis leur statut provient de ce renversement complet de perspective :
     ne plus régler la connaissance sur l'objet mais l'objet sur la connaissance.
Ce renversement total de perspective entraîne des bouleversements importants dans la définition de l'objet, mais aussi conduit l'esprit à s'intéresser à la structure de la connaissance. Kant identifie dans cette structure l'existence de concepts a priori, de concepts purs.
Souvenons nous de la définition de la métaphysique : il s'agit d'une connaissance qui s'appuie sur des concepts purs, des concepts a priori.
Nous pouvons alors identifier là un objet précis qui entre dans le domaine de compétence de la métaphysique et qui lui promet dès lors qu'elle ne s'occupe que des concepts a priori (concepts purs) la voie sûre d'une science.

Bien entendu toutes ces notions et modes de pensée nouvelles décrites ci-dessus vont faire l'objet d'explications et de développements dans le corps de l'œuvre de Kant, il ne s'agit là que d'une préface qui tend à dévoiler quelques aspects futurs des développements à suivre.

Définition de l' a priori (la vocabulaire de Kant, opus cité) : 
"Est dit a priori ou pur ce qui ne dérive pas de l'expérience, par opposition à a posteriori, synonyme d'empirique."

descriptionCritique de la raison pure - Page 7 EmptyRe: Critique de la raison pure

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Mais la métaphysique n'a pas pour seule ambition de s'intéresser aux seuls concepts a priori! Elle est mue par la raison pure, la raison spéculative qui, remontant de cause en cause, veut toujours trouver la cause première. Elle veut trouver l'inconditionné, c'est-à-dire la cause qui ne dépendrait plus elle-même d'aucune cause. 

Cette tension, cette ambition porte la métaphysique à aller au-delà de l'expérience possible, au delà de tous les phénomènes. C'est là que tous les problèmes commencent, car développer des concepts, développer des idées (opération de la métaphysique selon l'expression de Luc Ferry) dont l'existence n'est attestée par aucune réalité observable, c'est un saut dans l'arbitraire (d'où l'arène dont parle Kant où les métaphysiciens s'affrontent). 

Kant pourtant reconnaît une utilité pratique à cette ambition de la raison spéculative. Nous verrons en quoi cette "tension"  se révèle utile en sciences physiques par exemple. Kant donne d'ailleurs un exemple en note au bas de la page 80, qui consiste en ceci : en recherchant une cause de faits observés, hors des causes usuelles reconnues, en se projetant au-delà de l'expérience et du sensible, le physicien peut trouver une cause qui va pouvoir rendre compte des phénomènes observés. Nous pouvons donner l'exemple connu de Newton et son concept de force; lorsque son livre "Principia"  parut, nombreux furent ceux qui se gaussèrent de ce concept de force, qui fut considéré comme une simple idée métphysique, sans aucune réalité. Pourtant cette idée est aujourd'hui communément utilisée dans l'enseignement de la mécanique. Pour autant, est-ce que la force existe? A-t-elle une existence qui soit du même ordre que l'existence d'un objet (au sens où le physicien entend ce mot)? Il est parfois cocasse d'assister à certains cours en fac. Un professeur un peu espiègle, trace la trajectoire d'un astronef dans l'espace sur le tableau, puis décrit  la modification de la trajectoire de cet astronef et pose la question "Quelle est la cause de la modification de la trajectoire?" Les étudiants se rappellent leur cours : la modification d'une trajectoire est due à une accélération, donc à une force, et tous de chercher la force...où est la force? Rire de l'enseignant! "Mais ça n'existe pas en soi une force! si vous voyez qu'une trajectoire est modifiée...alors dites-vous aussitôt qu'un autre objet est apparu au voisinage de l'astronef, que c'est la présence de cet objet qui a provoqué la modification de la trajectoire, ne cherchez surtout pas la force! La force est un concept vide, idéel qui ne fait qu'exprimer, dire une relation pratique, une relation entre deux objets". Ainsi une idée, produit pur de la métaphysique est pourtant nécessaire à l'esprit humain (au moins au physicien) pour comprendre ou figurer dans son esprit les causes de la modification de la trajectoire de l'astronef. (Notons que Kant semble croire dans l'existence de la  force dans sa note de la page 80 ; nous dirions aujourd'hui que la force "est" mais qu'elle n'existe" pas, elle "est" comme objet de la pensée, mais elle n'"existe" pas comme objet observable.

descriptionCritique de la raison pure - Page 7 EmptyRe: Critique de la raison pure

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aliochaverkiev a écrit:
Mais la métaphysique n'a pas pour seule ambition de s'intéresser aux seuls concepts a priori! Elle est mue par la raison pure, la raison spéculative qui, remontant de cause en cause, veut toujours trouver la cause première. Elle veut trouver l'inconditionné, c'est-à-dire la cause qui ne dépendrait plus elle-même d'aucune cause. 

Cette tension, cette ambition porte la métaphysique à aller au-delà de l'expérience possible, au delà de tous les phénomènes. C'est là que tous les problèmes commencent, car développer des concepts, développer des idées (opération de la métaphysique selon l'expression de Luc Ferry) dont l'existence n'est attestée par aucune réalité observable, c'est un saut dans l'arbitraire (d'où l'arène dont parle Kant où les métaphysiciens s'affrontent). 

Kant pourtant reconnaît une utilité pratique à cette ambition de la raison spéculative. Nous verrons en quoi cette "tension"  se révèle utile en sciences physiques par exemple. Kant donne d'ailleurs un exemple en note au bas de la page 80, qui consiste en ceci : en recherchant une cause de faits observés, hors des causes usuelles reconnues, en se projetant au-delà de l'expérience et du sensible, le physicien peut trouver une cause qui va pouvoir rendre compte des phénomènes observés. Nous pouvons donner l'exemple connu de Newton et son concept de force; lorsque son livre "Principia"  parut, nombreux furent ceux qui se gaussèrent de ce concept de force, qui fut considéré comme une simple idée métphysique, sans aucune réalité. Pourtant cette idée est aujourd'hui communément utilisée dans l'enseignement de la mécanique. Pour autant, est-ce que la force existe? A-t-elle une existence qui soit du même ordre que l'existence d'un objet (au sens où le physicien entend ce mot)? Il est parfois cocasse d'assister à certains cours en fac. Un professeur un peu espiègle, trace la trajectoire d'un astronef dans l'espace sur le tableau, puis décrit  la modification de la trajectoire de cet astronef et pose la question "Quelle est la cause de la modification de la trajectoire?" Les étudiants se rappellent leur cours : la modification d'une trajectoire est due à une accélération, donc à une force, et tous de chercher la force...où est la force? Rire de l'enseignant! "Mais ça n'existe pas en soi une force! si vous voyez qu'une trajectoire est modifiée...alors dites-vous aussitôt qu'un autre objet est apparu au voisinage de l'astronef, que c'est la présence de cet objet qui a provoqué la modification de la trajectoire, ne cherchez surtout pas la force! La force est un concept vide, idéel qui ne fait qu'exprimer, dire une relation pratique, une relation entre deux objets". Ainsi une idée, produit pur de la métaphysique est pourtant nécessaire à l'esprit humain (au moins au physicien) pour comprendre ou figurer dans son esprit les causes de la modification de la trajectoire de l'astronef. (Notons que Kant semble croire dans l'existence de la  force dans sa note de la page 80 ; nous dirions aujourd'hui que la force "est" mais qu'elle n'existe" pas, elle "est" comme objet de la pensée, mais elle n'"existe" pas comme objet observable.

Bien entendu les concepts "expérience possible" et "phénomènes" non définis ici,  le seront dans l'œuvre de Kant.
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