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Joie spinozienne & Amor fati.

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4 participants

descriptionJoie spinozienne & Amor fati. EmptyJoie spinozienne & Amor fati.

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Je cite Nietzsche :
Nietzsche a écrit:
N’avez-vous pas, à l’as­pect de figures comme celle de Spinoza, l’impression de quelque chose de profondément énigmatique et d’inquié­tant ? Ne voyez-vous pas le spectacle qui se joue ici, le spectacle de la pâleur qui augmente sans cesse, — de l’appauvrissement des sens, interprété d’une façon idéa­liste ? Ne vous doutez-vous pas de la présence, à l’arrière-plan, d’une sangsue demeurée longtemps cachée, qui commence par s’attaquer aux sens et qui finit par ne garder, par ne laisser que les ossements et leur cliquetis ? — je veux dire des catégories, des formules, des mots (car, que l’on me pardonne, ce qui est resté de Spinoza, amor intellectualis dei, est un cliquetis et rien de plus ! qu’est-ce qu’amor, qu’est-ce que deus, quand ils n’ont même pas une goutte de sang ?).

Gai Savoir § 372.


Difficile de dire lequel est le plus inquiétant des deux, sauf si on a étudié Spinoza, et mieux que ne l'a fait Nietzsche.

D'après Nietzsche, Spinoza pensait qu'il y a en notre esprit quelque chose de divin qui repose éternellement en soi-même.
De quoi doit-on juger ? De ce que pense Nietzsche de Spinoza ou bien de ce que pense Spinoza ?
En tout état de cause il semble que Nietzsche ne connaissait pas Spinoza dans le texte, mais par le commentateur Kuno Fischer (1824-1907).
Je n'ai pas, moi, lu Kuno Fischer ; je ne peux donc savoir le degré de profondeur de sa lecture de Spinoza, laquelle bien évidemment conditionne celle que Nietzsche en a.

Hokousai.

descriptionJoie spinozienne & Amor fati. EmptyRe: Joie spinozienne & Amor fati.

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Desassossego a écrit:
je pense que Nietzsche a toujours eu du mal avec Spinoza (je pense même que Spinoza est le philosophe qui pose le plus de problème à Nietzsche). Nietzsche avait une sorte de rancœur envers Spinoza, et il lui fallait bien trouver un angle d'attaque, il en a trouvé deux : 1) le juif 2) le métaphysicien. Si le deuxième point peut être recevable (et encore...), le premier point n'est qu'une bassesse.


Il est maladroit d'affirmer une rancœur personnelle de Nietzsche à l'encontre de Spinoza. Celui-là n'entretenait aucun rapport "personnel" avec celui-ci. Toutefois, il est évident que Nietzsche, outre qu'il ne connaît pas l'œuvre de Spinoza (hokousai l'a rappelé, du reste), vise très mal. Si mal qu'il est complètement à côté de la plaque. Spinoza, c'est l'angle mort de la philosophie nietzschéenne. Mais on peut même aller jusqu'à poser la question d'une certaine malhonnêteté intellectuelle : Spinoza est matérialiste, immanentiste, il n'accorde aucune place à la morale, comme il rend inutile toute métaphysique, mais impose une éthique (vivre, agir en se conformant à ce qui est, i. e. la nécessité, et cela sans pleurnicher, bien au contraire). Être spinoziste, c'est n'avoir aucunement besoin de Nietzsche. Il est là le problème. Nietzsche "corrige" la philosophie, cette religion qui ne dit pas son nom. Mais voilà un philosophe qu'il ne saurait corriger. La seule différence entre les deux, c'est l'intellectualisme de l'un et l'hypersensibilité de l'autre.

Dernière édition par Euterpe le Dim 24 Juil 2022 - 2:31, édité 4 fois

descriptionJoie spinozienne & Amor fati. EmptyRe: Joie spinozienne & Amor fati.

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Euterpe a écrit:
Être spinoziste, c'est n'avoir aucunement besoin de Nietzsche.

Affirmatif.

La seule différence entre les deux, c'est l'intellectualisme de l'un (pas au sens péjoratif que je donne à ce terme la plupart du temps) et l'hypersensibilité de l'autre.

Il y a différence autour de la positivité de l'acte ou de l'en acte, absolue, et qui ne se partage pas chez Spinoza avec une "en puissance de".
Spinoza me semble être le philosophe de l'éternité. Nietzsche est dans la temporalité. La volonté de puissance est tributaire d'une temporalité. Nietzsche critique la "volonté de vie" (traduction incertaine de" Wille zum dasein") attribuée à Schopenhauer, cette critique concerne nolens volens le conatus spinoziste.
Schopenhauer n'est pas spinoziste du tout en revanche quand il critique l'excès d'intellection dans la volonté, idem de Nietzsche. En ce sens Spinoza, par rapport aux deux allemands, apparaît comme intellectualiste.

L'opposition psychologique de deux tempéraments (l'intellectualisme versus l'hypersensibilité) est sans doute à considérer mais ne me semble pas suffire. Ce serait aller dans le sens de Nietzsche que d'en faire un motif suffisant de la distinction. Spinoza ne l'aurait pas perçue ainsi, du moins ne l'a-t-il pas exprimée ainsi. Je ne pense pas qu'il ait conçu sa philosophie comme tributaire de son flegme.
La question est ouverte.

bien à vous
hokousai

descriptionJoie spinozienne & Amor fati. EmptyRe: Joie spinozienne & Amor fati.

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Je ne suis pas certain que Nietzsche soit réellement un penseur du devenir, du temps réel : l'éternel retour du même, par exemple, est une méditation de l'Un qui ouvre à l'instant, justifie un présent qui sont rattachés à un tout déjà advenu et qui se répétera à l'identique. Le hasard de maintenant sera une partie d'un destin en train de s'accomplir.

descriptionJoie spinozienne & Amor fati. EmptyRe: Joie spinozienne & Amor fati.

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hokousai a écrit:
L'opposition psychologique de deux tempéraments (l'intellectualisme versus l'hypersensibilité) est sans doute  à considérer mais ne me semble pas suffire.

J'entendais moins opposer deux psychologies que désigner le contraste de deux points de vue autour d'une "même" chose : le monde. Ces deux points de vue sont deux variantes d'une adhésion au monde, d'un amour du monde comme il est. Il y a dans l'amor fati quelque chose qu'on ne trouve pas dans la joie spinozienne : le tragique, et la passion. Spinoza aime le monde au moins autant que Nietzsche, le nihilisme en moins, ce qui rendait "inutile" tout recours au tragique chez lui. Ce que Nietzsche rejette en rejetant Spinoza, c'est le Spinoza "germanisé" des romantiques post-kantiens, un Spinoza à l'envers, mystique, délivrant son billet d'entrée à qui voulait entrer dans la nature comme on entre dans le parc d'attractions de Dieu. Natura sive Deus. Tel est le Spinoza germano-romantique, lequel convenait très bien même au catholicisme version allemande. Nietzsche ne pouvait pas être réceptif à la sérénité spinozienne, d'autant moins que le Spinoza qu'il rejette est une invention allemande.

Dernière édition par Euterpe le Dim 24 Juil 2022 - 2:35, édité 2 fois
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