Geisterwelt a écrit:C'est surtout que vous interprétez Hegel en l'adaptant à vos propres cadres de pensée, alors qu'il s'agit essentiellement chez lui d'idéalisme, de liberté et de philosophie du Droit. J'en trouve des vertes et des pas mûres à son sujet, tellement il a fait l'objet d'interprétations fantaisistes (amplifiées par la difficulté de la traduction) et cela avait commencé par cette prétendue "fin de l'histoire", où le mot fin est réduit au sens de point final, c'est-à-dire dire remis dans une logique linéaire de simple causalité, où il n'y a plus rien après, etc...Janus a écrit:Êtes-vous bien sûr que Hegel ait dit cela ?
Pour Hegel, la raison d'être, c'est-à-dire "Dieu", est toujours un résultat, elle n'est pas un commencement. On a reproché à Hegel sa prétendue "téléologie" : pour lui, le but existe avant tout comme idée. L'histoire est une régression vers ce qui a servi de commencement. La pauvreté n'est pas au commencement de l'histoire. La pauvreté est un "résultat" de l'aliénation : aliénation de la richesse : il n'y a de rareté que de la richesse. Si ce monde est de plus en plus riche, les gens sont de plus en plus pauvres.
On peut admettre effectivement que chez lui le "but existe comme Idée" ou qu'il est déjà inclus dans l'idée de départ (à l'état de germe, comme je disais) mais il n'y a pas cette idée de "régression" mais au contraire un processus de progression au cours du mouvement historique, comme l'indique cette célèbre catégorie de thèse-antithèse-synthèse qui est une des figures qui sert à illustrer sa conception dialectique du réel. La synthèse y est un résultat contenant une progression vers le Savoir (autant subjectif qu'objectif) qui va recommencer "inlassablement" un nouveau cycle, où le résultat prendra la place de la nouvelle thèse et ainsi de suite.
Quant à Dieu, il n'est pas un concept directement intégré dans sa métaphysique, en particulier la Logique ou la "phénoménologie de l'esprit". C'est la notion de religion qui est prise en compte dans sa philosophie, mais comme une étape, aussi historique que nécessaire, de la "représentation" (au même titre que l'Art) que l'Esprit se fait de lui-même, au niveau de la conscience, en transitant dans le monde par l'esprit des hommes doués de raison. Et donc si Dieu devait être comme vous dites la "raison d'être" de sa métaphysique, ce n'est en tout cas ni un commencement, ni une fin, pas plus qu'un but ou résultat au sens où on l'entendrait couramment.
De plus l'aliénation chez lui comporte une connotation à valeur positive : c'est en s'aliénant volontairement dans l'autre (pour le dire autrement s'affranchir de la matière) que l'Esprit humain (toujours considéré au plan de la conscience qui anime l'esprit du sujet) va retrouver la liberté dans sa propre substance, dans un Esprit "absolument" achevé. Il y a ici des conceptions très abstraites et on ne peut se permettre de les réutiliser de façon aussi méconnaissable, en faisant du mixage personnalisé entre idéalisme hégélien et matérialisme historique où l'aliénation a une tout autre signification avec une connotation négative totalement inverse.
Si vous voulez plaider comme vous le dites ici que "la richesse est mal répartie dans le monde" ou que la pauvreté est le "résultat de l'aliénation de la richesse", il vaudrait mieux éviter d'utiliser des concepts hégéliens autant défigurés, et qui doivent l'empêcher de reposer paisiblement dans sa tombe.
Kvothe a écrit:Vous me direz combien je vous dois. ;)Janus a écrit:
Pour Walras que je n'ai pas lu, je suis ravi de dire comme lui, preuve que les grands Esprits libres se rencontrent sans besoin de se rencontrer.
Vous m'êtes tout de même redevable d'une belle rencontre
Pour le reste, je pense que vous n'avez pas bien suivi mon raisonnement depuis le début.