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Corps et philosophie.

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3 participants

descriptionCorps et philosophie. EmptyCorps et philosophie.

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Il y a quelques années maintenant, je lisais un passage d’Anthropologie du corps et modernité de Le Breton, où il s'agit de la relation corps/esprit au travers de données ethnographiques illustrant la connivence des "tissus" organiques et symboliques.

Les réflexions de cet extrait partent de l'observation d'interventions chamaniques sur des femmes dont l'accouchement est entravé et douloureux. Le chamane imprime un sens à la souffrance absurde de la femme, par les rituels et le mythe il pacifie les sensations en les rapportant à l'ordre cosmique, et l'accouchement est libéré. Il faisait aussi référence aux observations, que l'on doit à Lévi-Strauss je crois, d'individus décédés des suites d'une malédiction... (L'interprétation était : le ''tissu'' social se délite autour d'eux ; chacun considérant qu'ils sont déjà morts, les victimes meurent en effet.) Bref, tout ça donne à penser que l'organique et le culturel sont intimement liés, voire qu'ils sont une seule et même chose.

Les développements étaient intelligents et l'idée séduisante, mais sa traduction dans la réalité restait imprécise. Et je vous le demande : en quoi votre corps est-il traversé par le langage, et la chair "nouée en symboles" ?

Comme souvent, c'est un problème de définitions. Imaginons un instant qu'il soit erroné de réduire le corps à la planche anatomique. Il y a bien sûr le substrat matériel, mais n'est-il pas arbitraire d'y restreindre notre compréhension de ce qu'est le corps ? Le corps d'un individu, dans la durée, c'est son devenir. Ce sont des mouvements qu'il effectue, sa confrontation avec le monde via la sensibilité, l'intelligence et le travail (dans le sens de l'activité, production/création). On comprend déjà mieux comment ce corps-là peut être pétri de culture...

Comment le devenir du corps s'organise-t-il ? Quelle en est la ''chair'', quels sont ses organes ? Et quel rôle l'esprit y joue-t-il ? Nous nous demanderons aussi où s'arrête ce corps, quelles sont ses limites. (J'invite chacun à se référer à sa propre expérience : nous tous avons un corps sous la main ; autant y éprouver nos réflexions.)

Dernière édition par Zingaro le Sam 7 Nov 2015 - 10:56, édité 1 fois

descriptionCorps et philosophie. EmptyRe: Corps et philosophie.

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Vous disposez de deux références en la matière (parmi d'autres évidemment) :

  • Merleau-Ponty, en premier lieu sa Phénoménologie de la perception (pour une approche stimulante, vous disposez d'un cours en ligne sur le site de la faculté de médecine Pierre et Marie Curie,
  • Henri Atlan, Entre le cristal et la fumée.


Je vous recommande aussi une approche sémiotique (Roland Barthes, par exemple).

Dernière édition par Euterpe le Ven 22 Juil 2022 - 2:34, édité 2 fois

descriptionCorps et philosophie. EmptyRe: Corps et philosophie.

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Merci Euterpe. Tout cela est passionnant !

Si, toujours dans le cadre de ce sujet, j'évoque les rapports de l'artiste à l'œuvre, des références vous viennent-elles en tête ?
Il me semble que l’œuvre d'art pourrait être considérée comme un organe du "corps-sens" de l'artiste...

(Il n'y a pas de terme qui renvoie directement à cette idée dans vos liens ; mais je n'ai pas fini le dernier.)

Le corps-sens est l'existence, la sensation et la conscience d'un sens, lequel affecte en retour la signification et le devenir du corps-propre (si j'ai bien compris). Une manifestation évidente et "parfaite" du corps-sens tel qu'il s'élabore dans notre culture est l'identité narrative. Il renvoie assez lointainement à l'âme...

Le cosmos moderne est animé, entre autres, par la mythologie individualiste, où la valeur de l'agir s'évalue d'après un devenir individuel, qu'il sert et qui fonde en retour sa valeur. Autrement dit, nous supposons que le but de nos actes est de nous servir individuellement, éventuellement au travers de la collectivité, en tout cas dans la mesure qu'elle autorise. Cette mythologie se traduit dans les rapports sociaux par un certain nombre de revendications qui s'appuient sur des conceptions de l'homme, de soi et du corps (qu'on retrouve dans le droit).

Un des thèmes importants est l'intériorité (on pourrait parler du mythe de l'intériorité, pour en marquer l'aspect performatif, dans la continuité des idées de l'extrait d’Anthropologie du corps et modernité). Il pourrait être intéressant d'étudier la place de l'œuvre dans l'intériorité de l'artiste, et le rôle de sa reconnaissance par des tiers dans l'affirmation d'une individualité. L’œuvre artistique exprime une intériorité qu'elle ancre dans le monde et les esprits. Elle peut être pensée comme un moyen pour dépasser l'aspect fictif du mythe de l'intériorité, dont elle serait l'aboutissement, la réalisation finale. En quoi tous les individus tendent à devenir artistes, chacun étant chaudement convié à ancrer et voir validée une intériorité qui le définisse et le place en cohérence avec le "cosmos", la trame individualiste.

Dernière édition par Zingaro le Sam 7 Nov 2015 - 10:57, édité 1 fois

descriptionCorps et philosophie. EmptyRe: Corps et philosophie.

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Zingaro a écrit:
Le cosmos moderne est animé, entre autres, par la mythologie individualiste, où la valeur de l'agir s'évalue d'après un devenir individuel, qu'il sert et qui fonde en retour sa valeur. Autrement dit, nous supposons que le but de nos actes est de nous servir individuellement, éventuellement au travers de la collectivité, en tout cas dans la mesure qu'elle autorise. Cette mythologie se traduit dans les rapports sociaux par un certain nombre de revendications qui s'appuient sur des conceptions de l'homme, de soi et du corps (qu'on retrouve dans le droit).

[...]

L’œuvre artistique exprime une intériorité qu'elle ancre dans le monde et les esprits. Elle peut être pensée comme un moyen pour dépasser l'aspect fictif du mythe de l'intériorité, dont elle serait l'aboutissement, la réalisation finale. En quoi tous les individus tendent à devenir artistes, chacun étant chaudement convié à ancrer et voir validée une intériorité qui le définisse et le place en cohérence avec le "cosmos", la trame individualiste.

Que désigne ce que vous appelez "cosmos moderne" ?

Parler de l'œuvre d'art en termes si généraux vous maintiendra dans le vague. Vous ne pouvez faire l'économie de données historiques, de distinctions de toutes sortes pour constituer un ensemble cohérent d'informations en la matière. Or vous entrez dans un puits sans fond, pour la simple raison que le corps est omniprésent, particulièrement en Occident, dans à peu près toutes les manifestations "culturelles", depuis toujours, et à propos d'à peu près tout (la mort, la force, le désir, le langage, etc.).

Un cours universitaire de plus de 400 pages, accompagné d'une bibliographie indicative.

Dernière édition par Euterpe le Ven 22 Juil 2022 - 2:37, édité 2 fois

descriptionCorps et philosophie. EmptyRe: Corps et philosophie.

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le corps est omniprésent, particulièrement en Occident

En quoi l'y est-il plus qu'ailleurs ?
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