De ce fait est-ce qu'une même pathologie peut être envisagée sous ces deux angles (excès de normalité et anormal) ? ou une manière est-elle plus adaptée qu'une autre à certaines pathologies ? est-ce qu'on peut aussi vis-à-vis d'une même pathologie utiliser deux modes d'accompagnement différents correspondant aux deux manières d'observer en les associant ? Sont-elles compatibles ou incompatibles ?
Je ne sais pas trop si j'attends votre réponse ou si je donne un exemple, allez je me lâche :
prenons l'exemple de la schizophrénie (pathologie que je connais bien, j'accompagne des personnes schizophrènes au quotidien en milieu ouvert (chez eux et à l'extérieur) dans le cadre du social, pas du médical) : je pense que les symptômes de cette pathologie sont un excès du fonctionnement "normal", pourquoi :
- sur les symptômes positifs (les hallucinations, les symptômes plus visibles) tout le monde peut entendre des voix et être trompé par ses sens (il existe des personnes non psychotiques qui parlent avec Dieu sans que cela pose problème à quiconque), d'autre part il est prouvé que mis dans un certain contexte, des individus peuvent être victimes d'hallucinations (syndrome post-traumatique par exemple).
- sur la paranoïa : on l'est tous plus ou moins à des degrés différents.
- sur les symptômes négatifs : on peut se laisser aller parfois et avoir la flemme de faire ce qu'on doit faire : des papiers, des courses, se laver les dents sans pour aller jusqu'à l'incurie (excès de processus "normaux")...
Et puis surtout tous ceux que j'ai rencontrés depuis 10 ans aspirent à une vie "normale" : travail, un appartement, des amis, une famille, etc.
De ce fait, j'ai plus pris du côté de la psychologie cognitive (mon institution n'a pas de parti pris) : on propose une forme de rééducation, par des entraînements aux habiletés sociales (ehs, de R.P Liberman, on joue des scènes de la vie quotidienne comme des mini pièces de théâtre sur des thèmes différents et on analyse en groupe, par exemple acheter du pain, apprendre à gérer quand on se fait aborder par un inconnu, apprendre à dire non... mais on y met du sens, ce n'est pas du comportementalisme pur...), et surtout de la remédiation cognitive qui est clairement inspirée de Socrate : questionnement Socratique, avec hypothèses sur des situations qui posent problème aux personnes accompagnées, et ensuite évaluation de ses hypothèses en fonction de leurs probabilités, cela permet d'assouplir certains schémas cognitifs. Concrètement si Yann me dit que son voisin lui en veut parce qu’il le regarde toujours bizarrement en souriant et qu'il se moque de lui en lui disant bonjour, je lui demande : "admettons que ce soit autre chose, pourquoi le voisin vous dit bonjour en souriant ?" et on l'amène doucement vers une conclusion plus vraisemblable et souvent moins anxiogène : "vous ne dites jamais bonjour en esquissant un sourire ?" (si cela vous intéresse, je peux vous transmettre un petit texte de mon cru sur le fonctionnement de la schizophrénie)...
Bref si on pense que la schizophrénie est un fonctionnement "anormal", quelles propositions met-on en place pour guérir ? Jérôme Favrod, Comment guérir de la schizophrénie ? (aux édition Elsever Masson) répond par l'affirmative à cette question, moi je n'en suis pas sûr, je pense plutôt qu'on peut remédier aux symptômes, les atténuer (certaines personnes n'ont plus besoin d'accompagnement au bout d'un certain temps et un travail de réadaptation sociale en partenariat avec le sanitaire, cependant elles sont peu nombreuses), et ce n'est pas tout à fait la même chose pour moi.
Je ne sais pas trop si j'attends votre réponse ou si je donne un exemple, allez je me lâche :
prenons l'exemple de la schizophrénie (pathologie que je connais bien, j'accompagne des personnes schizophrènes au quotidien en milieu ouvert (chez eux et à l'extérieur) dans le cadre du social, pas du médical) : je pense que les symptômes de cette pathologie sont un excès du fonctionnement "normal", pourquoi :
- sur les symptômes positifs (les hallucinations, les symptômes plus visibles) tout le monde peut entendre des voix et être trompé par ses sens (il existe des personnes non psychotiques qui parlent avec Dieu sans que cela pose problème à quiconque), d'autre part il est prouvé que mis dans un certain contexte, des individus peuvent être victimes d'hallucinations (syndrome post-traumatique par exemple).
- sur la paranoïa : on l'est tous plus ou moins à des degrés différents.
- sur les symptômes négatifs : on peut se laisser aller parfois et avoir la flemme de faire ce qu'on doit faire : des papiers, des courses, se laver les dents sans pour aller jusqu'à l'incurie (excès de processus "normaux")...
Et puis surtout tous ceux que j'ai rencontrés depuis 10 ans aspirent à une vie "normale" : travail, un appartement, des amis, une famille, etc.
De ce fait, j'ai plus pris du côté de la psychologie cognitive (mon institution n'a pas de parti pris) : on propose une forme de rééducation, par des entraînements aux habiletés sociales (ehs, de R.P Liberman, on joue des scènes de la vie quotidienne comme des mini pièces de théâtre sur des thèmes différents et on analyse en groupe, par exemple acheter du pain, apprendre à gérer quand on se fait aborder par un inconnu, apprendre à dire non... mais on y met du sens, ce n'est pas du comportementalisme pur...), et surtout de la remédiation cognitive qui est clairement inspirée de Socrate : questionnement Socratique, avec hypothèses sur des situations qui posent problème aux personnes accompagnées, et ensuite évaluation de ses hypothèses en fonction de leurs probabilités, cela permet d'assouplir certains schémas cognitifs. Concrètement si Yann me dit que son voisin lui en veut parce qu’il le regarde toujours bizarrement en souriant et qu'il se moque de lui en lui disant bonjour, je lui demande : "admettons que ce soit autre chose, pourquoi le voisin vous dit bonjour en souriant ?" et on l'amène doucement vers une conclusion plus vraisemblable et souvent moins anxiogène : "vous ne dites jamais bonjour en esquissant un sourire ?" (si cela vous intéresse, je peux vous transmettre un petit texte de mon cru sur le fonctionnement de la schizophrénie)...
Bref si on pense que la schizophrénie est un fonctionnement "anormal", quelles propositions met-on en place pour guérir ? Jérôme Favrod, Comment guérir de la schizophrénie ? (aux édition Elsever Masson) répond par l'affirmative à cette question, moi je n'en suis pas sûr, je pense plutôt qu'on peut remédier aux symptômes, les atténuer (certaines personnes n'ont plus besoin d'accompagnement au bout d'un certain temps et un travail de réadaptation sociale en partenariat avec le sanitaire, cependant elles sont peu nombreuses), et ce n'est pas tout à fait la même chose pour moi.