toniov a écrit:En clair, il ne faudrait pas opposer l'imagination (ou imaginaire) à la raison, même si c'est parfois le cas. Ce qui est concret se passe des a priori (où devrait), tandis que l'imagination fonctionne justement ainsi : dans l'a priori par rapport au concret. Ces a priori peuvent donc se révéler, s'ils se "concrétisent", néfastes ou constructifs. Et je ne vois alors que la synthèse. Par exemple se demander : quelle est la synthèse entre les apports de la société occidentale et orientale ? Et non pas voir le "bon" d'un côté et le "mauvais" de l'autre.
En clair ?... :) c'est un peu vite dit, car cela ne peut être aussi simple que cela, sans quoi cela serait évident pour tout le monde et mettrait tout le monde d'accord. Parler de "synthèse" est bien trop simple et réducteur, bien que cette idée de synthèse d'un a priori intuitif ("imaginatif") qui se concrétise (se vérifie) dans une expérience au niveau du phénomène et faisant intervenir la raison, cela se retrouve dans la philosophie de Kant, et dans le glissement qu'il opère entre raison pure (entendement, science) et raison pratique (morale). C'est ensuite sur Hegel qu'il faut se pencher pour aller plus loin. Mais on n'est pas sorti d'affaire quand on sait que les abstractions de sa philosophie ont pu être ré-interprétées dans un sens totalement opposé à sa pensée où l'histoire est celle de "toujours plus de liberté".
Donc plutôt que de synthèse il faudrait parler de dialectique, autrement dit "thèse, antithèse, synthèse".
Et pour ce qui est de la synthèse entre Orient et Occident, il ne s'agit pas d'une voie "ni-ni" mais de processus du réel (par "négation de la négation") qui parvient par lui-même à opérer "l'identité de l'identité et de la différence" autrement dit parvenir à l'universel.
Pour mieux préciser ma pensée, sans pour autant que ce soit parfaitement limpide, j'en conviens, voici un petit extrait :
encyclopédie universalis a écrit:Rationalisme
[...] Le rationalisme hégélien -
Avec Hegel apparaît une attitude philosophique dont le caractère rationaliste fait problème, bien que le mot raison en soit un leitmotiv permanent. Dans une telle doctrine règne la thèse de l'équivalence du rationnel et du réel, c'est-à-dire de l'historiquement effectué et de sa reconstitution réglée dans un langage. La rationalité ne porte donc pas alors sur un mode de connaissance, mais sur la nature même de ce qui est, ou plus exactement de ce qui devient. Un tel déplacement ne va pas sans une modification profonde – et de l'avis du présent auteur d'une dénaturation – du concept même de raison.
En tant qu'elle s'effectue dans la pensée, la raison est la « certitude de la conscience d'être toute réalité » (Phénoménologie de l'esprit, I, 196) ; selon son autre face, en tant qu'elle est activité, la raison est « l'opération conforme à un but » (op. cit., I, 20). Cette « opération », cette activité rationnelle de la pensée consiste ainsi à reproduire dans un langage un mouvement de concepts qui exprime le mouvement réel des choses. Ce que Hegel nomme la « logique » est la succession de ces concepts, rythmée selon le fameux paradigme : thèse-antithèse-synthèse, dans lequel c'est la négation qui engendre les déterminations de plus en plus riches des concepts. Une telle prise de conscience de la « rationalité » du réel se déploie à travers les sciences, la moralité, la religion, pour viser au « savoir absolu », figure assez énigmatique où « l'esprit se sait lui-même comme esprit »...
Il est permis de voir dans le système hégélien une forme extrême mais radicalement altérée de l'attitude rationaliste, dans la mesure où le moment critique d'une dissociation du connaître et de l'être s'y est estompé, et où la méthode de construction des concepts s'y ramène monotonement au schéma dialectique ternaire, toujours opportunément adapté au concept qu'on veut introduire, et qu'aucun contrôle ne modère de l'extérieur.
[...]
La raison et l'histoire
Nous venons de faire allusion à l'irrationalité de l'histoire. On a vu que pour Hegel le déroulement de l'histoire est au contraire pleine manifestation de la raison. Mais c'est alors accepter que le rationnel puisse être totalement imprévisible, et que, d'autre part, on puisse le reconnaître en tout événement, mais seulement après coup. Un tel acte de foi en la raison peut paraître un peu suspect, dans la mesure au moins où cette thèse se met d'elle-même à l'abri de toute réfutation. L'idée de raison s'y trouve assurément, on l'a dit, détournée de son sens ordinaire, et un tel « rationalisme » ne mérite plus guère son nom...
goldo a écrit:La question de la subjectivité ne se limite pas au débat politique en sens strict...
N'ayez crainte je n'ai pas perdu de vue le champ philosophique, ni métaphysique, de la question initiale.