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Une propriété du langage.

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Dienekes
Crosswind
Zingaro
laurent75
8 participants

descriptionUne propriété du langage. - Page 8 EmptyRe: Une propriété du langage.

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A la lecture du premier post de ce fil, j'ai cru apercevoir la problématique que pose Nietzsche avec la notion de "métonymie" (et de sauts qualitatifs dans l'interprétation des rapports qu’entretiennent les objets (?)).

descriptionUne propriété du langage. - Page 8 EmptyRe: Une propriété du langage.

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laurent75 a écrit:
Dans un cas, on est dans le concept et dans l'autre dans la matière, et pourtant dans le texte, on utilise à chaque fois le même terme et le choix d'une compréhension suivant un sens ou l'autre n'est pas conscient et peut même être personnel, subjectif, sans changer cependant la compréhension de ce qui est exprimé.

C'est assez étonnant, je trouve, et ça me paraît une démonstration assez explicite, que nous n'appréhendons pas le réel en soi, mais toujours au travers de notre pensée qui crée avant tout des concepts (ici comme celui de structure, agencement).

A-t-on déjà présenté les choses ainsi dans la philosophie ou la linguistique ?, je serais intéressé pour lire éventuellement des choses sur le sujet, si ce point a déjà été évoqué (comme j'imagine, mais pas sûr).

C'est-à-dire que nous appréhendons le réel en soi, sauf que nous avons le réflexe acquis de formaliser cette appréhension, puisque nous sommes des êtres de communication, ou sociaux, ce qui revient au même. Nous formalisons d'abord pour nous-mêmes ce que nous appréhendons, dans cet espèce de dialogue intérieur qui tisse constamment le fil de notre pensée, puis nous formalisons pour les autres, lorsque cela est nécessaire, lorsque le besoin de communiquer se présente concrètement. Mais bref, si nous sommes d'abord inéluctablement en contact avec le réel, nous nous retrouvons rapidement empêtrés dans les "filets du langage", dans tout ce réseau de significations que les mots et les concepts recoupent - car ceux-ci ne fonctionnent pas de manière unitaire, mais se constituent plutôt en une sorte de toile où tous les éléments sont interreliés.

En conséquence de quoi le travail langagier se décline en deux niveaux: le premier concernant l'usage à proprement parler du langage pour la vie active, courante, tandis que l'autre niveau de travail langagier consiste en une perpétuelle discussion quant à la cohérence ou quant aux liens que devraient avoir les mots et les concepts. C'est ici que le travail philosophique se situe. Le philosophe part de son appréhension du réel et s'élève progressivement au travers des filets du langage et relève en cours de route les problèmes de cohérence, les ambiguïtés dans les liens, ou encore il travaille carrément à opérer une certaine subversion dans l'ordre admis du langage. De même pour le scientifique ou même pour l'artiste.

La discussion langagière de deuxième niveau peut acquérir une telle ampleur, ou une telle profondeur, ou une telle hauteur, qu'on jurerait que la réalité s'y dédouble - comme le croyait le "divin Platon", qui était convaincu que les concepts avaient une existence en soi. Mais cette discussion reste une discussion dont le fil - bien que parfois ténu - est immanquablement lié à l'appréhension du réel. Et lorsqu'on ne sent plus ce lien, on dit qu'il s'agit d'un discours abstrus ou qu'il s'agit de pelletage de nuage ou de blabla inutile.

descriptionUne propriété du langage. - Page 8 EmptyRe: Une propriété du langage.

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Merci à vous Leyland (sans ironie) pour me dire la vérité, à la fois que je suis proche du blabla, mais que j'arrive tout de même à m'en extraire. Je pense souscrire aussi.

Sinon, pour le sujet de la discussion, je me permets de vous soumettre aussi quelque chose qui me semble être un angle d'approche intéressant par rapport à ma question.

Il s'agit de la théorie des fictions de Bentham, que j'ai notamment un peu découvert à travers cet article http://www.dicopo.fr/spip.php?article119

Bentham définit ainsi une entité réelle : « Une entité réelle est une entité à laquelle, à l’occasion et pour le but du discours, on entend réellement attribuer l’existence » (Bentham, 1997 : p. 165).

L’entité fictive, quant à elle, est définie de la façon suivante : « Une entité fictive est une entité à laquelle on n’entend pas attribuer en vérité et en réalité l’existence, quoique, par la forme grammaticale du discours que l’on emploie lorsqu’on parle d’elle, on la lui attribue » (Bentham, 1997 : p. 165).
Mais les entités fictives sont liés aux entités réelles, je cite :
La typologie benthamienne vise à établir une classification du réel et, à ce titre, il lui est nécessaire de penser les rapports entre entités fictives et entités réelles.

C’est ainsi qu’il élabore l’idée d’ordre, de gradation des entités fictives. Chaque entité fictive entretient une relation de premier, deuxième, n ordre avec une entité réelle en fonction de son degré de relation avec cette dernière
Et on trouve à la suite cet exemple :
Ainsi, lorsque Bentham prend l’exemple du mouvement, il explique que l’on peut rapporter l’événement qui concerne une entité réelle en disant qu’un corps se meut. Cette expression verbale prend la forme du substantif « mouvement » qui, par ce passage du verbe au substantif, devient une entité fictive de premier ordre.

Le mouvement est donc une entité fictive, mais on peut aussi utiliser ce terme "comme si" il était réel, c'est-à-dire en désignant une occurrence de l'événement : quelque chose se meut ou s'est mu réellement (dans la réalité).

Dans un de mes exemples, pareillement au cadre de la théorie de Bentham : il y a ainsi la molécule de CO2 comme instance, entité réelle et la molécule de CO2 en tant qu'universel, si j'ai bien compris, une entité fictive (de 1er niveau).

Il y a d'autres passages dans ce même paragraphe de cet article qui sont intéressants et en lien avec ce que je dis ici et au final ça ressemble très fortement à l'idée que j'exprime ici mais il faudrait que je me procure l'ouvrage de Bentham ou un article plus spécifique et détaillé sur sa théorie des fictions afin de confirmer ou non si vraiment ma compréhension est bonne, car il est vrai que j'ai peut-être été trop prêt de ma vision des choses pour comprendre et interpréter Bentham à travers l'article que j'ai donné.

descriptionUne propriété du langage. - Page 8 EmptyRe: Une propriété du langage.

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Les écrits de Bentham étant assez difficilement exploitables directement, j'ai dû aller voir dans les ouvrages qui rendent plus accessible sa pensée.

Voici un extrait d'une analyse sur Bentham, qui confirme bien que mon point est bien exactement celui soulevé par Bentham dans le cadre des entités fictives, jusqu'à même retrouver le mot "singulier" sur lequel est fortement basé mon point :
Christian Laval, « Jeremy Bentham : le pouvoir des fictions a écrit:
Contre Condillac, à qui il reproche d’avoir dans sa Logique donné à l’ « analyse » le seul rôle dans la création de la langue, Bentham veut montrer que se sont noués de façon indissociable deux processus : un processus analytique et un processus synthétique. Cette dualité va montrer aussi comment le langage, dès le début, fait coexister les deux types d’entités. L’être humain a immédiatement affaire, dans ses rapports au monde, à des « agrégats physiques » qu’une analyse logique primitive ou primordiale va décomposer en éléments plus simples : en fonction des besoins ou d’une attention esthétique particulière (Bentham prend l’exemple d’une jeune fille détachant une fleur à l’odeur et à la couleur particulièrement agréables de l’agrégat physique « plante »), l’être humain donne des noms propres à ces parties de matière. Ces noms propres deviennent des noms communs lorsqu’ils viennent à signifier des objets sensibles ayant, à première vue, la même apparence. Il y a là processus synthétique ou agrégation, car le nom est devenu un « agrégat logique » pouvant rassembler des objets ressemblants. La fleur ne désigne plus, comme nom propre, une entité réelle singulière, mais peut désigner un grand nombre d’entités réelles ayant des caractéristiques communes

descriptionUne propriété du langage. - Page 8 EmptyRe: Une propriété du langage.

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La fleur ne désigne plus, comme nom propre, une entité réelle singulière, mais peut désigner un grand nombre d’entités réelles ayant des caractéristiques communes

N'est-ce pas là le principe du concept ? Le concept de "fleur", de "cheval", etc. ?
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