Portail philosophiqueConnexion

Bibliothèque | Sitographie | Forum

Philpapers (comprehensive index and bibliography of philosophy)
Chercher un fichier : PDF Search Engine | Maxi PDF | FreeFullPDF
Offres d'emploi : PhilJobs (Jobs for Philosophers) | Jobs in Philosophy
Index des auteurs de la bibliothèque du Portail : A | B | C | D | E | F | G | H | I | J | K | L | M | N | O | P | Q | R | S | T | U | V | W | X | Y | Z

Critique de la raison pure

power_settings_newSe connecter pour répondre
+6
anormal
Dienekes
Vangelis
etoilefilante
Crosswind
aliochaverkiev
10 participants

descriptionCritique de la raison pure - Page 27 EmptyRe: Critique de la raison pure

more_horiz
C) De la division de la logique générale en analytique et dialectique (page 148)

La vérité consiste dans l'accord d'une connaissance avec son objet. Cet objet doit donc être distingué des autres, il doit être distingué tout court, puisque la vérité, dans sa définition, exprime une relation entre l'entendement (dans son activité de pensée) et son objet.

La connaissance en sa simple forme (sans contenu) hors sa relation avec l'objet doit aussi présenter des règles qui soient des critères de vérité (mais de vérité relativement au simple fonctionnement formel de la pensée). Mais si une connaissance concorde pleinement avec sa forme logique elle peut néanmoins contredire son objet (son contenu).

Si l'erreur porte non sur la forme mais sur le contenu la logique ne peut pas le découvrir puisqu'elle ne porte que sur la forme de la connaissance. [Le syllogisme respecte une forme logique. Mais si le contenu des jugements mis en œuvre est faux la forme logique du syllogisme ne peut le détecter. Si, par exemple je pose  : les arbres sont des choses, cet hêtre est un arbre, donc cet hêtre est une chose, je respecte la forme du syllogisme mais je conclus avec une proposition fausse à cause d'un jugement initial faux que la logique formelle du syllogisme ne peut pas détecter].

La logique générale est une activité d'analyse de l'activité formelle de l'entendement et de la raison (pure). 

Cette partie de la logique générale se nomme  : analytique.

La logique générale, rappelons-le, est un simple canon de l'entendement  (distinction formelle entre un raisonnement vrai et un raisonnement faux) permettant d'apprécier la justesse d'une pensée.

Mais on peut être tenté d'utiliser ce canon en organon c'est-à-dire d'adjoindre au canon des règles démonstratives conduisant à l'illusion d'acquérir de nouvelles connaissances.

Cette autre partie de la logique générale ainsi utilisée comme organon  se nomme : dialectique.

La dialectique n'est rien d'autre  qu'une logique de l'apparence, c'est-à-dire l'art sophistique de donner à des propositions le vernis de la vérité par usage abusif de la logique générale comme organon.


D ) De la division de la logique transcendantale en analytique et dialectique transcendantales (page 150).

Dans la logique transcendantale nous nous intéressons à la partie de la pensée qui a son origine exclusivement dans l'entendement (n'oublions pas que cette logique s'applique aux concepts purs que nous exposerons ultérieurement). Cette pensée porte sur des connaissances qui ont rapport avec les objets donnés dans l'intuition (tout cela sera expliqué).

Cette partie de la logique transcendantale qui expose les éléments de la connaissance pure de l'entendement et les principes qui permettent de penser les objets donnés dans l'intuition est l'analytique transcendantale. Elle est une logique de la vérité (adéquation des concepts purs avec les données, (objets), de l'intuition). 

Mais il peut être tentant de penser à partir des seuls concepts purs de l'entendement (sans leur référence avec l'objet donné par l'intuition) et d'utiliser la logique transcendantale ainsi dépouillée de tout objet comme d'un organon  pour accroitre nos connaissances de manière abusive, connaissances qui ne sont que des illusions sophistiques. Cette autre partie de la logique transcendantale, employée de manière abusive, est alors appelée dialectique transcendantale.

descriptionCritique de la raison pure - Page 27 EmptyRe: Critique de la raison pure

more_horiz
Réponse aux remarques de M. Dienekes.

(je reproduis ici les remarques de M. Dienekes)

Dienekes a écrit:
aliochaverkiev a écrit:Oui je vous cite le passage où Kant qualifie comme n'étant pas pure la proposition dont nous parlons.
C'est en page 94 de la Critique (édition poches GF), je cite :
"Ainsi, par exemple, la proposition  : tout changement a sa cause est-elle une proposition a priori, mais non point pure, étant donné que le changement est un concept qui ne peut être tiré que de l'expérience". Dans le texte Kant emploie le mot changement et je vois que nous, nous parlons de mouvement. Mais je pense que Kant pense aussi que le mouvement est un concept inclut dans celui de changement. [le mouvement est un changement de position spatiale].

Effectivement, ce passage était sous mon nez et je ne le retrouvais pas. Par contre, il m’a posé quelques soucis car il semble réellement contradictoire avec ce que dit Kant par la suite et même au paragraphe suivant :
Introduction de la seconde édition, II a écrit:Or, que des jugements de cette espèce, nécessaires et universels dans le sens strict et, par suite, purs, a priori, se trouvent réellement dans la connaissance humaine, il est facile de le montrer. Si l’on veux un exemple pris dans les sciences, on n’a que parcourir des yeux toutes les propositions de la mathématique ; si on en veut un tiré de l’usage le plus ordinaire de l’entendement, on peut prendre la proposition : Tout changement doit avoir une cause.

De même, je ne comprenais pas comment il pouvait s’inscrire avec le concept de causalité tiré de la table des catégories : qu’un concept pur de l’entendement ne permette pas de créer des propositions pures a priori, ça me semblait assez étrange.

Nous sommes en fait victimes d’une chausse-trape de notre ami Kant. Je travaille sur l’édition PUF qui ne mentionne rien sur ce point et j’ai l’impression que votre édition n’est pas plus bavarde. Par contre, j’ai également l’édition Pléiade qui se fend d’une note :
Note a écrit:On a ici un très bon exemple du vocabulaire kantien. La distinction apparemment claire entre a priori et « pur » va être négligée dès le paragraphe suivant, dans la nouvelle rédaction même de la deuxième édition, où la proposition donnée ici en exemple sera dite « pure », - Aussi bien cette proposition n’est-elle autre chose qu’un des principes de l’entendement pur, la deuxième analogie de l’expérience. Il n’y a pourtant pas là contradiction, ni même à proprement parler négligence, quoique la façon dont Kant use du vocabulaire soit une vraie source de difficultés. On voit bien dans ce texte que tout son effort va à définir une source du connaître (non une connaissance achevée) ; il n’y a pas assez de précautions prises alors pour la désigner dans sa différence d’avec l’autre source, et c’est ce que veut signifier la distinction d’a priori (signifiant « d’avance ») et de « pur ». Mais l’analyse se fait toujours dans une connaissance où jouent les deux sources. La source « pure » intervient toujours alors dans un rapport à l’autre source, donc a priori dans la terminologie ici proposée ; mais il en résulte que ce qui est a priori doit aussi être dit « pur ».

De plus, faisant quelques recherches sur internet, je suis tombé sur une thèse mentionnant cette apparente contradiction (Nathanael Masselot.  Temps et individuation :  le sens du transcendantal dans la philosophie de  Kant  et  de  Husserl  :  métaphysique,  ontologie,  phénoménologie.) en page 182, et qui mentionne un autre texte de Kant ou ce dernier s’explique sur ce point :
Kant, Sur l’usage des principes téléologiques en philosophie, avant-dernier paragraphe a écrit:Je voudrait encore, à cette occasion, dire ne serait-ce que quelques mots du reproche de prétendues contradictions, qui, dans une œuvre d’une certaine ampleur, auraient été découvertes avant qu’on l’ait bien saisie dans son ensemble. Elles s’évanouissent toutes d’elles-mêmes si on les considère dans leur rapport avec le reste. Dans la Leipzig Gelebrte Zeitung (numéro 94 de 1787), on présente ce qui se trouve dans la Critique, etc. (édition de 1787 : introduction, page 3, ligne 7), et ce qui se trouve peu après (page 5, ligne 1 et 2) comme directement contradictoires ; car dans le premier passage, j’avais dit : « Parmi les connaissances a priori, on appelle pures celles auxquelles rien d’empirique n’est mélangé », et j’avais cité comme exemple du contraire la proposition : « Tout changement a une cause. » En revanche, à la page 5, je cite juste cette même proposition comme exemple de connaissance pure a priori, c’est-à-dire d’une connaissance telle qu’elle ne dépend de rien d’empirique ; ce sont là deux sens différents du mot pur, alors que , dans tout l’ouvrage, je ne m’occupe que du dernier sens. Sans doute aurais-je pu prévenir le malentendu en donnant comme exemple du premier genre de proposition : « Tout ce qui est contingent a une cause. » Car, dans ce cas, rien d’empirique ne s’y mêle. Mais qui peut prévoir tout les prétextes à malentendu ?

Donc pour conclure, l’explication que vous donnez dans votre message du 21 février est parfaitement conforme à ce que Kant indique dans ce paragraphe. Simplement, il faut prendre garde que le mot « pur » employé ici n’est pas le même que celui que Kant emploiera dans le reste du texte, à commencer par le paragraphe suivant. Rien d’empirique n’est mêlé à la construction du jugement dans le premier sens de pureté (aucun concept empirique), le second se basant plutôt sur le fait qu’ils ne dépendent de rien d’empirique (ils sont « nécessaires et strictement universels », l’expérience n’est pas nécessaire pour les poser). Je ne suis pas certain que mon explication soit suffisamment claire, ce qui montre que ce n’est probablement pas encore bien clair dans la tête…




Le problème que nous pose Kant est celui de la définition des mots. 

En ce qui concerne les contradictions (qui ressortent de deux passages, l'un page 94, l'autre 95 - ce dernier passage vous le livrez vous dans une autre traduction que celle que j'ai dans l'édition de GF) je renvoie le lecteur au début de votre message reproduit ci-dessus, les deux textes étant les deux premiers textes de Kant, en blanc, que vous citez.

Simplifions cette contradiction pour le lecteur en notant que, dans une première expression Kant emploie le mot "pur" pour désigner un concept ou une connaissance où se mêle un contenu empirique, puis il emploie le même mot "pur" dans une seconde expression quasiment identique à la première, mais dans le sens "absolument indépendant de tout empirique".

Je vous reproduis ci-après un résumé d'un autre texte, résumé que j'ai fait dans un post précédent, le texte résumé se trouvant en page 94 de l'édition poche :

"Nous sommes en possession de certaines connaissances a priori, et même l'entendement commun n'est jamais sans posséder de telles connaissances.
Kant pose les critères permettant de distinguer une connaissance pure d'une connaissance empirique.
Voici ces critères :
S'il se trouve une proposition dont la pensée inclut en même temps sa nécessité  alors c'est un jugement a priori (si cette proposition dérive elle-même d'une proposition absolument nécessaire alors cette proposition est absolument a priori).
Si un jugement est pensé selon une rigoureuse universalité, c'est-à-dire de telle manière que pas la moindre exception ne soit admise comme possible  alors il s'agit d'un jugement a priori.
Nécessité et rigoureuse universalité sont donc des critères sûrs d'une connaissance a priori et renvoient inséparablement l'un à l'autre (un seul de ces critères donc suffit à définir une connaissance a priori)".




Quand on analyse ce texte nous voyons que Kant emploie indifféremment les mots a priori et pur, il semble identifier, dans leur sens, les deux mots. 

Quand j'ouvre "le Vocabulaire de Kant" de Jean-Marie Vaysse, page 17, il écrit "Est dit a priori ou pur", donc là encore les deux mots sont synonymes pour cet auteur.

Donc le sens du mot "pur" qui s'impose semble être un sens synonyme d'a priori.

Pour en revenir aux deux textes contradictoires, Kant lui-même, dans l'extrait que vous me communiquez ci-dessus (thèse de Nathanael Masselot) se défend quant à cette contradiction en arguant qu'il emploie le mot "pur" dans un sens (pour la première expression page 94 ) qu'il n'emploiera plus après, et qu'il faut prendre pour sens de pur, celui qu'il -dit il- emploie constamment, à savoir  un sens synonyme de a priori : est pure une connaissance telle qu'elle ne dépend en rien d'empirique.

Nous pourrions penser donc que le débat est clos, que Kant a une fois seulement utilisé le mot pur dans le sens "rien d'empirique n'est mêlé" (pureté donc au sens qu'il n' y a aucun contenu empirique dans la proposition étudiée), et que le mot pur vient en fait  renforcer le mot a priori.

Cela m'a paru convainquant, j'ai voulu tout de même examiner la contradiction des pages 94 et 95  et je me suis aperçu que je n'avais pas détecté cette contradiction en raison de la traduction adoptée par Alain Renaut dans l'édition poche (celle sur laquelle je travaille). En effet il traduit en page 95 le texte allemand par "purs jugements" et non par "jugements, purs," (comme cela est traduit dans votre édition). 

Pourtant je ne suis pas satisfait par la résolution du problème, ayant la certitude que Kant, dans ses textes, emploie très souvent le mot "pur" dans sa première acception, "non mêlé d'éléments empiriques", et non pas une seule fois !

J'en ai confirmation après avoir relevé partout le mot pur, au moins jusqu'à l'endroit où j'ai arrêté mon étude; je vous fais part du résultat de mes recherches dans un prochain post.

Dernière édition par aliochaverkiev le Sam 30 Avr 2016 - 21:05, édité 5 fois

descriptionCritique de la raison pure - Page 27 EmptyRe: Critique de la raison pure

more_horiz
aliochaverkiev a écrit:

Nous pourrions penser donc que le débat est clos, que Kant a une seulement utilisé le mot pur dans le sens "rien d'empirique n'est mêlé" (pureté donc au sens qu'il n' y a aucun contenu empirique dans la proposition étudiée), et que le mot pur vient en fait  renforcer le mot a priori.

Il le renforce en indiquant qu'il n'est pas aisé de déterminer l' a priori.
Kant - CrPure, Introduction, trad. Jules Barni a écrit:

Mais cette expression n’est pas encore assez précise pour faire comprendre tout le sens de la question précédente. En effet, il y a maintes connaissances, dérivées de sources expérimentales, dont on a coutume de dire que nous sommes capables de les acquérir ou que nous les possédons à priori, parce que nous ne les tirons pas immédiatement de l’expérience, mais d’une règle générale que nous avons elle-même dérivée de l’expérience. Ainsi, de quelqu’un qui aurait miné les fondements de sa maison, on dirait qu’il devait savoir à priori qu’elle s’écroulerait, c’est-à-dire qu’il n’avait pas besoin d’attendre l’expérience de sa chute réelle. Et pourtant il ne pouvait pas non plus le savoir tout à fait à priori ; car il n’y a que l’expérience qui ait pu lui apprendre que les corps sont pesants, et qu’ils tombent lorsqu’on leur enlève leurs soutiens.

Et il enfonce le clou quelques lignes plus loin :
Kant - CrPure, Introduction, trad. Jules Barni a écrit:

Parmi les connaissances à priori, celles-là s’appellent pures, qui ne contiennent aucun mélange empirique. Ainsi, par exemple, cette proposition : tout changement a une cause, est une proposition à priori, mais non pas pure, parce que l’idée du changement ne peut venir que de l’expérience.

aliochaverkiev a écrit:

Cela m'a paru convainquant, j'ai voulu tout de même examiner la contradiction des pages 94 et 95  et je me suis aperçu que je n'avais pas détecté cette contradiction en raison de la traduction adoptée par Alain Renaut dans l'édition poche (celle sur laquelle je travaille). En effet il traduit en page 95 le texte allemand par "purs jugements" et non par "jugements, purs," (comme cela est traduit dans votre édition). Alain Renaut s'en sort par une pirouette qu'un lecteur français, qui ne dispose que de cette traduction et qui ne connaît pas l'allemand ne peut pas voir. Pourtant M. Renaut sait bien qu' en français, pur jugement n'est pas compris de la même façon que jugement pur !

La traduction d'Alain Renaut me semble explicite car il ne s'arrête pas à dire "purs jugements", mais "purs jugements a priori.

descriptionCritique de la raison pure - Page 27 EmptyRe: Critique de la raison pure

more_horiz
Vangelis a écrit:
aliochaverkiev a écrit:

Nous pourrions penser donc que le débat est clos, que Kant a une seulement utilisé le mot pur dans le sens "rien d'empirique n'est mêlé" (pureté donc au sens qu'il n' y a aucun contenu empirique dans la proposition étudiée), et que le mot pur vient en fait  renforcer le mot a priori.

Il le renforce en indiquant qu'il n'est pas aisé de déterminer l' a priori.
Kant - CrPure, Introduction, trad. Jules Barni a écrit:

Mais cette expression n’est pas encore assez précise pour faire comprendre tout le sens de la question précédente. En effet, il y a maintes connaissances, dérivées de sources expérimentales, dont on a coutume de dire que nous sommes capables de les acquérir ou que nous les possédons à priori, parce que nous ne les tirons pas immédiatement de l’expérience, mais d’une règle générale que nous avons elle-même dérivée de l’expérience. Ainsi, de quelqu’un qui aurait miné les fondements de sa maison, on dirait qu’il devait savoir à priori qu’elle s’écroulerait, c’est-à-dire qu’il n’avait pas besoin d’attendre l’expérience de sa chute réelle. Et pourtant il ne pouvait pas non plus le savoir tout à fait à priori ; car il n’y a que l’expérience qui ait pu lui apprendre que les corps sont pesants, et qu’ils tombent lorsqu’on leur enlève leurs soutiens.

Et il enfonce le clou quelques lignes plus loin :
Kant - CrPure, Introduction, trad. Jules Barni a écrit:

Parmi les connaissances à priori, celles-là s’appellent pures, qui ne contiennent aucun mélange empirique. Ainsi, par exemple, cette proposition : tout changement a une cause, est une proposition à priori, mais non pas pure, parce que l’idée du changement ne peut venir que de l’expérience.

aliochaverkiev a écrit:

Cela m'a paru convainquant, j'ai voulu tout de même examiner la contradiction des pages 94 et 95  et je me suis aperçu que je n'avais pas détecté cette contradiction en raison de la traduction adoptée par Alain Renaut dans l'édition poche (celle sur laquelle je travaille). En effet il traduit en page 95 le texte allemand par "purs jugements" et non par "jugements, purs," (comme cela est traduit dans votre édition). Alain Renaut s'en sort par une pirouette qu'un lecteur français, qui ne dispose que de cette traduction et qui ne connaît pas l'allemand ne peut pas voir. Pourtant M. Renaut sait bien qu' en français, pur jugement n'est pas compris de la même façon que jugement pur !

La traduction d'Alain Renaut me semble explicite car il ne s'arrête pas à dire "purs jugements", mais "purs jugements a priori.

Non je ne suis pas d'accord avec vous, "purs jugements a priori", ce n'est pas la même traduction que "jugements, purs, a priori". Non. C'est "un pur plaisir" ce n'est pas la même chose "qu'un plaisir pur"; "un pur bonheur" ce n'est pas pareil "qu'un bonheur pur"; non. Si vous êtes écrivain vous n'employez pas ces locutions en pensant qu'elles s'équivalent. 

Nous sommes manifestement là dans la subjectivité, je propose donc de clore là ce débat.

La question telle que l'a exposée M. Dienekes (voir son étude ci-dessus) est en fait celle-ci : 

Est-ce que le mot "pur" signifie  : il n' y a rien d'empirique qui soit mêlé à un concept, une proposition, une connaissance
Ou est-ce que le mot "pur" vient renforcer cette définition de l' a priori : ne dépendre en rien de l'empirique.

Le débat est ouvert car Kant utilise la même expression, celle que vous citez ci-dessus, en lui donnant deux sens différents (voir l'étude de M. Dienekes).
Invité à s'expliquer, il a affirmé qu'il n'avait employé le mot pur dans le sens "rien n'est mêlé d'empirique" qu'une seule fois et qu'il l'avait ensuite utilisée toujours dans le sens du renforcement de l'idée d' a priori (du moins si j'en crois les extraits communiqués ci-dessus par M. Dienekes).

Or je peux relever des développements fréquents de Kant où le mot "pur" a ce sens bien précis : "rien n'est mêlé d'empirique", ce qui entre en contradiction avec son affirmation de ne l'avoir employé qu'une seule fois dans ce sens.

Mais il y a plus, le mot pur est associé aussi à la "forme" chez Kant, et c'est en fait cela qu'il convient de souligner.

Je recense ces expressions et je vous les communique ici dès que possible.

descriptionCritique de la raison pure - Page 27 EmptyRe: Critique de la raison pure

more_horiz
En définitive j'ai choisi ces quelques passages pour illustrer l'étendue du sens du mot "pur" dans  la Critique de  la raison pure (il s'agit toujours de l'édition poche de GF).

Page 118 : [en parlant des formes pures de la sensibilité, Kant écrit ce qui suit] 

"Je nomme pures ...toutes  les représentations  [dans  l'intuition] dans lesquelles ne se rencontrent rien qui appartienne à la sensation... La forme pure des intuitions sensibles se trouve a priori dans l'esprit"

Page 143 : "Les deux éléments [intuition et concepts] sont ou purs ou empiriques. Empiriques si une sensation y est connue; purs si à la représentation n'est mêlée aucune sensation [la sensation correspond à la matière de l'intuition, donnée donc par l'expérience].
Une intuition pure contient exclusivement la forme sous laquelle quelque chose est intuitionnée et un concept pur uniquement la forme de la pensée d'un objet en général. Ce sont uniquement des intuitions pures ou des concepts purs qui sont possibles a priori"

Ce qui est intéressant dans ces extraits c'est que le mot "pur" Kant l'emploie en association avec les formes de la sensibilité et de l'entendement. Quand il parle de ces formes pures il entend "formes" vidées de tout, absolument tout contenu. Il invite alors son lecteur à tenter de concevoir une forme vidée de tout contenu. Concevoir les formes pures de l'espace et du temps vidées de tout contenu n'est pas si simple, mais il est possible d'y arriver  en recourant à l'imagination. Concevoir un concept pur vidé de tout contenu est assez difficile et nous atteignons là une abstraction absolue dont est expulsé tout mot qualificatif (ainsi la substance finit par être construite en évacuant le mot substance lui-même, qui n'est plus alors que le sujet dernier d'une attribution).
Ainsi dans le cas de ces formes, le mot "pur" a un sens qui lui est propre, car il ne s'agit même plus de vider ces formes de tout empirisme, mais de les vider d'absolument tout.

Je ne reviens pas sur les autres sens du mot pur, dont il débattu dans le post précédent, sinon pour faire remarquer qu'en effet Kant emploie à nouveau, dans d'autres expressions le mot "pur" au sens  : "non mêlé d'empirique". Mais il ne semble pas que cela soit finalement très important.

Nous voyons aussi que le mot "a priori" a un sens particulier s'agissant des formes pures de la sensibilité. Elles sont a priori en cela qu'elles sont dans l'esprit. Il s'agit presque d'une localisation  organique interne et les neurospsy (attention M. Crosswind va bondir ! -je plaisante, bien sûr!-) parleraient d'une localisation cérébrale.
privacy_tip Permission de ce forum:
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
power_settings_newSe connecter pour répondre