Aristippe de cyrène a écrit: L'amour n'est pas toujours attachement. La philia, l'amour marital comme le disait joliment Montaigne, implique une séparation, une véritable distance. On est loin de l'eros, du désir dévorant de possession, du culte de la transparence, etc. La philia ne vise pas du tout ça. Une relation de philia est une relation où les protagonistes chérissent la distance qui les sépare. Car cette distance n'est pas le dévorement de l'autre, mais le témoignage du plus grand égard. Bref, ce n'est pas un amour d'attachement au sens propre, on ne s'attache pas à l'autre.
Pour être plus précis :
encyclopédie universalis (art. agapè) a écrit: Le mot grec agapè signifie affection, amour, tendresse, dévouement. Son équivalent latin est caritas, que nous traduisons par « charité » (dans les textes stoïciens comme dans les textes chrétiens). Généralement, la langue profane emploie agapè pour désigner un amour de parenté ou d'amitié, distinct de l'amour-passion, distinct du désir amoureux : celui-ci, en grec, est appelé érôs, en latin amor (français : amour) ou cupido, cupiditas (français : désir, envie, passion amoureuse).
Lorsqu'on oppose érôs et agapè, on sous-entend que le premier est un amour de prise, un amour captatif, intéressé, et le second un amour de bienveillance, de prévenance, de courtoisie, un amour oblatif et désintéressé. Agapè convient principalement à l'amour fraternel, à l'amour paisible et pur, à l'amour de dilection. Erôs convient davantage à l'amour des amants, à l'amour enflammé, bien qu'il soit utilisé aussi (à la suite de Platon, dans le Phèdre et le Banquet) pour désigner non pas l'érotisme sexuel et sentimental mais la ferveur mystique : dans ce sens, Grégoire de Nysse préfère érôs à agapè, qu'il estime trop tranquille ; il définit l'érôs comme une agapè plus intense. Cependant, ces différents usages ne sont régis par aucune règle contraignante.
Connu de la littérature païenne, présent dans l'œuvre de Philon d'Alexandrie (~ 20 env.-45 env.), le concept d'agapè reçoit une promotion soudaine quand certains auteurs du Nouveau Testament l'adoptent et le rendent synonyme d'amour chrétien...