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Critique de la raison pure

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descriptionCritique de la raison pure - Page 49 EmptyRe: Critique de la raison pure

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Livre II (de l'analytique transcendentale) : Analytique des principes.


Introduction

Les pouvoirs supérieurs de la connaissance sont : l'entendement, la faculté de juger et la raison, auxquels correspondent les concepts, les jugements et les raisonnements "en conformité directe avec les fonctions et l'ordre des facultés de l'esprit que l'on comprend sous la dénomination large d'entendement en général".

"L'analytique des principes sera simplement  un canon pour la faculté de juger qui enseigne à celle-ci comment appliquer à des phénomènes les concepts de l'entendement qui contiennent la condition des règles a priori".


Nous voyons ici la difficulté à comprendre le philosophe. Il englobe parfois sous le mot générique "entendement" : et la raison pure et l'entendement lui-même et la faculté de juger.

Qu'est-ce donc cette faculté de juger ?

Page 221 :

"La faculté de juger est le pouvoir de subsumer (penser un fait comme l'application d'une loi, l'application de règles) sous des règles (celles de l'entendement, règles émanant des concepts purs i.e. les catégories) c'est-à-dire de distinguer si quelque chose s'inscrit ou non sous une règle donnée".

L'entendement donne donc les règles, la faculté de juger les met pratiquement en oeuvre. Il s'agit de l'usage pratique des règles. Ou encore il s'agit du passage de la théorie à la pratique, de la théorie à l'action.

Je peux par exemple apprendre à un élève les règles générales relatives à l'étude des fonctions, il faudra ensuite que l'élève passe à l'action en résolvant les exercices et problèmes que je vais lui soumettre. Un étudiant en médecine peut bien apprendre toutes les règles relatives à son métier il faudra bien un moment qu'il passe à l'action et qu'il soigne ses patients.

Page 221 :

"Cette faculté est aussi la caractéristique spécifique de ce qu'on appelle le bon sens à l'absence duquel nulle école ne peut suppléer; car une école peut bien offrir à un entendement borné une foule de règles...il faut néanmoins qu'appartienne à l'élève le pouvoir de s'en servir correctement".

Page 223 :

"La philosophie transcendantale a ceci de particulier qu'outre la règle (ou  plutôt la condition générale présidant à des règles) qui est donnée dans le concept pur de l'entendement, elle peut en même temps indiquer le cas a priori pour lequel la règle doit être appliquée".

La philosophie transcendantale traite de concepts qui doivent se rapporter a priori à leurs objets.

descriptionCritique de la raison pure - Page 49 EmptyRe: Critique de la raison pure

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Chapitre I : du schématisme des concepts purs de l'entendement.

(Pages 224 à 230)

La question qui se pose est celle-ci : comment l'application des catégories aux phénomènes est-elle possible étant donné que les catégories sont issues de l'esprit humain (données a priori) alors que les phénomènes sont donnés par l'expérience (par la sensation qui modifie la sensibilité). Nous avons déjà eu un début de réponse dans le chapitre précédent. Les phénomènes sont une manifestation d'un état intérieur, nous sommes donc dans l'intériorité, tout comme les catégories le sont. Il reste tout de même à comprendre comment les catégories qui viennent de l'esprit vont s'appliquer aux intuitions qui sont elles issues de la sensibilité.

Pour Kant il y a un troisième terme qui fait médiation entre la catégorie et le phénomène, entre l'intellect et le sensible  : c'est le schème transcendantal.

Ce médiateur a une existence possible grâce à cette autre médiation : le temps. Le temps est, du côté intellect, déterminé par la catégorie qui en réalise l'unité par le moyen de règles a priori et universelles. Mais le temps est aussi une condition formelle de l'apparition du phénomène, il est la forme pure de la sensibilité sans laquelle rien ne peut apparaitre.

Page 225 :

"L'application de la catégorie à des phénomènes sera possible par l'intermédiaire de la détermination transcendantale du temps qui, comme schème des concepts de l'entendement, médiatise la subsomption des phénomènes sous la catégorie".


Page 229 :

"Le schème est  [l'accord] du phénomène ou du concept sensible d'un objet avec la catégorie".

Nous verrons ci-après comment les schèmes réalisent cet accord. Mais il convient d'abord d'être attentif à cette distinction entre le phénomène et le concept sensible d'un objet. Le phénomène nous savons de quoi il s'agit. Mais le concept sensible d'un objet ? Ce concept sensible réfère aux figures géométriques comme le cercle ou le triangle par exemple, il réfère aussi aux concepts arithmétiques (le nombre). Nous formons ces concepts sensibles par l'intermédiaire de l'imagination pure. Rappelons que Kant inclut l'imagination dans la sensibilité (par son existence dans les formes pures de l'intuition).

Kant reformule ses idées ainsi (page 225) :

Les objets nous sont donnés par la modification de notre sensibilité.
Les concepts purs doivent contenir (a priori) une "condition" sous laquelle la catégorie peut être appliquée à quelque objet. Cette condition s'applique à la forme pure de la sensibilité (le temps).
Cette condition s'appelle le schème de la catégorie, "et la méthode que pratique l'entendement avec ces schèmes, nous l'appellerons le schématisme de l'entendement pur".

Le schème est un produit de l'imagination mais il n'est pas une image (explication dans le prochain message).

descriptionCritique de la raison pure - Page 49 EmptyRe: Critique de la raison pure

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Kant prend l'exemple du nombre 5. Si je place 5 points l'un derrière l'autre j'ai une image. Mais si je pense  "5" (au lieu donc de le figurer par 5 points) je le pense comme méthode pour représenter le nombre 5 dans une image.

Page 226 :

"C'est alors cette représentation d'une méthode générale de l'imagination pour procurer à un concept son image que j'appelle le schème correspondant à ce concept".

Les concepts sensibles purs sont construits à partir des schèmes qui existent dans la pensée et non à partir d'images. Ainsi le concept du triangle ne repose pas sur une image  mais sur une méthode de construction du triangle.

Si je pense le cercle, c'est à partir de cette pensée du cercle que je vais construire le cercle. Le cercle va apparaitre, en construction. Comment ? en suivant une méthode, le schème. Le cercle ne surgit pas d'une image, il surgit d'une méthode de construction. La pensée du cercle ne réfère pas à une image mais à un schème, à une méthode de construction.

Page 227 :

"Le schème d'un concept pur de l'entendement est [...] la synthèse pure accomplie conformément à une règle de l'unité d'après des concepts en général, laquelle règle est exprimée par la catégorie."

Le schème est un produit transcendantal de l'imagination qui détermine le sens interne dans sa forme pure (le concept) avec ses représentations, lesquelles s'articulent a priori dans un concept conformément à l'unité de l'aperception.

Kant reconnaît que ce mécanisme, catégorie - schème - détermination du sens interne reste "un art caché dans les profondeurs de l'âme humaine, dont nous arracherons toujours difficilement les vrais mécanismes".

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La grandeur comme catégorie (quantité) a pour schème le nombre, "lequel est une représentation qui embrasse l'addition successive de l'unité à l'unité".

Le nombre est l'unité de la synthèse du divers compris dans une intuition. Cette synthèse est possible par construction du temps dans l'appréhension de l'intuition (nous avons vu ce processus dans un chapitre précédent à propos des trois synthèses; le présent est constitué par rassemblement des moments infinitésimaux du temps).

La réalité (catégorie de la qualité) indique l'existence dans le temps, ce qui correspond à une sensation en général.

La négation (catégorie de la qualité) indique la non-existence dans le temps.

Le schème d'une réalité est : quantité de quelque chose, "toute réalité est susceptible d'être représentée comme un quantum". "Le schème d'une réalité comme quantité de quelque chose est la production continue et uniforme de cette réalité dans le temps, au fil de quoi l'on descend, dans le temps, de la sensation possédant un certain degré jusqu'à sa disparition, ou bien l'on monte progressivement de la négation de cette sensation jusqu'à la grandeur qui la caractérise".

Le schème de la substance (relation) est la persistance du réel dans le temps. "Le temps ne s'écoule pas, mais en lui s'écoule l'existence de ce qui est soumis au changement". Au temps, immuable, correspond dans le phénomène ce qui est immuable : la substance. C'est en elle que sont déterminées la succession et la simultanéité temporelles des phénomènes.

Le schème de la cause (relation) consiste dans la succession du divers en tant qu'elle est soumise à une règle.

Le schème de la communauté-action réciproque (relation) est la simultanéité des déterminations de l'une avec celles de l'autre d'après une règle générale.

Le schème de la possibilité (modalité) est la détermination de la représentation d'une chose relativement à un temps quelconque.

Le schème de la nécessité (modalité) est l'existence d'un objet en tout temps.

Page 229 :

"Les schèmes sont des déterminations a priori du temps d'après des règles et ces déterminatons portent sur la série du temps, le contenu du temps, l'ordre du temps et enfin l'ensemble du temps relativement à tous les objets possibles".

Le schématisme de l'entendement vise à l'unité de l'intuition dans le sens interne et à l'unité de l'aperception.

Les schèmes des catégories procurent à celles-ci une relation à des objets.

Les catégories dont l'usage ne peut qu'être empirique servent à soumettre, à l'aide des principes d'une unité nécessaire a priori, des  phénomènes à des règles générales de synthèse.

La vérité transcendantale précède toute vérité empirique et la rend possible.

Les schèmes réalisent  les catégories mais ils les restreignent aussi à la sensibilité. Si, par exemple, nous prenons la substance et que nous mettons entre parenthèses la détermination sensible de la persistance, elle ne signifie plus qu'un quelque chose qui peut être pensé comme sujet sans être prédicat de quelque chose d'autre.
Cette représentation n'indique pas quelles déterminations possèdent la chose qui est ainsi premier sujet.

Page 230 :

"Les catégories, sans schèmes, sont seulement des fonctions  de l'entendement relativement à des concepts, mais ne représentent aucun objet. Cette signification [représenter un objet] leur vient de la sensibilité, qui réalise l'entendement".

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Chapitre II : système de tous les principes de l'entendement pur.

Première section : du principe suprême de tous les jugements analytiques.

La condition universelle de tous nos jugements c'est qu'ils ne se contredisent pas eux-mêmes. Le principe qui énonce : à nulle chose ne convient un prédicat qui la contredise Kant l'appelle le principe de contradiction. Il constitue un critère universel bien que négatif de toute vérité.

Dans le jugement analytique sa vérité est reconnue d'après le principe de contradiction.

Page 232 :

"Aussi devons-nous reconnaître au principe de contradiction la valeur de principe universel et pleinement suffisant de toute connaissance analytique".

Rappelons qu'un jugement analytique est un jugement dans lequel le prédicat est contenu ou est extrait du sujet. Autrement dit un jugement analytique  ne nous apprend rien sur le sujet.


Exemple (cité par Kant) : un ignorant n'est pas instruit.

Si je lui soumets le principe de contradiction : un ignorant est instruit,  je vois que le prédicat contredit ici le sujet et ne lui convient donc pas. Que le prédicat ici ne convienne pas au sujet est donc bien une vérité. Cela dit nous sommes ici face à une évidence. Si je livre un prédicat qui contredit la définition même du sujet, je tombe sur cette proposition : une chose est ceci et n'est pas ceci, ce qui est impossible.


Deuxième section : du principe suprême de tous les jugements synthétiques.

Dans les jugements synthétiques il faut sortir du concept considéré (le sujet du jugement) et le rapporter à "quelque chose de tout autre que ce qui s'y trouvait pensé". Pour un tel type de jugement, considéré en lui-même, il n'y a a priori ni vérité, ni erreur. Si par exemple je dis "cette table est verte" j'émets bien un jugement synthétique (le vert n'est pas élément constitutif d'une table) dont je ne peux affirmer ni la vérité, ni la fausseté, dès lors que je m'en tiens au jugement en soi. Il faudra que je rapporte ce jugement à l'expérience pour en apprécier la vérité ou la fausseté.

Nous avons donc là deux concepts, sujet et prédicat, dont l'un, le prédicat, n'est pas contenu dans l'autre, le sujet. Nous avons donc deux concepts "étrangers" l'un à l'autre. Comment alors pouvons-nous les rapprocher synthétiquement ? Grâce à un troisième terme, à un medium, le medium de tous les jugements synthétiques. Quel est ce medium ? C'est le sens interne et sa forme a priori, le temps. Rappelons que les représentations issues du sens externe, dont la forme pure est l'espace, sont aussi in fine représentées, interiorisées dans le sens interne.

Kant en vient ensuite aux deux sortes de jugements synthétiques, les jugements synthétiques empiriques et les jugements synthétiques a priori.

Si une connaissance doit avoir une réalité objective (un jugement synthétique empirique) il faut que l'objet soit donné. Donner un objet n'est pas autre chose qu'en rapporter la représentation à l'expérience effective ou possible. Même si l'expérience n'est pas effective, la possibilité de l'expérience suffit à donner de la réalité objective à toutes nos connaissances a priori.

Les propositions synthétiques a priori en revanche paraissent inaptes à procurer de vraies connaissances puisqu'elles ne possèdent pas d'objet issu de l'expérience. Nous avons des connaissances a priori dans des jugements synthétiques qui ne réfèrent à aucune expérience, mais qui réfèrent tout de même à des objets issus de l'imagination productive et réalisés dans la forme pure de l'espace (nous pouvons produire un cercle sur une feuille de papier). Quid de ces connaissances a priori ? Elles ne sont rien sans l'expérience mais dès lors qu'elles se développent dans l'espace et que l'espace est "la condition des phénomènes constituant la matière de l'expérience externe" alors ces jugements synthétiques purs peuvent se rapporter aussi "bien que de façon seulement médiate, à l'expérience possible". "Tel est l'unique fondement sur lequel les jugements synthétiques purs font reposer la validité objective de leur synthèse". Ainsi les jugements synthétiques a priori sont possibles  (au sens : ils apportent une connaissance) si nous les relions à une expérience possible.

Page 236 :

"Le principe suprême de tous les jugements synthétiques est le suivant : tout objet est soumis aux conditions nécessaires de l'unité synthétique du divers de l'intuition, dans une expérience possible".

"C'est de cette façon que des jugements synthétiques a priori sont possibles, quand nous rapportons les conditions formelles de l'intuition a priori (ces conditions sont les deux synthèses vues plus haut : celle de l'imagination et celle de l'unité nécessaire de celle-ci dans une aperception transcendantale) à une connaissance expérimentale possible (qui se substitue donc ici à la première synthèse, la synthèse de l'appréhension dans l'intuition) et que nous disons :
Les conditions de la possibilité de l'expérience en général sont en même temps conditions de la possibilité  des objets de l'expérience  et elles ont pour cette raison une validité objective dans un jugement synthétique a priori".
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