Pourriez-vous expliquer en quoi l'éternel retour relèverait du romantisme ?
Lizard a écrit:Enfin, j'ai toujours trouvé en Nietzsche une petite graine de romantisme, notamment avec le concept de l'Éternel Retour, où Nietzsche rend justice à la souffrance voire la sublime
Crépuscule des idoles, Ce que je dois aux anciens, §3 a écrit:Flairer dans les Grecs de « belles âmes », des « pondérances dorées » et d’autres perfections, admirer par exemple chez eux le calme dans la grandeur le sentiment idéal — j’ai été gardé de cette « haute naïveté », une niaiserie allemande en fin de compte, par le psychologue que je portais en moi. Je vis leur instinct le plus violent, la volonté de puissance, je les vis trembler devant la force effrénée de cette impulsion, — je vis naître toutes leurs institutions de mesures de précautions pour se garantir réciproquement des matières explosives qu’ils avaient en eux. L’énorme tension intérieure se déchargeait alors en haines terribles et implacables au-dehors : les villes se déchiraient réciproquement pour que leurs citoyens trouvent individuellement le repos devant eux-mêmes. On avait besoin d’être fort : le danger était toujours proche, — il guettait partout.
Qu’est-ce que c’est que le romantisme ? Tout art, toute philosophie peuvent être considérés comme des remèdes et des secours au service de la vie en croissance et en lutte : ils supposent toujours des souffrances et des souffrants. Mais il y a deux sortes de souffrants, d’abord ceux qui souffrent de la surabondance de vie, qui veulent un art dionysien et aussi une vision tragique de la vie intérieure et extérieure — et ensuite ceux qui souffrent d’un appauvrissement de la vie, qui demandent à l’art et à la philosophie le calme, le silence, une mer lisse, ou bien encore l’ivresse, les convulsions, l’engourdissement, la folie. Au double besoin de ceux-ci répond tout romantisme en art et en philosophie, et aussi tant Schopenhauer que Wagner, pour nommer ces deux romantiques les plus célèbres et les plus expressifs, parmi ceux que j’interprétais mal alors — d’ailleurs en aucune façon à leur désavantage, on me l’accordera sans peine. L’être chez qui l’abondance de vie est la plus grande, Dionysos, l’homme dionysien, se plaît non seulement au spectacle du terrible et de l’inquiétant, mais il aime le fait terrible en lui-même, et tout le luxe de destruction, de désagrégation, de négation ; la méchanceté, l’insanité, la laideur lui semblent permises en quelque sorte, par suite d’une surabondance qui est capable de faire, de chaque désert, un pays fertile.
Desassocega a écrit:Lizard a écrit:Enfin, j'ai toujours trouvé en Nietzsche une petite graine de romantisme, notamment avec le concept de l'Éternel Retour, où Nietzsche rend justice à la souffrance voire la sublime
Comme Silentio, j'aimerais bien que vous développiez ce rapprochement avec l'Eternel retour.
Toutefois concernant la souffrance, c'est en fait une fiction de penser qu'elle est une "signature romantique". Nietzsche voit cette la souffrance de la vie dès l'époque tragique des Grecs, et au passage se moque de ceux qui se plaisent à voir les Grecs comme des âmes sans troubles
Lizard a écrit:Je voudrais approfondir le rapport entre Nietzsche et le romantisme.
Les questions concernent le rapport entre le romantisme, Richard Wagner et Nietzsche :
Doit-on considérer la critique de Nietzsche comme une attaque personnelle ou une affaire "philosophique" véritable qui concerne le romantisme en sa totalité ? Comment et pourquoi l'amitié entre Nietzsche et Wagner a-t-elle été rompue ?
La question a déjà été développée dans un fil avec lequel je viens de fusionner celui-ci. Il faut donc se reporter aux premiers messages de ce topic.Lizard a écrit:Enfin, j'ai toujours trouvé en Nietzsche une petite graine de romantisme, notamment avec le concept de l'Éternel RetourDesassocega a écrit:Comme Silentio, j'aimerais bien que vous développiez ce rapprochement avec l'Éternel retour.