Tout à fait d'accord ! C'est pourquoi j'ai préféré vous orienter directement vers les écrits de Castoriadis, plutôt que prétendre restituer sa pensée...
Un extrait de L'institution imaginaire de la société (pp. 219-220, Seuil 1975) :
Un extrait de L'institution imaginaire de la société (pp. 219-220, Seuil 1975) :
Aucune société ne peut exister si elle n'organise pas la production de sa vie matérielle et sa reproduction en tant que société. Mais ni l'une ni l'autre de ces organisations ne sont et ne peuvent être dictées inéluctablement par des lois naturelles ou par des considérations rationnelles. Dans ce qui apparaît ainsi comme une marge d'indétermination, se place ce qui est l'essentiel du point de vue de l'histoire (pour laquelle ce qui importe n'est certes pas que les hommes ont chaque fois mangé ou engendré des enfants, mais, d'abord, qu'ils l'ont fait dans une infinie variété de formes) - à savoir que le monde total donné à cette société est saisi d'une façon déterminée pratiquement, affectivement et mentalement, qu'un sens articulé lui est imposé, que des distinctions sont opérées corrélatives à ce qui vaut et à ce qui ne vaut pas (dans tous les sens du mot valoir, du plus économique au plus spéculatif), entre ce qui doit et ne doit pas se faire.
Cette structuration trouve certes ses points d'appui dans la corporalité, pour autant que le monde donné à la sensibilité est déjà nécessairement un monde articulé, pour autant que la corporalité est déjà besoin, que donc objet matériel et objet humain, nourriture comme accouplement sexuel, sont déjà inscrits au creux de ce besoin, et qu'un rapport à l'objet et un rapport à l'autre humain, donc une première "définition" du sujet comme besoin et relation à ce qui peut combler ce besoin est déjà porté par son existence biologique. Mais ce présupposé universel, partout et toujours le même, est absolument incapable de rendre compte aussi bien des variations que de l'évolution des formes de vie sociale.