Le ministre actuel de l'éducation nationale, Vincent Peillon, a fait part, il y a quelques mois, de son projet d'enseigner la "morale laïque" à l'école. Il est frappant de constater que cela n'a rien à voir avec quelque morale. On ne parlera pas de "justice", mais de "justice sociale" et de "solidarité" (pareillement, il existe déjà un enseignement "d'éducation civique" et non "d'éducation"). En fait, cette "morale laïque" correspond précisément à la doctrine solidariste développée par Léon Bourgeois. Auquel cas, cet enseignement ne serait-il pas inutile dans la mesure où tout Français est un solidariste né (et qui s'ignore) ? Doctrine dont les institutions (à commencer par l'éducation nationale) de la République sont d'ailleurs le reflet. D'une part, le solidarisme est-il réellement moral ? D'autre part, s'agit-il alors d'enseigner explicitement les principes d'une idéologie baptisée "morale laïque" ? En comparaison, le catéchisme avait au moins le mérite de ne pas nier être dans un rapport d’hétéronomie avec la religion chrétienne. En d'autres termes, l'enseignement de la "morale" est-il envisageable sans le soutien d'une idéologie, d'une doctrine ou d'une religion ? Si non alors cela ne revient-il pas à dévoyer le sens de la "morale" (et donc de son enseignement présumé) ?
Les enseignants, autrement dit les agents de l’État, seraient-ils légitimes pour enseigner la "morale" ? D'aucuns diraient (non sans mauvais esprit) qu'ils ont pour seule expérience la fréquentation des bancs de l'école. L'accumulation des diplômes est-elle l'indicateur d'une gageure morale ? Rien n'est moins sûr. Prenons un exemple : l'idée que la dette publique, en France, est une chose normale qu'il ne faut chercher ni à diminuer (en fait on ne cesse de l'augmenter) ni à rembourser est un discours largement diffusé par les journalistes économiques ; discours partagé par les intellectuels et surtout les gouvernants. Donc si l'on suit cette logique : à titre individuel, lorsque je contracte un prêt (sur la base d'un contrat) pourquoi devrais-je chercher à le rembourser ?
Indépendamment de l'école, les parents peuvent-ils enseigner la morale à leurs enfants ?
Enfin l'enfant (à qui cet enseignement est adressé) est-il condamné d'aiguiser intuitivement son sens moral avant d'avoir atteint l'âge dit de raison ?
Les enseignants, autrement dit les agents de l’État, seraient-ils légitimes pour enseigner la "morale" ? D'aucuns diraient (non sans mauvais esprit) qu'ils ont pour seule expérience la fréquentation des bancs de l'école. L'accumulation des diplômes est-elle l'indicateur d'une gageure morale ? Rien n'est moins sûr. Prenons un exemple : l'idée que la dette publique, en France, est une chose normale qu'il ne faut chercher ni à diminuer (en fait on ne cesse de l'augmenter) ni à rembourser est un discours largement diffusé par les journalistes économiques ; discours partagé par les intellectuels et surtout les gouvernants. Donc si l'on suit cette logique : à titre individuel, lorsque je contracte un prêt (sur la base d'un contrat) pourquoi devrais-je chercher à le rembourser ?
Indépendamment de l'école, les parents peuvent-ils enseigner la morale à leurs enfants ?
Enfin l'enfant (à qui cet enseignement est adressé) est-il condamné d'aiguiser intuitivement son sens moral avant d'avoir atteint l'âge dit de raison ?