Techniquement, le problème n'est pas le désir lui-même, mais sa réalisation. On peut tout désirer (l'immortalité, la richesse, la chair, la voiture garée en face de chez moi depuis une semaine...), mais on ne peut réaliser tous nos désirs, et c'est là que le bât blesse. Si bien que si on se laisse envahir par nos désirs, on risque plus de se laisser envahir par la frustration de ne pas tous les réaliser.
Il semble donc que certains désirs soient réalisables, d'autres non. Si bien qu'on peut essayer de créer une typologie des désirs selon qu'on puisse ou non les réaliser. Mais enfin, il apparaît que souvent, de nombreux facteurs extérieurs à notre personne permettent, ou non, la réalisation d'un désir. Si bien que si on souhaite vraiment les réaliser, il devient utile alors de s'assurer l'aide de ces facteurs extérieurs. Sans en être assuré donc, on se place sous ces facteurs extérieurs aux fins de voir réaliser nos désirs. Exit donc la frustration, place à l’allégeance.
Deux situations donc : la frustration de ne pas réaliser ses désirs, ou l'asservissement à ce qui en permet la réalisation.
Reste qu'il doit bien exister des désirs réalisables par nous-mêmes, et indépendamment de tout le reste. Arrivé ici, je ne peux continuer sans rendre à César ce qui lui revient. Épictète nous enseigne que l'Homme ne saurait être libre, c'est-à-dire libéré de tout ces désirs irréalisables et frustrants, et ceux qui nous avilissent, qu'en distinguant précisément ce qui est à nous en propre, et ce qui ne l'est pas. De là, l'Homme n'a plus qu'à orienter ses désirs vers ce qui est à lui en propre, puisque son pouvoir est total dessus, il ne pourra que les réaliser. Et il s'exemptera de désirer ce sur quoi il n'a aucun pouvoir. Je me trompe peut-être dans l'interprétation que j'ai de ce que nous a laissé Épictète, mais enfin il me semble que je n'en suis pas trop loin.
En définitive, reste peut-être aussi à creuser du côté des philosophies asiatiques, le taoïsme qui nous enseigne le non-agir et que j'ai découvert récemment me semble se rapprocher du stoïcisme et être intéressant à étudier pour savoir comment orienter nos désirs.