Bonsoir NaOh,
Merci de prêter attention à mes questions et réflexions, et merci pour les citations adaptées.
Cela ne complique pas : je comprends que la représentation de l'espace puisse précéder nécessairement celle de mon corps, des autres choses de l'espace et de leurs rapports, même des rapports d'intériorité et d'extériorité, et aussi des déplacements qui constituent la dimension exploratoire du corps propre. Je l'ai bien volontiers reconnu à la suite de vos observations. J'ai remarqué simplement que cette représentation de l'espace n'est pas (pourrait ne pas être) la même chez l'enfant, qu'elle résulte d'une genèse que l'on peut suivre (et d'où provenaient les difficultés qui étaient les miennes quant à l'expression « a priori »).
Aussitôt admis cette antériorité et cet a priori « de droit », se sont dressés devant moi les trois axes orthogonaux (et les trois D donc, qu'indique Kant) au centre d'un lieu sans limites, où j'avais soigneusement rangé les objets de mes sens externes, où tout allait se mettre en scène, se jouer. Je n'ai pu alors que me demander à nouveau : les autres (et les enfants) voient-ils (intuitent-ils) l'espace de cette façon ? Mon système d'axes a tellement l'air d'un produit d'école !
Ce n'est pas rien, pour moi, de savoir si cette intuition là de l'espace est commune à tous.
Bref, je me demande si cette incontestable intuition a priori de l'espace pourrait être autre chose qu'une représentation.
J'avoue avoir du mal à comprendre. Je vois bien la distinction des deux jugements. Mais je ne la transpose pas au niveau des concepts purs de l'entendement. Je ne comprends plus le mot « déduction » sorti du cadre juridique. A moins que les intuitions a priori et les concepts purs de l'entendement ne soient rien d'autre que des règles à respecter. Le fait serait la donne, le droit la règle du jeu auquel elle est soumise. Il est évident que la règle d'un jeu est antérieure en droit à la partie qui se joue et fait autorité ; peu importe l'histoire de cette règle, la manière dont, au fil des temps, elle s'est établie et celle dont chacun en a pris connaissance. Est-ce une métaphore naïve ?
Mais comment de telles considérations peuvent-elles conduire à établir la table des concepts purs de l'entendement (voir également ici) et à les présenter en un système ? D'ailleurs je saisis mal le rapport entre tous ces tableaux en croix qui se superposent :
- Fonctions de la pensée dans le jugement.
- Table des catégories.
- Table des principes de l'entendement pur.
- Schèmes des catégories.
- Ce que représente et contient le schème de chaque catégorie.
J'ai vu en feuilletant qu'il y en avait d'autres...
Je me perds (et je me plais) dans les détails, mais il me manque un discours plus général qui articulerait et expliquerait ces relations. Kant me semble-t-il l'a fait, mais à un niveau qui me dépasse.
Vous demandez si vous avez été clair... Vous m'avez en tout cas fait faire un bon pas.
Bien cordialement.
Merci de prêter attention à mes questions et réflexions, et merci pour les citations adaptées.
NaOh a écrit:Kant fait une référence très nette au corps propre :Kant a écrit:Pour que je puisse rapporter certaines sensations à quelque chose d'extérieur à moi (c'est-à-dire à quelque chose placé dans un autre lieu de l'espace que celui où je me trouve) [...], il faut que la représentation de l'espace existe déjà en moi.
Il faut comprendre, je crois, que d'après Kant notre représentation de l'espace précède la représentation de la différence de lieux entre mon corps et les autres choses dans l'espace.
Cela complique encore un peu plus votre problème, me semble-t-il. Car la motricité, ou la dimension exploratoire du corps propre est déjà conditionnée par la représentation de l'espace, comme forme a priori de l'intuition.
Cela ne complique pas : je comprends que la représentation de l'espace puisse précéder nécessairement celle de mon corps, des autres choses de l'espace et de leurs rapports, même des rapports d'intériorité et d'extériorité, et aussi des déplacements qui constituent la dimension exploratoire du corps propre. Je l'ai bien volontiers reconnu à la suite de vos observations. J'ai remarqué simplement que cette représentation de l'espace n'est pas (pourrait ne pas être) la même chez l'enfant, qu'elle résulte d'une genèse que l'on peut suivre (et d'où provenaient les difficultés qui étaient les miennes quant à l'expression « a priori »).
Aussitôt admis cette antériorité et cet a priori « de droit », se sont dressés devant moi les trois axes orthogonaux (et les trois D donc, qu'indique Kant) au centre d'un lieu sans limites, où j'avais soigneusement rangé les objets de mes sens externes, où tout allait se mettre en scène, se jouer. Je n'ai pu alors que me demander à nouveau : les autres (et les enfants) voient-ils (intuitent-ils) l'espace de cette façon ? Mon système d'axes a tellement l'air d'un produit d'école !
Ce n'est pas rien, pour moi, de savoir si cette intuition là de l'espace est commune à tous.
Bref, je me demande si cette incontestable intuition a priori de l'espace pourrait être autre chose qu'une représentation.
Alors comment faut-il - et pour reprendre votre expression - se « tordre l'esprit » pour comprendre ceci ?
En fait je pense qu'il faut soigneusement observer une autre distinction que fait Kant, lorsqu'il entame la « déduction transcendantale »des concepts purs de l'entendement (Déduction transcendantale, chapitre II, première section). Cette distinction est celle du droit et du fait, ou encore la différence entre les questions quid juris ? et quid facti ?
C'est évidemment au niveau du droit ou de la question quid juris ? que devra être située la réponse à notre question.
J'avoue avoir du mal à comprendre. Je vois bien la distinction des deux jugements. Mais je ne la transpose pas au niveau des concepts purs de l'entendement. Je ne comprends plus le mot « déduction » sorti du cadre juridique. A moins que les intuitions a priori et les concepts purs de l'entendement ne soient rien d'autre que des règles à respecter. Le fait serait la donne, le droit la règle du jeu auquel elle est soumise. Il est évident que la règle d'un jeu est antérieure en droit à la partie qui se joue et fait autorité ; peu importe l'histoire de cette règle, la manière dont, au fil des temps, elle s'est établie et celle dont chacun en a pris connaissance. Est-ce une métaphore naïve ?
Mais comment de telles considérations peuvent-elles conduire à établir la table des concepts purs de l'entendement (voir également ici) et à les présenter en un système ? D'ailleurs je saisis mal le rapport entre tous ces tableaux en croix qui se superposent :
- Fonctions de la pensée dans le jugement.
- Table des catégories.
- Table des principes de l'entendement pur.
- Schèmes des catégories.
- Ce que représente et contient le schème de chaque catégorie.
J'ai vu en feuilletant qu'il y en avait d'autres...
Je me perds (et je me plais) dans les détails, mais il me manque un discours plus général qui articulerait et expliquerait ces relations. Kant me semble-t-il l'a fait, mais à un niveau qui me dépasse.
Vous demandez si vous avez été clair... Vous m'avez en tout cas fait faire un bon pas.
Bien cordialement.