Il y a tout de même un art d'écrire chez Spinoza, à en croire Leo Strauss, qui contraint à ne pas dévoiler son jeu sous peine de prêter le flanc à la persécution - ce qui eut lieu malgré tout parce que les philosophes de l'époque, quoique pleins des préjugés de leur milieu à forte propension chrétienne et mésinterprétant Spinoza, peut-être à dessein politique, savaient lire entre les lignes, en tout cas beaucoup plus que nous qui oublions le contexte historique (même si, au demeurant, il ne peut tout expliquer) et mettons trop rapidement tout dans le même panier. M'est avis que Nietzsche, s'il avait vécu au XVIIe siècle, aurait fait preuve de plus de subtilité et aurait pris un masque différent de celui qu'il prit (il est vrai qu'il y a aussi un certain art d'écrire chez Nietzsche) et plus en accord, en apparence, avec ce qu'il combattait. Même si Nietzsche a toujours été ouvertement terrible envers son époque (cf. Considérations inactuelles), il apparaît de plus en plus en première ligne du front, jusqu'à tirer à boulets rouges sur le christianisme (cf. l'Antéchrist). Il est clairement en position frontale et offensive. Mais le champ de bataille a depuis longtemps été occupé et Nietzsche n'est pas le plus original, il est celui qui parle le plus fort avec le moins de précautions. Que pouvait-il craindre en matière de représailles, sinon une mauvaise presse ? Il ne fut d'ailleurs pas connu de son vivant (vie consciente ; même s'il y eut un retentissement relatif de la Naissance de la tragédie et de la première Inactuelle - qui, pour l'anecdote, introduisit dans la langue allemande l'expression couramment utilisée depuis de "philistin de la culture") et sera célébré de manière posthume par la société allemande. Spinoza, lui, vivait dans une époque troublée, politiquement instable, conflictuelle et divisée religieusement. Il connut, lui, les menaces réelles et les atteintes à sa vie. Par ailleurs, le christianisme apparaît chez lui comme un moyen d'éduquer le peuple inapte à la raison, du moins à la raison des philosophes. Certains enseignements religieux permettent d'apporter quelques lumières semblables à celles de la raison. Peut-être peut-on y voir un platonisme à destination du peuple, de la même manière que Nietzsche, à sa façon, reconnaissait l'importance du christianisme pour le plus grand nombre.
Quant aux fêtes, notamment Noël, elles permettent de prendre la mesure du temps, en s'y positionnant, et de l'éternité, c'est-à-dire de revenir sur notre existence (passée), de prendre conscience du présent et de son rapport à l'éternité, enfin de ce qui s'ouvre à nous.