Silentio a écrit:C'est en grande partie ce qui a suscité l'admiration de ses "thuriféraires" allemands du XVIIIe siècle.Spinoza a tout de même quelque chose du saint, de l'exemple.
Desassossego a écrit:Je n'avais jamais entendu parler de cela ! C'est très intéressant ! Quels sont ces post-kantiens qui ont "inventé" un "Spinoza à l'envers" ? Fichte, Schelling, Hegel ? Et, plus important, comment cette transformation de Spinoza s'est-elle faite ? Je veux dire : comment se fait-il qu'ils se soient trompés ainsi sur la philosophie de Spinoza ? Si vous avez des liens concernant ce Spinoza créé par les post-kantiens, cela m'intéresse fortement !
Il faut d'abord passer par les contemporains de Kant, notamment Jacobi et Lessing. L'erreur vient de la tendance allemande à la synthèse à tout prix (la totalisation, etc.), le Spinoza germain fut rendu d'autant plus nécessaire que Kant était non seulement passé par là, mais qu'il ne suffisait pas de n'être pas d'accord avec lui pour le rejeter. Or avec Kant Dieu n'était plus qu'un x qu'il appartenait à chacun, en son âme et conscience, entre les quatre murs hermétiques de sa seule personne, de "connaître". Sauf que le Spinoza allemand, c'est un penseur à la fois rationaliste et religieux. Vous trouverez des ouvrages qui ne doivent échapper à aucun hypokhâgneux digne de ce nom chez Lucien Lévy-Bruhl.
Bien sûr, il faut avoir lu la thèse de Leo Strauss, La critique spinoziste de la religion, recherches sur le Traité théologico-politique (1930), éd. du Cerf, 1996 ; sa Préface à la Critique (1965), publiée dans le recueil Pourquoi nous restons juifs, éd. La Table ronde, 2001 (ou, au choix, dans Le libéralisme antique et moderne, 1990) ; enfin Le Testament de Spinoza, éd. du Cerf, 1991.
Dernière édition par Euterpe le Sam 13 Aoû 2016 - 14:07, édité 1 fois