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Les animaux ont-ils une conscience ?

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descriptionLes animaux ont-ils une conscience ? - Page 7 EmptyRe: Les animaux ont-ils une conscience ?

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Il n'y a pas besoin de creuser loin l'analyse de la conscience pour voir la différence fondamentale séparant la conscience de l'animal et la conscience de l'homme. Sans tomber dans l'extravagance cartésienne faisant de l'animal une pure machine, on peut dire que la conscience de l'homme a ceci de qualitativement différent de la conscience animale qu'elle offre une plus grande faculté de s'émanciper des lois strictes de la nature, à faire du nouveau, à faire preuve de créativité ; en somme, je dirais que la conscience de l'homme permet la création d'ouvertures, ce qui restera toujours interdit à l'animal. La différence qualitative se situe entre la conscience animale qui laisse l'être vivant clos sur lui-même, et la conscience humaine qui ouvre de nouveaux chemins.

Je mets ici un beau texte de Rousseau, issu de son second discours, qui va dans ce sens :

Jean-Jacques a écrit:
Je ne vois dans tout animal qu'une machine ingénieuse, à qui la nature a donné des sens pour se remonter elle-même, et pour se garantir, jusqu'à un certain point, de tout ce qui tend à la détruire, ou à la déranger. J'aperçois précisément les mêmes choses dans la machine humaine, avec cette différence que la nature seule fait tout dans les opérations de la bête, au lieu que l'homme concourt aux siennes, en qualité d'agent libre. L'un choisit ou rejette par instinct, et l'autre par un acte de liberté ; ce qui fait que la bête ne peut s'écarter de la règle qui lui est prescrite, même quand il lui serait avantageux de le faire, et que l'homme s'en écarte souvent à son préjudice. C'est ainsi qu'un pigeon mourrait de faim près d'un bassin rempli des meilleures viandes, et un chat sur des tas de fruits, ou de grain, quoique l'un et l'autre pût très bien se nourrir de l'aliment qu'il dédaigne, s'il s'était avisé d'en essayer. C'est ainsi que les hommes dissolus se livrent à des excès, qui leur causent la fièvre et la mort ; parce que l'esprit déprave les sens, et que la volonté parle encore, quand la nature se tait.

Tout animal a des idées puisqu'il a des sens, il combine même ses idées jusqu'à un certain point, et l'homme ne diffère à cet égard de la bête que du plus au moins. Quelques philosophes ont même avancé qu'il y a plus de différence de tel homme à tel homme que de tel homme à telle bête; ce n'est donc pas tant l'entendement qui fait parmi les animaux la distinction spécifique de l'homme que sa qualité d'agent libre. La nature commande à tout animal, et la bête obéit. L'homme éprouve la même impression, mais il se reconnaît libre d'acquiescer, ou de résister; et c'est surtout dans la conscience de cette liberté que se montre la spiritualité de son âme: car la physique explique en quelque manière le mécanisme des sens et la formation des idées; mais dans la puissance de vouloir ou plutôt de choisir, et dans le sentiment de cette puissance on ne trouve que des actes purement spirituels, dont on n'explique rien par les lois de la mécanique.

Mais, quand les difficultés qui environnent toutes ces questions, laisseraient quelque lieu de disputer sur cette différence de l'homme et de l'animal, il y a une autre qualité très spécifique qui les distingue, et sur laquelle il ne peut y avoir de contestation, c'est la faculté de se perfectionner ; faculté qui, à l'aide des circonstances, développe successivement toutes les autres, et réside parmi nous tant dans l'espèce que dans l'individu, au lieu qu'un animal est, au bout de quelques mois, ce qu'il sera toute sa vie, et son espèce, au bout de mille ans, ce qu'elle était la première année de ces mille ans. Pourquoi l'homme seul est-il sujet à devenir imbécile ? N'est-ce point qu'il retourne ainsi dans son état primitif, et que, tandis que la bête, qui n'a rien acquis et qui n'a rien non plus à perdre, reste toujours avec son instinct, l'homme reperdant par la vieillesse ou d'autres accidents tout ce que sa perfectibilité lui avait fait acquérir, retombe ainsi plus bas que la bête même ?

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Intransigeance a écrit:
J'ai tendance à penser que l'homme désire plus que tout se sentir supérieur à l'animal, en oubliant par sa prétention, qu'il en est un à la base. Je ne pense pas que l'homme ait davantage une conscience que l'animal.

Il faudrait creuser le lien entre la conscience et la conscience de la mort, de la mort et de l'animal, de l'homme et de l'immortalité. Le problème c'est que l'enfant, et beaucoup d'adultes, se croit immortel et ne pense pas à la mort ; l'enfant est un animal et en même temps l'idée que l'on se fait du dieu (cf. Nietzsche et plus généralement l'idée selon laquelle l'enfance est un état de bonheur où l'on ne se soucie de rien, où l'on vit dans le présent). On ne peut donc parler de conscience réflexive qui vient avec le besoin de se soucier de notre condition (l'inquiétude et l'inconfort comme écharde dans la chair, comme conditions de l'esprit ?). On se sent faillible, on revient sur soi, on se demande quoi faire de sa vie et quel sens lui donner (le projet). On considère l'animal comme une forme de vie plus basse et on n'hésite pas à lui donner la mort. Mort que l'on ne réussit pas à imaginer pour soi, qui nous semble injuste et incompréhensible quand elle survient pour les autres et qui peut nous angoisser (ne pas exister ?!), mort qui est notre talon d'Achille et notre malédiction, la faiblesse de l'homme qui se veut éternel. Rejeter l'animal serait rejeter notre impuissance, notre état dégradé (notre péché originel ?), rejeter le destin que la nature nous attribuerait si nous vivions selon ses lois.
Baschus a écrit:
La différence qualitative se situe entre la conscience animale qui laisse l'être vivant clos sur lui-même, et la conscience humaine qui ouvre de nouveaux chemins.

Heidegger disait que l'animal est pauvre en monde.
Heidegger a écrit:
A la différence de la pierre qui est sans monde et de l’animal qui est pauvre en monde, l’homme est configurateur d’un monde

Voir aussi : http://www.philolog.fr/peut-on-parler-de-langage-animal/

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Baschus a écrit:
Il n'y a pas besoin de creuser loin l'analyse de la conscience pour voir la différence fondamentale séparant la conscience de l'animal et la conscience de l'homme. [..], on peut dire que la conscience de l'homme a ceci de qualitativement différent de la conscience animale qu'elle offre une plus grande faculté de s'émanciper des lois strictes de la nature, [..]


La conscience n'a pas de contenu. C'est tout le complexe cérébral et donc cognitif supporté par un être spécifique qui permet un objectif différent. Le processus de conscience est le même. Vous assimilez faussement la conscience comme processus avec le contenu de la pensée alors que c'est radicalement différent.

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Je n'ai pas voulu dire que la conscience était un contenu, ni l'assimiler avec le contenu de la pensée, pourquoi déduisez-vous ça ? La conscience offre une puissance de choix, et tandis que cette puissance se limite chez l'animal à des choix le conduisant inexorablement à obéir à la nature et à ses instincts, cette puissance chez l'homme va au-delà de la simple diversité de choix permettant de satisfaire ses besoins naturels : elle ouvre et rompt avec l'automatisme.

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Baschus a écrit:
Je n'ai pas voulu dire que la conscience était un contenu, ni l'assimiler avec le contenu de la pensée, pourquoi déduisez-vous ça ?

Parce que comme vous le dites encore maintenant, la conscience humaine aurait un choix plus large. Or si la conscience n'est qu'un élan vers le monde, elle embrasse tout le monde. A l'état de veille la conscience est permanente, c'est un flux tendu vers le monde, en continu. Ensuite ce qu'elle va ramener n'appartient plus à la conscience stricto sensu mais relève d'autres processus. Il n'y a pas une volonté qui déclencherait une conscience qui ensuite viserait une certaine cible lui correspondant. Si cela était ainsi, alors nous n'aurions conscience que par rapport au contenu de notre volonté et il nous serait donc impossible d'être surpris par le monde. Or cela nous arrive plus souvent qu'à notre tour, et cela montre bien que notre volonté n'a rien à voir dans cet élan "général".
Le sujet est de savoir si l'animal possède une conscience et ma réponse est oui. Mais il ne s'agit pas de savoir s'il a conscience de ceci plutôt que de cela, ce qui est un tout autre débat et qui fait intervenir d'autres éléments que la seule conscience.
Quant à la rupture avec l'automatisme vous seriez surpris de voir de quoi sont capables les grands singes par exemple.
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