il aurait été intéressant de conclure que sa philosophie conduit à un exercice fort intéressant qui consiste à se demander quant on écrit ou dit quelque chose : "qu'est-ce que je veux dire," dans le sens de "qu'est-ce que je veux obtenir ?" C'est selon le résultat obtenu que nous apprenons à dire une chose. "Le soleil se lève à l'ouest" conduit à des ricanements, donc je dirais autre chose. Le résultat est inhérent au jeu de langage, l'intention de ce qui est dit est la même pour tous ceux qui le pratiquent. Ce qui est dit ne sert qu'à obtenir une chose, que celui a qui nous le disons, dise ou fasse quelque chose.
C'est exactement ce que je dis dans l'article cité supra à savoir que "si la fonction d’un nom n’est pas nécessairement (contrairement à ce que croit Augustin) de désigner un référent, c’est parce que l’apprentissage précoce des noms (de tous les noms, pas seulement ceux comme "la douleur", "le rouge", "Dieu", etc.) ne passe pas essentiellement par une définition ostensive qui isole un objet de son contexte, et ce, parce que l’emploi correct de tels termes (la vérité des propositions dans lesquelles ces termes apparaissent) s'inscrit dans des pratiques sociales infiniment plus complexes que ne le suppose Augustin" à la différence près qu'il n'y a pas, chez Wittgenstein, non plus que chez Quine de "volonté d'obtenir" quoi que ce soit mais seulement un obscur désir animal de vivre et de s'adapter à son bio/sociotope. Comment apprend-on à dire "rouge ? "
On présente simultanément à l’enfant des émissions du mot et des exemples d’objets rouges ; on applaudit aussi à son propre babillage lorsqu’il émet un son qui ressemble à ‘rouge’ en présence du rouge ; au bout du compte, l’enfant acquiert l’art d’utiliser le mot conformément au goût de la société"(Quine,
le Domaine et le Langage de la Science, ii). Comment apprend-on à dire "j'ai mal" ? "
Une possibilité est que les mots soient reliés à l'expression originelle, naturelle de la sensation et qu'ils la remplacent. Un enfant s'est blessé, il crie ; et alors les adultes lui parlent, ils lui apprennent des exclamations, et, plus tard, des phrases. Ils enseignent à l'enfant un nouveau comportement de douleur. [...] Je dis que l’expression verbale de la douleur remplace le cri et qu’elle ne le décrit pas"(Wittgenstein,
Recherches Philosophiques, §244). Wittgenstein et Quine ont une conception
behavioriste de l'éducation.
Ce qui est magique est que "le nuage soit la cause de la pluie", car je ne peux pas savoir pourquoi je peux anticiper/prévoir la pluie.
Entendons-nous bien. Ce qui est "magique", ce n'est pas la
corrélation réelle, autrement dit la régularité, observée entre la présence sensible du nuage et la présence sensible de la pluie qui lui fait suite. Donc il n'y a aucun mystère dans l'
anticipation. Celle-ci relève, encore une fois, d'une pulsion vitale d'adaptation que tous les êtres vivants adoptent afin de maximiser leurs chances de survie. Ce qui est "magique", en revanche, ce qui relève de la superstition, c'est, comme Hume, Popper, Wittgenstein et quelques autres l'ont souligné, la relation de
causalité que l'on
induit entre le phénomène antécédent (le nuage) et le phénomène conséquent (la pluie). D'où le sophisme de l'
induction :
post hoc, ergo propter hoc ("après donc à cause de").
ce n'est pas le phénomène qui a permis de déduire quelque chose que personne ne pouvait anticiper
Bien sûr que si ! Si, depuis la nuit des temps, l'animal que nous sommes n'avait pas su faire des
anticipations correctes sur la base de
régularités naturelles et/ou sociales, nous ne serions pas là pour en parler ! En revanche, comme vous le dites, "
ce qui est magique est que nous ne pouvons pas savoir pourquoi la cause mène à l'effet", l'explication
causale étant, nous l'avons dit, une explication mécaniste extrêmement problématique (cf. à ce propos, mon article Hypothèse Scientifique et Modèle Explicatif).
Ils n'anticipaient pas, ils attendaient le lever du soleil, comme ils attendaient le printemps.
Différence entre "anticiper" et "attendre" ?
Dans le cas de P2, ce n'est pas un phénomène mais une pensée magique dont se déduisent des phénomènes dont P1 (bien qu'il puisse s'agir de l'évolution de P3). P1 est un phénomène donc il y a une incertitude. Lorsque nous disons une planète tourne autour de son soleil, c'est toujours vrai, car nous pouvons toujours prendre un télescope et l'observer (ou pas).
Là, je commence à avoir du mal à vous suivre. D'abord parce que "phénomène" est un terme extrêmement vague qui signifie (étymologiquement,
ta phaïnomèna) "ce qui apparaît", "ce qui se montre". Par définition, donc, les
phénomènes ne se déduisent pas, ils se constatent (fût-ce de manière fantasmatique ou hallucinatoire) et pré-existent à toute inférence (déductive ou inductive). Par conséquent aussi, il n'y a jamais d'incertitude sur le
phénomène : c'est plutôt son
interprétation (par exemple, en termes de relation
causale) qui est incertaine. Mais, bien entendu, dans la mesure où le
phénomène est premier, il n'y a aucun sens à dire que "c'est l'anticipation qui crée le phénomène", ce qui, pour le coup, relève de la "pensée magique" !
L'anticipation ne se déduit pas de l'observation du fait (éventuellement d'autres faits mais pas de celui qu'elle anticipe), car nous ne pouvons pas le savoir - observer le fait avant de savoir qu'il existe -. Nous devons vérifier que nous l'observons, d'où la différence avec les égyptiens qui ne le vérifiaient pas, mais l'attendaient. P2 aurait pu ne rien anticiper et surtout ce qu'il anticipe pourrait ne pas toujours se produire. Là où les égyptiens étaient certains, nous sommes incertains car c'est une prévision et que nous ne savons pas ce qui se passe entre l'avant et l'après - le soleil pourrait ne pas se lever -. C'est donc P2 la pensée magique, au même titre que le nuage est la cause de la pluie.
Là, désolé, mais je ne comprends plus rien à ce que vous dites.
Vous pouvez aussi essayer de le trouver sur mon site.
Très intéressant. J'y retournerai.