Liber a écrit:C'est en lisant l'extrait de Wikipedia que je supposais cela. Mais en relisant, je m'aperçois qu'il prétend aller plus loin que le seul décalage entre expression du visage et esprit, puisqu'il parle de relation indifférente, et même arbitraire, entre la conscience et son phénomène. Ici, je ne suis plus d'accord. Mais alors, ça ne colle plus avec la philosophie hégélienne, ou ce que j'en comprends. Il faudrait déterminer exactement ce qu'entend Hegel par "indifférent" lorsqu'il dit : "ce à quoi ressemble ce qui exprime le contenu exprimé est parfaitement indifférent à ce dernier". Peut-être veut-il dire que ce qui exprime l'intériorité, en tant que ça l'exprime, ne la détermine pas, qu'elle reste seule maîtresse à bord, puisqu'elle peut, aussi bien, faire en sorte de ne pas laisser transparaître ce qu'elle vit, voire leurrer son monde en exprimant quelque chose qui serait le signe d'un autre état que celui où elle se trouve.Euterpe a écrit:Au fond, Hegel se contente de rappeler que le visage, pas plus que le corps, n'est l'expression nécessaire de l'intériorité qui l'habite.
Ah. Il m'avait semblé en écoutant le documentaire que cette critique allait beaucoup plus loin. C'est-à-dire qu'il n'y avait aucun lien entre l'intériorité et le corps, que la conscience (ou l'âme, puisque je crois comprendre que la distinction n'a pas trop d'importance pour Hegel) était à part du corps, du moins dans son tréfonds.
Liber a écrit:Y a-t-il un texte en particulier auquel vous pensez ?Nietzsche a modifié en conséquence la théorie de l'évolution en y introduisant la hiérarchie des valeurs. Le problème qui lui restait à résoudre était la nature de la volonté, qui ne pouvait plus s'appuyer sur la chose en soi. Dès lors, une nécessité s'imposait : repenser toute une théorie de la connaissance. Il me semble que Nietzsche n'a pas achevé sa philosophie sur ce point.
Liber a écrit:Mais les instincts ? Mais la sève de la vie ? Ou bien faut-il croire que les hommes ne seraient que de simples phénomènes physiques, régis par des lois immuables, indifférents et froids comme les astres qui se meuvent en silence ? Du temps de Descartes, la biologie n'existait pas. Il doit bien se trouver une différence manifeste entre l'approbation nietzschéenne du corps-machine et la conception nietzschéenne de l'homme ?Euterpe a écrit:Sont-ils donc mécanistes ? Comment le corps pourrait-il s'exprimer s'il n'était que lui-même ?
Dans le Crépuscule des Idoles, Nietzsche dit qu'on en revient à l'idée de Descartes sur le corps-machine, une idée qu'il approuve.
Liber a écrit:S'il n'était pas tombé éperdument amoureux d'un cheval turinois, il se fût peut-être résolu à une œuvre plus systématique, plus technique, pour achever ce genre de travail. Faire le deuil de ses quarante-six premières années pour un nouveau bail moins combatif, mais plus déterminé et déterminant : il devenait un homme public, eût joui d'une audience, et, qui sait, eût assisté aux premières heures de la première guerre mondiale, peut-être même à la révolution bolchévique. Spéculations vaines, et fascinantes comme toutes les spéculations. Dans laquelle de ses œuvres diriez-vous qu'il a été le plus précis et le plus loin dans la question de la matière ?pour Nietzsche ou Schopenhauer, je peux dire que la façon dont la matière est expliquée est capitale pour comprendre leur philosophie. Pour Nietzsche, à première vue cette question peut sembler inutile, mais sa pensée manque de clarté sur le sujet. Je pense comme je le dis plus haut à propos de la volonté, qu'il a eu le plus grand mal à traiter ce problème. Qu'il se soit plongé dans des livres de thermodynamique montre que cette question lui était très importante pour paraître avec un minimum de sérieux dès lors qu'il quitterait le terrain de la polémique, la critique des valeurs, pour exposer sa pensée sur l'univers.
Dernière édition par Euterpe le Mar 9 Aoû 2016 - 16:31, édité 1 fois