Janus a écrit:
Je n'ai nulle part prétendu que la culture se réduisait aux individus
En effet, je rebondissais pour amener la discussion vers ce qui m'intéresse plus : la culture en tant que telle.
La réponse était dans la phrase qui précédait, puisqu'il y était question de la science : les découvertes scientifiques, en déchiffrant les lois de la nature, se traduisent par une "mise en ordre" de cette nature et permettent une progression historique vers la culture, au sens plus général de civilisation.
La nature comprend des lois, de l'ordre, qu'on peut donc découvrir. C'est bien ça ? C'est d'autant plus vrai pour nous que le terme "nature" renvoie à ce qui est constant, nécessaire, qui relève de la structure et ses lois ("de la nature de l'homme", etc.)...
J'ai sciemment utilisé le terme général de "sociologues" pour désigner les diverses sciences et disciplines qui s'intéressent aux phénomènes de société, ce qui inclut l'anthropologie, ou encore la philosophie politique par exemple, et que je distingue de la philosophie qui serait plutôt la science des sciences.
La distinction classique pose d'une part la sociologie et d'autre part l'ethnographie/logie. Celles-ci étudient les sociétés autres, "exotiques", celle-là sa société propre. L'anthropologie rassemble et surplombe le tout en tant qu'elle est la science de l'homme en général.
Je ne vois pas très bien où vous voulez en venir concernant cette relation entre "signification" et "être" de façon objective, à moins que vous ne fassiez allusion au fait que les conditions ou "structures" sociales influent sur les "superstructures" mentales... (?)
J'essaie de répondre à la question que vous avez posée concernant le rapport nature/culture en m'appuyant sur les travaux de Castoriadis, lequel parle d'"étayage" de la culture sur la nature. Et il parle d'étayage parce que, pour prendre un autre exemple moins polémique, si la nature offre par soi-même un ordre de lois à découvrir, pour autant la classification et la mise en ordre qu'effectue l'être humain n'y répond pas prioritairement. Il n'y a pas dans la nature les esprits ou Dieu ou l'Idée, pas plus qu'il n'y a ce qu'on appelle des valeurs, qui sont indissociables de l'ordonnancement du monde chez l'être humain. Concernant les principes auxquels répond cette mise en ordre, on peut consulter La pensée sauvage de Claude Levi-Strauss (quoi que Castoriadis critique la pensée et l'héritage laissé par Lévi-Strauss assez durement, précisément parce que, estime-t-il, le structuralisme est incapable de caractériser la particularité de l'"être" du social, qui nous renvoie au problème de la "signification" et de la création sociale-historique - si j'ai le temps je ciblerai des citations pour vous aider à comprendre les enjeux sous-jacents -).