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Critique de la raison pure

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descriptionCritique de la raison pure - Page 50 EmptyRe: Critique de la raison pure

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Troisième section : représentation systématique de tous les principes synthétiques.

Toutes les lois de la nature sont soumises aux principes supérieurs de l'entendement, ces lois appliquant ces principes aux phénomènes. L'expérience fournit le cas qui est soumis à la règle, celle de l'entendement via le principe (le schème).

L'usage de la synthèse des concepts purs de l'entendement en relation avec l'expérience possible est soit mathématique, soit dynamique.

L'usage mathématique porte sur l'intuition dans ses conditions a priori, lesquelles sont nécessaires, l'usage dynamique porte sur l'existence d'un phénomène dont les conditions sont contingentes.

Rapelons que Kant divise la table des catégories en deux sections dont la première se rapporte à des objets de l'intuition pure et empirique : catégories de la quantité et de la qualité, tandis que la seconde se rapporte à l'existence de ces objets soit dans la relation qu'ils entretiennent les uns avec les autres, soit en relation avec l'entendement : catégories de la relation et de la modalité. Les catégories de la première section sont : mathématiques, celles de la seconde section sont : dynamiques.

La table des catégories sert de guide à Kant pour établir la table des principes "puisque ceux-ci ne sont rien d'autre que des règles (schèmes) pour l'usage objectif des catégories " (page 238). Soit la table suivante (avec concordance avec celle des catégories).

                  Table des principes                                                        Table des catégories

             1) Axiomes de l'intuition                                                        1) de la quantité   

             2) Anticipation de la perception                                             2) de la qualité

             3) Analogies de l'expérience                                                 3) de la relation

             4) Postulats de la pensée empirique en général                     4) de la modalité            

Les deux premiers principes  :  axiomes de l'intuition et anticipation de la perception sont les principes mathématiques, ils donnent lieu à une certitude intuitive.

Les deux principes suivants  :  analogies de l'expérience et postulats de la pensée empirique en général sont les principes mathématiques, ils ne sont susceptibles que d'une certitude discursive (qui repose sur le raisonnement).

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a) Axiomes de l'intuition


Le principe en est : toutes les intuitions sont des grandeurs extensives.

Preuve.

Les fondements a priori des phénomènes sont les formes pures de l'intuition, l'espace et le temps. Les représentations d'un espace et d'un temps déterminés sont produites à travers la synthèse du divers, id est à travers la composition de l'homogène et la conscience de l'unité synthétique de cette diversité homogène. Ce que Kant appelle homogène ce sont les objets de même nature. Ainsi les deux triangles issus de la division d'un carré par une diagonale sont homogènes l'un à l'autre.

Page 239 :

"La conscience d'une diversité homogène dans l'intuition en général...est le concept d'une grandeur".

L'unité de la composition du divers homogène est pensée dans le concept d'une grandeur.

Page 240 :

"Autrement dit, les phénomènes sont tous globalement des grandeurs ...et plus précisément des grandeurs extensives" (qui croissent par ajout d'unités).

"J'appelle grandeur extensive celle où la représentation des parties rend possible la représentation et donc la précède)".

Ainsi je peux me représenter une ligne qu'en la tirant à partir d'un point puis en lui donnant progressivement une extension. Il en est ainsi du temps. La pensée que nous avons du temps contient l'addition successive d'instants ce qui produit une certaine grandeur de temps déterminée.


Page 240 :

"C'est sur cette synthèse successive de l’imagination productive...que se fonde ..la géométrie avec ses axiomes exprimant les conditions de l'intuition sensible a priori sous lesquelles seulement le schème d'un concept pur...peut se mettre en place".

Interprétation : les axiomes de la géométrie (les axiomes euclidiens à l'époque de Kant) permettent au schème d'un concept pur d'agir. Le concept pur semble être ici la catégorie de la quantité et le schème la grandeur.

Kant cite les deux axiomes suivants : entre deux points une seule droite est possible, aucun espace n'est enfermé par deux lignes droites. Les grandeurs semblent être les lignes droites.

Notons que Kant se place ici au niveau de l'imagination productive, celle qui est mobilisée par la spontanéité de l'entendement et non au niveau de l'imagination reproductive laquelle est empirique (mobilisée par l'expérience réelle (et non l'expérience possible) qu'il s'agit d'appréhender et de reproduire dans l'imagination).

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A côté des axiomes de la géométrie qui permettent au schème de la grandeur de se mettre en place il existe des formules numériques afférentes à l'arithmétique qui permettent la mise en place du concept de quantité (savoir combien une chose est grande). Ces formules numériques sont en général singulières en tant qu'elles portent sur des cas donnés et non sur des généralités.

Exemple : 7 + 5 = 12 est pour Kant une proposition numérique synthétique. Cette proposition est synthétique selon lui au motif que le prédicat 12 ne peut être pensé ni dans 5 ni dans 7. J'ai déjà crtiqué plus haut cette assertion au motif que le signe égal définit  une relation d'équivalence en mathématiques, c'est-à-dire qu'il est indifférent d'écrire 7 + 5 = 12 ou 12 = 7 + 5, avec cette remarque qu'écrite ainsi cette proposition permet de penser que 7 et 5 sont ici bien pensés dans 12. Un jugement n'a pas le caractère d'une relation d'équivalence. Dans un jugement l'ordre de lecture est fondamental puisqu'il y a un sujet, une copule et un prédicat. Dans une relation d'équivalence il n' y a plus ni sujet ni prédicat. Aussi l'exemple de Kant qui pense l'égalité comme homogène à un jugement est-il limite.

Kant oppose le caractère singulier des formules numériques de l'arithmétique au caractère général des axiomes de la géométrie. Par exemple il suffit de produire, dans l'imagination productive, trois droites quelconques (non parallèles entre elles, selon des sections suffisamment grandes pour respecter l'inégalité triangulaire) pour construire tous triangles.

Ce principe transcendantal (toutes les intuitions sont des grandeurs extensives) rend la mathématique pure applicable aux objets de l'expérience. L'intuition empirique n'est possible que par l'intuition pure de l'espace et du temps donc ce que la géométrie dit de l'intuition pure vaut aussi pour l'intuition empirique.

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b) Anticipations de la perception

Le principe en est : dans tous les phénomènes, le réel, qui est un objet de la sensation, possède une grandeur intensive, c'est-à-dire un degré.

Preuve.

La perception est la conscience empirique id est une conscience dans laquelle intervient une sensation. Les phénomènes  contiennent le réel de la sensation. Celle-ci constitue une représentation subjective par laquelle on prend conscience que le sujet est affecté. La conscience d'être affecté conduit le sujet à rapporter le réel de la sensation à un objet en soi. La notion de chose en soi exprime le corrélat général de l'affection : la conscience d'une extériorité.

La sensation n'est pas une représentation objective, elle ne participe pas, en soi, ni à l'espace ni au temps, elle n'a donc pas de grandeur extensive. Mais il lui revient une grandeur intensive (la conscience empirique peut croitre depuis rien = 0 à une mesure donnée du réel de la sensation). Cette grandeur intensive est un degré d'influence sur les sens et doit être attribuée à tous les objets de la perception en ce que celle-ci contient de la sensation.

Kant appelle "anticipation" toute connaissance par laquelle il est possible de déterminer a priori ce qui appartient à la connaissance empirique. La sensation ne peut, elle, être anticipée : elle appartient à l'expérience (affection par une extériorité). Néanmoins il est possible d'anticiper a priori qu'il y a un réel de la sensation caractérisé par sa grandeur intensive, par son intensité dirait-on aujourd'hui, par son degré. Ce qui est ici anticipé a priori c'est le fait donc que tout réel de la sensation a un degré.  

Page 244 :

"Ce qui dans l'intuition empirique correspond à la sensation est la réalité, ce qui correspond à son absence est la négation = 0". "Toute réalité dans le phénomène possède une grandeur intensive, c'est-à-dire un degré". "Le degré désigne uniquement la grandeur dont l'application est non pas successive mais instantanée".

Toute sensation donc toute réalité présente dans le phénomène possède un degré qui peut varier et même être toujours diminué, ce qui fait qu'il y a entre réalité et négation (non-réalité) un enchainement continu de réalités possibles.

Kant prête à la grandeur extensive (voir paragraphe précédent sur les axiomes de l'intuition) et à la qualité (ici la grandeur intensive) le caractère de la continuité. Il conçoit la continuité comme on la conçoit en mathématique, c'est-à-dire comme un déroulé sans aucune discontinuité (voir le théorème des valeurs intermédiaires par exemple). Dans une telle conception il n'existe pas de plus petite partie possible, toute partie est divisible. Ce concept de continuité n'est pas retenu en physique, confer les quanta d'énergie par exemple : il existe un plus petit quantum possible d'énergie. C'est même ce principe de continuité qui ne permettait pas de comprendre le rayonnement du corps noir jusque dans le début des années 1900. Le "quantum" d'énergie, en rompant le principe de continuité, a d'ailleurs créé une vraie stupéfaction.

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Tous les phénomènes sont donc des grandeurs continues. Mais quand la synthèse du divers du phénomène est interrompue ou achevée, la continuité du phénomène est stoppée et l'on passe alors à la synthèse d'un autre phénomène. L'agrégation de plusieurs phénomènes non continus l'un par rapport à l'autre ne remet pas en cause la continuité du phénomène en tant que quantum.

Kant prend l'exemple de 13 thalers. Quand on les considère comme formant une quantité d'argent nous sommes dans la continuité. En effet cette quantité d'argent garde sa qualité d'argent et dans chaque partie d'argent considéré il en existe toujours une plus petite pouvant former une pièce d'argent. Mais si nous considérons ces 13 thalers, non plus sous le rapport de leur qualité, mais sous le rapport de leur nombre, il s'agit alors d'un agrégat et non plus de continuité.

Toute réalité présente dans la perception présente un degré. Dans tout phénomène il y a une réalité  : "Ce qui veut dire (page 246) que ne peut de l'expérience jamais être tirée une preuve que l'espace est vide ou que le temps est vide". Kant critique les physiciens qui, constatant (page 247) une grande différence concernant la quantité de matière d'espèces différentes occupant un même volume, en concluent unanimement que ce volume (grandeur extensive du phénomène) doit contenir du vide". Kant souligne que ces physiciens fondent ainsi leur conclusion sur cette supposition métaphysique : le réel présent dans l'espace est de toute part d'une seule espèce (la matière considérée) et ne pourrait se différencier que par la grandeur extensive (le nombre). Il oppose aux physiciens  l'argumentation suivante : tout réel possède son degré de résistance ou de poids même si ce degré tend vers 0. En quelque sorte, pour lui, dès lors qu'il y a phénomène, il y a réalité, laquelle a un degré, même infiniment petit, il n' y a donc pas de vide. Le réel s'oppose au degré 0, il représente "quelque chose".

Page 248 :

"On peut faire totalement abstraction de la grandeur extensive du phénomène et se représenter pourtant dans la simple sensation, en un unique moment, une synthèse de la progression uniforme qui fait monter de 0 jusqu'à la conscience empirique donnée". Toutes les sensations possèdent cette propriété d'avoir un degré, propriété connue a priori. Il faut reconnaître que cette assertion de Kant qui défend l'idée d'une progression synthétique de l'intensité d'une sensation dans un instant unique est paradoxale, sauf à considérer que le temps n'est plus alors synthèse de moments, mais qu'il s'agit alors de temps en soi, forme "immobile".
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