A la lecture du premier post de ce fil, j'ai cru apercevoir la problématique que pose Nietzsche avec la notion de "métonymie" (et de sauts qualitatifs dans l'interprétation des rapports qu’entretiennent les objets (?)).
laurent75 a écrit:Dans un cas, on est dans le concept et dans l'autre dans la matière, et pourtant dans le texte, on utilise à chaque fois le même terme et le choix d'une compréhension suivant un sens ou l'autre n'est pas conscient et peut même être personnel, subjectif, sans changer cependant la compréhension de ce qui est exprimé.
C'est assez étonnant, je trouve, et ça me paraît une démonstration assez explicite, que nous n'appréhendons pas le réel en soi, mais toujours au travers de notre pensée qui crée avant tout des concepts (ici comme celui de structure, agencement).
A-t-on déjà présenté les choses ainsi dans la philosophie ou la linguistique ?, je serais intéressé pour lire éventuellement des choses sur le sujet, si ce point a déjà été évoqué (comme j'imagine, mais pas sûr).
Mais les entités fictives sont liés aux entités réelles, je cite :Bentham définit ainsi une entité réelle : « Une entité réelle est une entité à laquelle, à l’occasion et pour le but du discours, on entend réellement attribuer l’existence » (Bentham, 1997 : p. 165).
L’entité fictive, quant à elle, est définie de la façon suivante : « Une entité fictive est une entité à laquelle on n’entend pas attribuer en vérité et en réalité l’existence, quoique, par la forme grammaticale du discours que l’on emploie lorsqu’on parle d’elle, on la lui attribue » (Bentham, 1997 : p. 165).
Et on trouve à la suite cet exemple :La typologie benthamienne vise à établir une classification du réel et, à ce titre, il lui est nécessaire de penser les rapports entre entités fictives et entités réelles.
C’est ainsi qu’il élabore l’idée d’ordre, de gradation des entités fictives. Chaque entité fictive entretient une relation de premier, deuxième, n ordre avec une entité réelle en fonction de son degré de relation avec cette dernière
Ainsi, lorsque Bentham prend l’exemple du mouvement, il explique que l’on peut rapporter l’événement qui concerne une entité réelle en disant qu’un corps se meut. Cette expression verbale prend la forme du substantif « mouvement » qui, par ce passage du verbe au substantif, devient une entité fictive de premier ordre.
Christian Laval, « Jeremy Bentham : le pouvoir des fictions a écrit:Contre Condillac, à qui il reproche d’avoir dans sa Logique donné à l’ « analyse » le seul rôle dans la création de la langue, Bentham veut montrer que se sont noués de façon indissociable deux processus : un processus analytique et un processus synthétique. Cette dualité va montrer aussi comment le langage, dès le début, fait coexister les deux types d’entités. L’être humain a immédiatement affaire, dans ses rapports au monde, à des « agrégats physiques » qu’une analyse logique primitive ou primordiale va décomposer en éléments plus simples : en fonction des besoins ou d’une attention esthétique particulière (Bentham prend l’exemple d’une jeune fille détachant une fleur à l’odeur et à la couleur particulièrement agréables de l’agrégat physique « plante »), l’être humain donne des noms propres à ces parties de matière. Ces noms propres deviennent des noms communs lorsqu’ils viennent à signifier des objets sensibles ayant, à première vue, la même apparence. Il y a là processus synthétique ou agrégation, car le nom est devenu un « agrégat logique » pouvant rassembler des objets ressemblants. La fleur ne désigne plus, comme nom propre, une entité réelle singulière, mais peut désigner un grand nombre d’entités réelles ayant des caractéristiques communes
La fleur ne désigne plus, comme nom propre, une entité réelle singulière, mais peut désigner un grand nombre d’entités réelles ayant des caractéristiques communes