aristippe de cyrène a écrit: Avoir des bases en langue ne signifie pas les parler couramment.
Est-ce que j'écris dans un français compréhensible, ou bien la langue que j'emploie est étrangère au point de vous échapper ? Je ne vous parle pas de bases linguistiques. Je vous dis clairement que Bonnefoy parle couramment des dizaines de langues. Toute l'information est dans l'énoncé lui-même. Ne cherchez pas midi à quatorze heures. Que les rares personnes qui travaillent en ce monde suscitent l'étonnement, soit, qu'on se mette à douter de leur travail pour la seule raison qu'on ne sait pas ce que c'est, non. Bonnefoy n'est pas le lycéen ou le touriste qui balbutie des langues en tenant un guide touristique à la main.
aristippe de cyrène a écrit: L’ambition de nombreux linguistes serait d’établir une corrélation entre la pensée et les mots pour le dire.
C'est plus qu'une ambition. La corrélation entre langage et pensée est établie. Quant à savoir si la pensée est toute dans le langage, c'est ce qu'il serait imprudent de supposer, au moins parce que si les hommes pensent, ils ne sont probablement pas les seuls.
aristippe de cyrène a écrit: cette ambition, qui passe par la préséance de la pensée qui permet de fonder l’hypothèse d’un langage universel
Cette ambition qui n'en est pas une, donc, ne passe pas par la préséance de la pensée, mais par l'articulation inextricable du langage et de la pensée, et plus exactement de la pensée avec la langue particulière qui lui donne sa forme et permet de l'exprimer.
aristippe de cyrène a écrit: contredite par Nietzsche qui disait que toute croyance est d’abord dictée par la grammaire ? Car pour lui, c’est la structure même d’une phrase qui dicte notre rapport au monde, notre rapport d’objectivation de rapport à objet.
Ça ne change rien à l'affaire, en l'occurrence. Chaque langue a sa grammaire (ou pas). Par exemple, la grammaire anglaise est minimaliste, mais, et peut-être de ce fait même, plus que d'autres langues qui sont très structurées et codifiées par la grammaire, c'est un ensemble d'expressions idiomatiques, une langue plus orale que scripturale, qui la rend presque intraduisible, sachant que l'anglais disons standard est facile à traduire précisément parce qu'il n'est quasiment plus de l'anglais, mais une langue internationale, presque universelle, avec les défauts inhérents à la chose : part idiomatique réduite à néant (or
idiome signifie
particulier,
qui est propre à, donc intraduisible, transposable au mieux), part communicationnelle maximale ; on communique, on ne (se) parle pas.
aristippe de cyrène a écrit: Est-ce donc la pensée qui dicte le langage ou le langage qui dirige la pensée. Émile Benvéniste lui-même disait que les 10 catégories de l’être d’Aristote étaient d’abord dictées par la structure du grec plus qu’elles n’étaient dictées par une réflexion autonome.
C'est le cas de toutes les langues et de toutes les personnes qui les parlent.
aristippe de cyrène a écrit: Néanmoins, soutenir la thèse qu’il y a un déterminisme linguistique sur la pensée est extrêmement difficile car même après plus de 70 ans de recherche et de débats, on n’a pas pu prouver que les différences entre les langues entraînait des différences de pensée.
Ce n'est pas le genre de choses qu'on prouve. Il n'y a donc rien à prouver. C'est empirique. Autrement dit la preuve même est dans la diversité des langues.