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Critique de la raison pure

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descriptionCritique de la raison pure - Page 13 EmptyRe: Critique de la raison pure

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Nous allons maintenant aborder la première partie de la Critique :  Théorie transcendantale des éléments.

Rappelons que les "éléments" désignent les deux souches de la connaissance humaine : la sensibilité par laquelle les objets nous sont donnés et l'entendement par lequel les objets sont pensés.

Le mot transcendantal  (le vocabulaire de kant, page 113) "qualifie une connaissance qui concerne nos concepts a priori des objets, notre manière de connaître les objets en tant qu'elle est possible a priori. Le transcendantal désigne un usage a priori de la connaissance".

Ne surtout pas confondre ce mot avec le mot transcendant. (Nous reviendrons ultérieurement sur le sens de ce dernier mot, mais nous pouvons dès maintenant qualifier de transcendantal tout usage légitime (empirique) des concepts purs et de transcendant tout usage illégitime (au-delà de l'expérience possible) de ces mêmes concepts).

descriptionCritique de la raison pure - Page 13 EmptyRe: Critique de la raison pure

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Le premier chapitre de la Critique traite du premier élément, première souche de la connaissance humaine  : 

I  L'esthétique transcendantale.


Le mot esthétique signifie ici : sensiblité (du grec aisthêsis : sensibilité).


Introduction (page 117)


Toute connaissance, toute pensée en rapport avec un objet s'appuie en premier lieu sur l'intuition. L'intuition serait donc la représentation immédiate d'un objet, immédiate en opposition avec toute représentation "travaillée" par l'entendement (nous reviendrons ci-après sur le problème de la définition même de cette représentation immédiate, spontanée, dite : intuition).

Mais l'intuition, la représentation immédiate d'un objet, ne peut être que si l'objet nous est donné, et l'objet nous est donné que s'il nous affecte sur un certain mode.

"La capacité de recevoir des représentations par la manière dont nous sommes affectés par des objets s'appellent : sensibilité. C'est donc par la médiation de la sensibilité  que des objets nous sont donnés" (puis ils seront pensés par l'entendement) "et c'est elle seule (la sensibilité) qui nous fournit des intuitions".

Tout acte de pensée qu'il soit direct (intuition) ou indirect (concept) se rapporte en définitive à des intuitions, donc à la sensibilité, seule faculté par l'intermédiaire de laquelle (médiation) les objets nous sont donnés.

L'effet produit par un objet sur la capacité de représentation est une sensation.

L'intuition qui se rapporte à l'objet à travers une sensation s'appelle intuition empirique.

L'objet indéterminé d'une intuition empirique s'appelle phénomène (objet au sens  : contenu de l'intuition, représentation dans l'intuition).

Dans le phénomène est appelée matière ce qui correspond à la sensation.

La mise en rapport du divers des sensations s'appelle la forme du phénomène.

La matière du phénomène est donnée a posteriori.

La forme du phénomène est certes donnée à la matière quand elle se dépose dans l'intuition mais cette capacité à la mise en forme, qui donne forme, qui met en forme est donnée  a priori, ce que Kant simplifie en écrivant que la forme réside a priori dans l'esprit.

Nous développerons ces notions complexes ci-après.

descriptionCritique de la raison pure - Page 13 EmptyRe: Critique de la raison pure

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Essayons de synthétiser les notions précédentes.

Nous avons d'abord "la chose en soi". Celle-ci affecte nos sens. Nous pouvons déjà, à ce niveau, introduire la notion de "choc" puisque la sensation résulte d'un choc entre une manifestation de la chose en soi et nos sens.

Nos sens sont donc affectés et là Kant introduit la notion de sensibilité qui est notre capacité à éprouver des sensations (la sensibilité est aussi appelé par Kant réceptivité).

Intervient alors dans la description de Kant : l'intuition, capacité à recevoir des représentations (par la médiation donc de la sensibilité).

Dans l'intuition la sensation devient : matière (de l'intuition) laquelle matière est mise en forme, grâce aux formes a priori de l'intuition (l'espace et le temps, nous verrons cela ci-après).

L'ensemble matière-forme de l'intuition (objet, contenu de l'intuition) s'appelle le phénomène.

Dans le phénomène la matière est donnée a posteriori, la forme est donnée a priori.

Une telle intuition (d'un phénomène) est appelée intuition empirique.


La question que se pose immédiatement un lecteur qui découvre Kant est celle-ci : en quoi consiste cette représentation, ce phénomène?

Ou encore : puis-je me représenter ce phénomène?

Nous pourrions penser que c'est la représentation telle qu'elle se dépose en mon esprit, par exemple la vision de cet arbre là devant moi.

Pas du tout puisque la vision de cet arbre, là devant moi, est déjà le produit d'un "travail" de l'entendement sur le phénomène.

Du coup le phénomène est "un objet indéterminé".


Il faut nous arrêter sur cette question de l'interdétemination du phénomène.

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Pour approfondir cette question de l'indétermination du phénomène je me réfère à l'étude qui en est faite par M. Rivelaygue dans son œuvre citée plus haut (leçons de métaphysique allemande) page 83.

"Kant dit de la chose sensible  que "c'est l'objet indéterminé d'une intuition empirique". Pourquoi indéterminée? Ce qu'il faut comprendre , c'est qu'en fait la détermination de la chose n'apparaitra qu'à travers l'entendement" 

"Au niveau de la perception, si l'espace et le temps sont continus, et d'une continuité qui n'est pas l'addition des parties, la chose perçue n'a pas d'unité"

Nous anticipons là sur la définition de l'espace et du temps comme formes continues mais l'essentiel n'est pas là pour le moment : l'essentiel est qu'en effet le phénomène ne peut pas être défini. Ce qui pose tout de même problème, car décrire une "réalité" qui ne peut être définie ouvre beaucoup de perplexité.

Cette position intellectuelle de Kant sera critiquée par Husserl. Page 86, Rivelaygue  :"On comprend que pour Husserl l'Esthétique transcendantale soit à refaire , puisque, de fait, la chose de la perception n'y est pas définie".

Nous ne rentrerons pas ici dans un débat qui a fait l'objet de réflexions approfondies de la part de Husserl, Merleau-Ponty et Heidegger (Kant a ouvert de nouvelles et passionnantes voies de réflexion!) mais le lecteur ne doit pas s'inquiéter de ne pas bien saisir ce que c'est "cet objet indéterminé  de l'intuition empirique", il est en bonne compagnie! Puisqu'il marche ainsi sur les pas de philosophes tels que Husserl et d'autres.

Pour ma part, et toujours dans un esprit pratique, concret, je propose une approche du phénomène, dans sa perception, avec cet exemple :

Lorsque nous découvrons un paysage nouveau, par exemple une chaîne de montagne jamais vue auparavant, nous avons quelque difficulté à distinguer les sommets les uns des autres, nous avons le sentiment d'un certain flou, d'une difficulté à "saisir" ce nouveau paysage. Pourtant si, munis d'une carte, nous nous efforçons de nommer les différents pics et cols de cette chaîne de montagne, nous nous apercevons, après nomination que brusquement nous distinguons les sommets et les cols. Le seul fait de nommer crée pour nous, en nous, la distinction. Je dirai que la nomination fait intervenir de manière plus approfondie les synthèses de l'entendement, et que la perception, avant nomination, se rapproche (peut-être) de ce que Kant appelle phénomène. Il s'agit là bien sûr d'une simple proposition.

descriptionCritique de la raison pure - Page 13 EmptyRe: Critique de la raison pure

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Kant nomme "pures" (au sens transcendantal, soit dans le cadre d'un usage a priori de la connaissance) les représentations dans lesquelles ne se rencontre rien qui appartienne à la sensation.

Cette forme pure de la sensibilité  il l'appelle intuition pure, et il ajoute ce texte important (page 118)  :

"Quand j'isole abstraitement de la représentation d'un corps ce que l'entendement en pense, comme la substance, la force, la divisibilité, etc. de même que ce qui y revient à la sensation, comme  l'impénétrabilité, la dureté, la couleur etc. quelque chose me reste encore de cette intuition empirique, à savoir l'étendue et la figure"
(l'étendue : le volume).

Ce teste est important car Kant décrit là implicitement le contenu de l'intuition (dans sa composante sensation c'est-à-dire matière) ce qui met partiellement en défaut les critiques qui  lui ont été faites (voir ci-dessus).

L'étendue et la figure appartiennent ainsi à l'intuition pure (en tant que représentation), laquelle réside a priori dans l'esprit, sans sensation (sans objet).

La science de tous les principes de la sensibilité a priori est nommée : esthétique transcendantale.

Après le travail de séparation décrit dans le texte rapporté ci-dessus Kant isolera deux formes pures de la sensibilité (il écrit "intuition sensible", cette variation dans le choix des mots ne facilite pas la compréhension de son texte) savoir : l'espace et le temps.
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