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L'intuition comme méthode chez BERGSON.

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descriptionL'intuition comme méthode chez BERGSON. - Page 3 EmptyRe: L'intuition comme méthode chez BERGSON.

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Silentio a écrit:
Disons que Bergson s'oppose à certains effets de l'intelligence prise dans son sens pratique, usuel, commun. La science, la logique, les mathématiques nient la nature véritable du temps, à savoir la durée, en la découpant et en la pensant de manière spatiale (d'où la possibilité de compter des intervalles réguliers). Or la nature véritable de l'homme, c'est la durée, ce flux continu, changeant... au sein de l'univers, de toute chose, de nous-même. Chaque être a son propre rythme et la durée conserve le passé, s'enrichit à chaque instant des expériences passées. Bergson oppose le moi ordinaire au moi profond. Le premier, c'est ce moi quotidien soumis aux impératifs sociaux. Le langage étant social (donc utilitaire), il découpe notre rapport à la vie, le fausse. Le moi profond, c'est ce moi lié à ma durée propre qui attend sa libération (contre les impératifs dépersonnalisants de la vie sociale). Quant à la philosophie, là où Bergson propose une nouvelle méthode (l'intuition comme manière de sympathiser avec les êtres, de se replacer dans leur durée, leur rythme, leur mouvement, leur devenir), il s'oppose à des philosophies qui mettent dans les choses ce qu'elles en attendent. Bergson est par exemple anti-kantien, parce que Kant retrouve dans les choses ce qu'il y met, soit le produit de l'intelligence, laquelle nie la nature de la réalité (la Durée qui nous est commune) et établit de fausses distinctions. Bergson lui reproche aussi de refuser de penser la chose en soi, tandis qu'il veut élaborer une métaphysique de l'absolu.


Ainsi que je vous comprends, Bergson a une idée de la véritable nature du temps, qu'il nomme "durée". Mais quelles sont les différences entre le temps et la durée ? Présentées ainsi, les choses sont peu claires. Le temps qui passe est un poncif largement rebattu. En quoi la durée bergsonienne se distingue-t-elle des autres acceptions ? De plus, le temps et l'espace semblent intimement liés, à en croire mon expérience quotidienne : Bergson imagine-t-il une durée sans espace ? Lie-t-il les deux ?

Concrètement, nous lions espace et temps. Comment Bergson sépare-t-il ces deux réalités ? Ou pourquoi privilégie-t-il le temps sur l'espace ?

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Il ne s'agit pas de nier l'espace. Bergson oppose le temps des horloges au temps vécu. Le premier est un découpage arbitraire du temps. Au contraire, il n'y a pas de parties distinctes au sein de la durée : tout s'interpénètre. (Bergson parle de multiplicités qualitatives et de multiplicités quantitatives). Et non seulement la durée s'enrichit de ce qui arrive, mais elle est aussi créatrice. Bergson reproche alors à certains philosophes de nier la réalité de la durée en privilégiant des schèmes de pensée erronés issus de cette habitude de pensée utilitaire, qui découpe pour le besoin (biologique ou social) le temps. Or le découper ainsi, c'est faire comme si on pouvait penser le temps comme de l'espace. En effet, compter (1, 2, 3, 4, etc.) suppose la succession (pouvoir énumérer dans un ordre régulier) et non la simultanéité (ou l'intrication propre à la durée). Le problème, selon Bergson, c'est qu'on ne pense plus le devenir. Et c'est pourquoi on peut, de manière très intellectualiste, tout réduire à la répétition du même (qui devrait être stérile) ou penser le temps de manière décomposée et dire n'importe quoi sur le réel, ce qui suscite des faux problèmes (cf. les paradoxes de Zénon).

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Une seconde n'est pas l'autre. 1 minute d'ennui semble plus longue qu'une journée sans pain, cela va sans dire et se retrouve transmis depuis belle lurette d'une grand-mère à l'autre. Mais comment en arriver à reprocher la liaison espace-durée, puisque l'un ne peut aller sans l'autre ? Sans la prise de conscience d'un espace, aucune durée ne semble rationnellement possible. A moins que la durée, en tant que ressenti, ne soit considérée par Bergson comme totalement indépendante de l'espace ?

Je peux aisément m'imaginer ce qu'est le sentiment de la durée, ainsi que l'illustre la première phrase du paragraphe précédent : le temps est mesuré par une certaine maîtrise de l'espace depuis, l'histoire nous le dit, la nuit des temps. Nous avons inventé des horloges, des chronomètres (Harrison où es-tu ?), séquençons des mois et des années en fonction du parcours de divers objets planétaires, etc... Et c'est ainsi que le ressenti de durée s'est progressivement fait jour. Une heure "horloge" de cours ennuyeuse n'est en rien comparable à une heure "horloge" de jeux au ballon. Soit.

Mais en quoi le sentiment de la durée s'enrichit-il des entrées sensorielles ? Qu'une tâche donnée induise une perception du temps physique différente d'une autre je le conçois. MAis pourquoi parler ici de richesse ? Et en quoi la "durée" (qui n'est pas une substance) est-elle "créatrice" ?

Enfin, je ne vois pas en quoi l'intrication est le propre de la durée ?

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La durée est comme un fleuve, pourquoi pas celui de Héraclite. Par-dessus, les hommes ont jeté des filets. Cela leur a permis de délimiter des espaces, afin de mieux pêcher. Mais si l'on croit que le fleuve ne se comprend que d'après le filet, on fait fausse route. Il va falloir retirer le filet et plonger à l'eau.

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Silentio a écrit:
La durée est comme un fleuve, pourquoi pas celui de Héraclite. Par-dessus, les hommes ont jeté des filets. Cela leur a permis de délimiter des espaces, afin de mieux pêcher. Mais si l'on croit que le fleuve ne se comprend que d'après le filet, on fait fausse route. Il va falloir retirer le filet et plonger à l'eau.


Comment expliquer que "l'homme" jette son filet au quotidien sans jamais s'en rendre compte ? Je suis tout prêt à changer d'opinion et à épouser une vision neuve du Monde que je perçois mais en l'occurrence les explications fournies s'apparentent à de l'affirmation gratuite (sur ce fil, je ne vise pas Bergson que je ne connais pas).

La durée est un ressenti, nous sommes d'accord. Difficilement dissociable de l'espace au quotidien. Comment s'en sort-on ?
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