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La théorie sur la conscience de Dehaene en question

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11 participants

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PhiPhilo a écrit:
je croyais qu'un brin d'ADN était constitué d'un certain nombre de nucléotides, chacun comprenant un acide nucléique (adénine, guanine, thymine ou cytosine), d'un désoxyribose et d'un phosphate

Là, vous parlez du Monde 1 de la cellule... Mais continuez donc, ça m'intéresse.

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Phiphilo a écrit:
on en reste là au niveau de la psychologie individuelle et on fait l'impasse sur les conditions sociales d'existence des organismes biologiques (pas uniquement humains, d'ailleurs) qui imposent à l'intelligence des contraintes de communication, de compréhension et d'ajustement mutuels

à supposer que l'intelligence soit bien une instance d'information du corps, il n'y a aucune raison de réduire cette fonction à une représentation du monde extérieur pour l'organisme percevant, ce qui impose la notion d'image mentale et suscite toute une série de difficultés conceptuelles (sophisme de l'homoncule, statut de l'image des objets inexistants, nature des "représentations" non-visuelles, etc.) ; en d'autres termes, l'information peut être conçue, au sens étymologique du terme, comme une in-formation, c'est-à-dire comme la faculté de donner une forme à la matière corporelle (cf. mon article).


 
Pour vos deux remarques, j’extrais un infime éclat d’un article que vous avez publié le jeudi 3 décembre 2015 sur votre blog pour essayer de vous répondre :
De là l'idée que comprendre un acte humain, ou, plus exactement, comprendre ce qu'il y a de proprement humain dans un acte, ne consiste pas à décrire un processus mécanique dont l'acte serait le terme ultime (12). C'est plutôt inévitablement en faire une description phénoménologique, c'est-à-dire une description de l'intention de l'agent en tant que cette intention révèle la pensée de l'agent (sa conscience) à la fois à l'agent lui-même et au monde.

(12) Entre la volonté consciente et l'acte, à la manière du Descartes du Traité des Passions, ou bien entre une instance psychique inconsciente et l'acte, à la manière de la psychanalyse freudienne.

Ainsi ce que j’ai proposé dans ma dernière participation, c’est une ouverture d’occurrences pour faire correspondre le réel et le corps par le moyen-terme des sens, et donner ainsi une possibilité de reprendre la question de la conscience et donc de la dualité corps/esprit, avec un nouveau regard simplifié.
 
Alors que mon but n’était pas de faire le tour de toutes les ‘‘contraintes’‘ de communication, de compréhension et d’ajustements mutuels qui sont liées au devenir du vivre ensemble, ni de faire une description phénoménologique de ce vivre ensemble, mais plutôt de retourner à une base universelle de correspondance du corps avec son milieu de vie…
 
Pareillement et pour votre deuxième remarque, je n’ai pas voulu réduire la place de l’intelligence à une fonction de simple régulation ou de recombinaison des sensations, avec le risque des difficultés que vous énumérez judicieusement, mais de repositionner l’intelligence comme mouvement naturel, face aux autres mouvements de la nature qui nous sont intelligibles (entre autres) par les catégories saisies à partir des expériences sensibles (voir les pages 143 et suivantes du très bon livre de Paul Jorion, Comment la vérité et la réalité furent inventées, Gallimard 2009 )

Donc ce qui me semble être une distinction (et pas une séparation) inévitable, c‘est celle de l’intelligence et des raisonnements, dont le langage est un signe, ou mieux encore un pont entre l'intelligence et les raisonnements, car si le langage s’est établit lui-même en ces premiers moments comme un raisonnement en substitution de la mémoire, sorte de recherche d'une continuité entre les individus par-delà l’altérité, de même l’intelligence a cherché une continuité avec le réel par-delà les sensations, une unité de sens et donc de finalité...
Et c’est même là une des capacités adaptatives de notre espèce, mais qui porte aussi en elle une limite (tragique dans certains cas) c’est que l’augmentation des possibilités d’agir, en qualité et en quantité (et en inversant trop souvent ces deux catégories), a formé un nouveau monde artificiel de contraintes encore plus prégnant que les milieux de vies naturels, mais surtout un monde construit d’irréversibilités qu’il n’est pas temps ici d’analyser.
 
Bref, je comprends vos remarques et j’en prends note, mais encore une fois il ne s’agissait pas dans cet exposé de décrire ou d’expliciter toutes les conséquences des liens entre le réel et nos corps en vie…
 
P.S. : Si j’ai même inclus les quatre éléments à cette ouverture d’occurrences, c’est qu’il m’est évident que chacun de nos cinq sens ont été formé au cours de l’évolution biologique par un des éléments en priorité, ce qui m’a toujours semblé une bonne piste pour commencer à réfléchir sur l'origine de l’apport d’informations que l’intelligence naturelle tire du milieu de vie, mais qui évidemment peut, il est vrai surprendre, en notre monde de raisonnements scientifiques.

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En reprenant une expression trouvée dans le livre déjà cité (L'avenir est ouvert), on peut dire que le monde 1 est le monde de la réalité substantielle, celle à laquelle on peut appliquer des méthodes quantitatives. Dans le cas du cerveau, l'intervenant dit qu'elle est différente de la conscience, qui "est un côté intérieur subjectif, une intériorisation de notre comportement... il s'agit d'une qualité de l'activité du cerveau qui apparaît à un certain degré de complexité de l'organe cervical". Pour la réalité substantielle de la cellule, nous disposons d'un inventaire de biomolécules, de leurs conformations, de leurs compositions, de leurs abondances, des réactions chimiques dans lesquelles elles peuvent être engagées, etc... En continuant la lecture du livre, je reprends une autre expression utilisée pour le cerveau : il doit exister dans la cellule, au-dessus de la réalité substantielle, une couche de réalité fonctionnelle méta-organique. Dans le livre cette expression désigne en fait la Culture humaine, donc le monde 3. Je n'essaie pas d'appliquer un isomorphisme cerveau-cellule mais je cherche des notions qui peuvent être utiles pour la description de la cellule. A ce stade, je ne vois pas ce que seraient le monde 2 ou le monde 3 de la cellule. J'évite encore plus certainement de parler, par anthropomorphisme, de monde mental et de conscience cellulaire ou de Culture cellulaire. Néanmoins, la notion de réalité fonctionnelle méta-organique a sans doute déjà été étudiée en biologie théorique ou philosophie de la biologie, et j'envisage que le problème énergie-information se situe à ce niveau. Cette approche privilégie aussi une opposition à l'idée, peut-être intuitive chez certains, que la cellule aurait des sensations et une conscience, sans nier pour autant l'existence d'un niveau supra-organique, qui n'est pas métaphysique ou spirituel mais est une propriété de la matière organisée que l'on appelle matière vivante.

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Zeugme a écrit:
Alors que mon but n’était pas de faire le tour de toutes les ‘‘contraintes’‘ de communication, de compréhension et d’ajustements mutuels qui sont liées au devenir du vivre ensemble, ni de faire une description phénoménologique de ce vivre ensemble, mais plutôt de retourner à une base universelle de correspondance du corps avec son milieu de vie…
 
Pareillement et pour votre deuxième remarque, je n’ai pas voulu réduire la place de l’intelligence à une fonction de simple régulation ou de recombinaison des sensations, avec le risque des difficultés que vous énumérez judicieusement, mais de repositionner l’intelligence comme mouvement naturel, face aux autres mouvements de la nature qui nous sont intelligibles (entre autres) par les catégories saisies à partir des expériences sensibles.


J'entends bien, mais il importe, me semble-t-il de préciser en quoi les conditions qui rendent nécessaire l'exercice d'une fonction ne sont, en général, pas des conditions suffisantes. De ce point de vue, la métaphysique, fût-elle humienne ou phénoménologique, encourt souvent le même reproche que la science : une prétention exorbitante à l'universalité qui les conduit à oublier que l'adéquation de ce qu'elles affirment avec la réalité est toujours relative à un certain contexte. D'où l'avantage des points de vue holistes (Spinoza, Quine, Bourdieu) ou transcendantaux (Aristote, Kant, Wittgenstein) qui, certes, prennent parti, mais renvoient toujours explicitement à un arrière-plan général sur fond duquel leurs prises de position peuvent être appréciées et critiquées.

PhiloGL a écrit:
Je n'essaie pas d'appliquer un isomorphisme cerveau-cellule mais je cherche des notions qui peuvent être utiles pour la description de la cellule. A ce stade, je ne vois pas ce que seraient le monde 2 ou le monde 3 de la cellule. J'évite encore plus certainement de parler, par anthropomorphisme, de monde mental et de conscience cellulaire ou de Culture cellulaire.

Voilà qui me rassure. J'avais cru comprendre que vous attribuiez à l'ADN une faculté d'expression propositionnelle lorsque vous disiez que :
PhiloGL a écrit:
L'ADN des organismes contiendrait un ensemble de propositions dont la valeur de vérité déterminerait les possibilités de survie de ces organismes dans un environnement donné, et ces propositions, qui sont de l'information, seraient liées aux réactions biochimiques de production et consommation d'énergie dont l'efficacité conditionne le succès évolutif des organismes.


PhiloGL a écrit:
il doit exister dans la cellule, au-dessus de la réalité substantielle, une couche de réalité fonctionnelle méta-organique.

"Il doit exister", hum... La science décrit ce qui existe, non ce qui doit exister. Ce qui doit exister est, soit infra-scientifique (hypothèse en attente de confirmation), soit extra-scientifique (conjecture métaphysique). Or cette idée de "couche de réalité fonctionnelle méta-organique", en dépit de sa formulation ronflante, n'est nullement hypothétique puisqu'elle ne dit rien des conditions qui permettraient d'en vérifier la réalité in concreto. C'est donc une simple commodité de langage, une expression qui a pour fonction de présenter la réalité mentale sous un certain point de vue et non pas de désigner un aspect détachable de ladite réalité. Bref, c'est de la métaphysique (d'ailleurs "méta-organique" et "méta-physique" sont lexicalement apparentés). C'est ce que je soulignais dans mon article lorsque je remarquais que :
pour éviter le hiatus de cette discontinuité causale manifeste entre les deux "niveaux" ("niveau inférieur"/"niveau supérieur"), [les cognitivistes] en sont réduits, ou bien à constater cette dualité en renonçant à l'expliquer (position béhavioriste de Quine ou de Skinner), ou bien à supposer une continuité cachée en conjecturant un "niveau" intermédiaire destiné à rendre compte de l'interaction mécanique entre les deux niveaux. Cette dernière stratégie est celle des fonctionnalistes (Putnam, Fodor, etc.). Mais, 1) leurs "fonctions" sont postulées et non empiriquement observables, 2) la stratégie argumentative abductive qui justifie le recours aux paradigmes computationaliste, béhavioriste ou fonctionnaliste n'a aucune validité démonstrative. On est donc forcé de constater que, dans toutes ses versions, le cognitivisme modifie subrepticement la nature de son explication qui, d'empirique et donc de scientifique qu'elle prétendait être au départ, se fait subrepticement conceptuelle et donc philosophique. Comme le dit vigoureusement Bergson, "vous pouvez, sans doute, vous savant, soutenir cette thèse, comme le métaphysicien la soutient, mais ce n'est plus alors le savant en vous qui parle, c'est le métaphysicien" (Bergson, L'Âme et le Corps). 

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PhiPhilo a écrit:
Bref, c'est de la métaphysique (d'ailleurs "méta-organique" et "méta-physique" sont lexicalement apparentés).


Voyons, ce n'est pas logique. Ce n'est pas parce que le préfixe méta apparaît dans un mot que ce mot peut être remplacé par le mot "métaphysique". Les informaticiens parlent de métadonnées (données qui décrivent des données), et les métadonnées ce n'est pas de la métaphysique sous prétexte de présence du préfixe méta. D'ailleurs, personnellement, je préfère dire "réalité fonctionnelle supra-organique". Je trouve que ce mot "métaphysique" est un piège. On l'a mis à toutes les sauces : métaphysique de l'amour, métaphysique des mœurs, métaphysique des tubes,... Si vous disposez du texte où ce mot apparaît pour la première fois (chez Aristote ?), vous seriez aimable de le placer ici car j'ai un oignon à peler avec cette histoire.
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