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L'homme dans la nature, la nature dans l'homme

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agur
Janus
Dienekes
Zingaro
9 participants

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Tout à fait d'accord ! C'est pourquoi j'ai préféré vous orienter directement vers les écrits de Castoriadis, plutôt que prétendre restituer sa pensée...

Un extrait de L'institution imaginaire de la société (pp. 219-220, Seuil 1975) :
Aucune société ne peut exister si elle n'organise pas la production de sa vie matérielle et sa reproduction en tant que société. Mais ni l'une ni l'autre de ces organisations ne sont et ne peuvent être dictées inéluctablement par des lois naturelles ou par des considérations rationnelles. Dans ce qui apparaît ainsi comme une marge d'indétermination, se place ce qui est l'essentiel du point de vue de l'histoire (pour laquelle ce qui importe n'est certes pas que les hommes ont chaque fois mangé ou engendré des enfants, mais, d'abord, qu'ils l'ont fait dans une infinie variété de formes) - à savoir que le monde total donné à cette société est saisi d'une façon déterminée pratiquement, affectivement et mentalement, qu'un sens articulé lui est imposé, que des distinctions sont opérées corrélatives à ce qui vaut et à ce qui ne vaut pas (dans tous les sens du mot valoir, du plus économique au plus spéculatif), entre ce qui doit et ne doit pas se faire.
Cette structuration trouve certes ses points d'appui dans la corporalité, pour autant que le monde donné à la sensibilité est déjà nécessairement un monde articulé, pour autant que la corporalité est déjà besoin, que donc objet matériel et objet humain, nourriture comme accouplement sexuel, sont déjà inscrits au creux de ce besoin, et qu'un rapport à l'objet et un rapport à l'autre humain, donc une première "définition" du sujet comme besoin et relation à ce qui peut combler ce besoin est déjà porté par son existence biologique. Mais ce présupposé universel, partout et toujours le même, est absolument incapable de rendre compte aussi bien des variations que de l'évolution des formes de vie sociale.

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Pour ce qui me concerne, vous aurez tout loisir de choisir la voie qui vous convient pour satisfaire votre curiosité intellectuelle - à fortiori le sujet étant placé dans la section "sciences humaines" - l'intérêt du dialogue étant aussi que diverses sensibilités puissent confronter leurs différents points de vue sur des sujets "convergents". 
C'est juste que j'entendais distinguer l'approche scientifique, au travers de ses diverses disciplines, de celles plus proprement philosophiques, bien plus pertinentes à mes yeux pour élucider certains types de vérités assises sur des considérations purement logiques autant que spéculatives. D'autant que plus l'étude, aussi "scientifique" soit-elle, inclut de l'humain, entrevu dans la complexité de son cadre social, plus l'observation perd en objectivité comparativement aux sciences strictement physiques, chimiques ou biologiques.

Disons que, de mon point de vue (métaphysique sans doute, mais sûrement pas au sens réducteur où vous semblez l'entendre avec cette allusion à "l'âme éternelle") je n'observe pas de continuité au sens courant du terme, entre l'espèce humaine "pensante" et douée de raison (cf. logos), et l'espèce animale proprement dite, où dominent la seule sensibilité et l'instinct. De même qu'entre l'espèce animale et l'espèce végétale, tout comme entre l'être organique et l'être non organique...

Mais je note tout de même que vous avez recours aux expressions "une forme d'énergie qui structure tous les systèmes vivants" ou encore "il me semble que nous avons forcé une altérité culturelle" démontrant que vos références, si "scientifiques" soient-elles, n'ont pu s'exonérer de considérations purement spéculatives identiques à celles qui fondent la métaphysique en général, étant précisé que je pensais surtout ici à celle de la philosophie Hégélienne que beaucoup, faute d'avoir pu en saisir toutes les savantes subtilités, ont surtout déformée pour ne pas dire détruite, laissant d'ailleurs libre cours à cette agressivité que vous appréciez de souligner. 
En effet ce dernier a su faire la synthèse de l'ensemble des pensées philosophiques qui l'avaient précédé depuis l'Antiquité, incluant notamment une philosophie de l'histoire et de l'existence, autant que de la nature ou de l'esprit, qui loin d'exclure la logique scientifique (l'entendement) l'intègre bien au contraire dans sa Grande Logique, dans une sorte de mouvement d'inclusion semblable à celui que j'indiquais plus haut. 

J'ajouterais enfin, histoire à mon tour de bavarder, que séparer physique et métaphysique c'est forcer une séparation aussi destructrice qu'artificielle, c'est couper l'arbre de ses racines, alors que tout, dans la nature, est mu par de communes lois universelles qui convergent par la raison et l'idée (dite absolue, celle qui transitant par l'esprit et la pensée, se réfère aux essences) qui l'éclaire en amont.

PS : merci Zingaro pour cet extrait, mais j'avoue que je n'ai guère d'affinité pour ce type de lecture (a fortiori si on se réfère au cursus de cet auteur) qui me semble bien illustrer ce que je dénonçais plus haut. 

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Janus a écrit:

PS : merci Zingaro pour cet extrait, mais j'avoue que je n'ai guère d'affinité pour ce type de lecture (a fortiori si on se réfère au cursus de cet auteur)  qui me semble bien illustrer ce que je dénonçais plus haut. 


Ce sera tout Janus ? Oh allez, ne soyez pas timide ! dites m'en un peu plus sur le "cursus de cet auteur" et puis aussi, peut-être, si vous voulez bien, si ce n'est pas trop demander, sur le contenu de l'extrait...

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Zingaro a écrit:
Ce sera tout Janus ? Oh allez, ne soyez pas timide ! dites m'en un peu plus sur le "cursus de cet auteur" et puis aussi, peut-être, si vous voulez bien, si ce n'est pas trop demander, sur le contenu de l'extrait...

Puisque vous insistez pour que je mette les points sur les i et vu ma bonne volonté constante, je vais donc consacrer un moment pour décortiquer ce texte, bien que j'aie déjà fourni plusieurs éléments de réponse, alors que de votre côté vous vous êtes limité à citer cet auteur, en évitant... ne soyez pas timide !... de répondre à mes arguments.
 
Croyez-vous donc que l'on puisse qualifier de philosophique ce type de discours qui écarte d'emblée toute "considération rationnelle" et toute "loi naturelle" ayant pu présider à l'organisation des sociétés humaines, en ne retenant uniquement comme significatif que des motivations liées à la "production de la vie matérielle", aux "besoins portés par l'existence exclusivement" qualifiée de "biologique", etc. ?
Le cadre est d'ailleurs déjà planté : il s'agit d'une optique correspondant à celle du "matérialisme historique", au sens où tout ce qui est dans l'existence n'a comme unique origine que les relations inter-humaines, les êtres humains n'étant constitués que d'une essence ou substance simplement matérielle. Cela relève en fait d'une vue très simpliste à la fois de la nature humaine ou de la société, pour ne pas dire hémiplégique, d'une version qui serait facilement accessible à un enfant de maternelle à qui on apprend d'ailleurs à compter et calculer avec la matérialité de quelques bûchettes ou jetons, vu que les abstractions mathématiques ne lui sont pas encore accessibles. Cette optique que je qualifie d'étroite est d'ailleurs aussi celle qui régnait très probablement dans la conscience de l'homme de Néandertal, chez qui l'esprit - qui pourtant l'habitait déjà mais à l'état de germe - ne l'éclairait pas plus qu'une bougie, vu que la science ne l'avait pas encore orienté vers ses "lumières", celles de la Raison, à commencer par cette raison théorique, celle de l'entendement.

On doit d'ailleurs déplorer la persistance de ces archaïsmes dans le cerveau (dit "reptilien") de l'homme contemporain, qui empêchent certains de parvenir à concevoir que les valeurs éthiques (tout comme celles monétaires d'ailleurs dans la sphère économique) n'ont rien de matériel, rien de palpable, et résultent de phénomènes de type dynamique, virtuel, à un niveau où se noue la relation de confiance inter-humaine, etc., chose que seul l'esprit et les facultés intellectives sont capables d'engendrer et fixer par le "verbe", alors même qu'elles n'ont aucune correspondance directe dans la sphère de la perception sensible.
C'est probablement d'ailleurs ce type de handicap qui engendre cette forme fréquente de paranoïa, vu qu'elle offre une explication simpliste (ex. de la théorie du complot ou conspirationnisme...) où tout échec et frustration dans la vie peut ainsi être attribué à la responsabilité d'un autre (être humain singulier nommément désigné ou groupe d'humains ayant usurpé le pouvoir...), autrement dit aux agissements d'un autrui purement matériel et physique, réduit à sa biologie. On voit ici comment peut se confondre l'organe (le biologique) et la fonction (de cet élément au sein de ce "tout" qu'est l'organisme vivant), distinction faisant appel à une opération que seul un esprit "évolué", autrement dit détaché, libéré ou dés-aliéné de la matière, peut produire et conserver comme point de mire, en toute situation, et ainsi se rendre responsable.

On comprend qu'en ayant ainsi refusé toute validité à la conception d'une vision universelle des choses, on ne parvient pas non plus à concevoir qu'on puisse rencontrer, entre nature et culture (comme dans nombre d'autres domaines) cette "identité de l'identité et de la différence", que seul l'esprit peut concevoir en parvenant à unir les contraires existant au sein de "l'infinie variété de formes"... ne pas s'étonner donc que l'auteur que vous citez soit conduit à s'avouer "absolument incapable de rendre compte aussi bien des variations que de l'évolution des formes de vie sociale"... incapable de les saisir dans toute leur réalité concrète (pour utiliser un vocabulaire hégélien).

Vous en vouliez "un peu plus" ? j'espère avoir rempli ma "feuille de route" pour occuper votre fin de soirée.

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Je soupçonne que vous vous soyez contenté de la page wiki consacrée à l'auteur. C'est mon diagnostic devant cette méprise EDIT : après relecture : cette débâcle.
Enfin, comme je dois lire attentivement Castoriadis de toute façon, si je trouve quelques citations qui nous donnent du grain à moudre...
Merci pour votre bonne volonté !

**

Nous poserons donc qu'il y a des significations relativement indépendantes des signifiants qui les portent, et qui jouent un rôle dans le choix et dans l'organisation de ces signifiants. Ces significations peuvent correspondre au perçu, au rationnel, ou à l'imaginaire. Les rapports intimes qui existent toujours entre ces trois pôles ne doivent pas faire perdre de vue leur spécificité.
Soit Dieu. Quels que soient les points d'appui que sa représentation prenne dans le perçu ; quelle que soit son efficace rationnelle comme principe d'organisation du monde pour certaines cultures, Dieu n'est ni une signification de réel, ni une signification de rationnel ; il n'est pas non plus symbole d'autre chose. Qu'est-ce que Dieu - non pas comme concept de théologien, ni comme idée de philosophe, mais pour nous qui pensons ce qu'il est pour ceux qui croient en Dieu ? Ils ne peuvent l'évoquer, s'y référer qu'à l'aide de symboles, ne serait-ce que par le "Nom", - mais pour eux, et pour nous qui considérons ce phénomène historique constitué par Dieu et ceux qui croient en Dieu, il dépasse infiniment ce "Nom", il est autre chose. Dieu n'est ni le nom de Dieu, ni les images qu'un peuple peut s'en donner, ni rien de similaire. Porté, indiqué par tous ces symboles, il est, dans chaque religion, ce qui fait de ces symboles des symboles religieux, une signification centrale, organisation en système de signifiants et de signifiés, ce qui soutient l'unité croisée des uns et des autres, ce qui en permet aussi l'extension, la multiplication, la modification. Et cette signification, ni d'un perçu (réel) ni d'un pensé (rationnel) est une signification imaginaire.

L'institution imaginaire de la société p. 211, Seuil 1975

Dernière édition par Zingaro le Jeu 9 Oct 2014 - 14:43, édité 1 fois
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