Je doute fortement que cette (re)valorisation du corps ne concerne que la sexualité, ou même que la sexualité en soit la part majeure.
La célébration du corps comporte plusieurs petits combats contre ses contempteurs, et l'un d'eux est celui d'une déchristianisation du sexe. Mais il ne faut voir là qu'une facette d'une entreprise plus grande. Cela dit, j'ai l'impression qu'il s'agit beaucoup plus d'un changement dans le traitement de la sexualité, une transformation de la manière dont on l'aborde, et non un manifeste libertin. Nietzsche n'aimait pas le voile de l'impureté dont on recouvrait le sexe ni le mépris des instincts qu'il y a dans l'incitation à la chasteté, mais il était assez chaste lui-même et très conservateur dans ses pratiques. Ce n'est donc pas une guerre contre la condamnation des divers actes sexuels, mais bien contre le procès qu'on fait aux intentions, aux désirs, aux instincts vitaux d'ordre sexuel. Pas vraiment pour une libération des pratiques sexuelles, mais contre une déshumanisation de celles-ci.
P. S. : Concernant les attaques de Nietzsche contre le christianisme, j'aime beaucoup la thèse de Laurent-Michel Vacher, qui a consacré un livre sur la pensée de Nietzsche (Le Crépuscule d'une idole. Nietzsche et la pensée fasciste), et qui avance l'idée que l'hostilité du philosophe envers le christianisme est surtout dirigée contre le concept de l'égalité spirituelle. Son essai comporte plusieurs éléments méritant critique, mais c'est l'un des bons points que j'en ai retenus.
En effet, Nietzsche ne cesse d'attaquer l'égalité entre les hommes et prône, au contraire, l'idée d'une hiérarchie. Je n'ai jamais lu chez lui un aphorisme qui ne soit en faveur d'une abolition des castes, contre une hiérarchisation sociale et intellectuelle, etc. On assiste plutôt à la démolition du socialisme, et je crois que sa machine de guerre contre le christianisme (dont le socialisme est, sur certains points, une copie laïcisée) attaque les mêmes éléments. On a affaire à deux formes de nihilisme et, lorsqu'on sait l'horreur qu'a Nietzsche du plus bas dénominateur commun et l'attachement qu'il a pour l'aristocratie, pour sa caste de philosophes géniaux à venir, pour les êtres supérieurs, etc., il n'est pas fou de prétendre que c'est toute la notion de l'égalité (spirituelle entre les âmes et, ici-bas, entre les hommes) qui est visée.
La célébration du corps comporte plusieurs petits combats contre ses contempteurs, et l'un d'eux est celui d'une déchristianisation du sexe. Mais il ne faut voir là qu'une facette d'une entreprise plus grande. Cela dit, j'ai l'impression qu'il s'agit beaucoup plus d'un changement dans le traitement de la sexualité, une transformation de la manière dont on l'aborde, et non un manifeste libertin. Nietzsche n'aimait pas le voile de l'impureté dont on recouvrait le sexe ni le mépris des instincts qu'il y a dans l'incitation à la chasteté, mais il était assez chaste lui-même et très conservateur dans ses pratiques. Ce n'est donc pas une guerre contre la condamnation des divers actes sexuels, mais bien contre le procès qu'on fait aux intentions, aux désirs, aux instincts vitaux d'ordre sexuel. Pas vraiment pour une libération des pratiques sexuelles, mais contre une déshumanisation de celles-ci.
P. S. : Concernant les attaques de Nietzsche contre le christianisme, j'aime beaucoup la thèse de Laurent-Michel Vacher, qui a consacré un livre sur la pensée de Nietzsche (Le Crépuscule d'une idole. Nietzsche et la pensée fasciste), et qui avance l'idée que l'hostilité du philosophe envers le christianisme est surtout dirigée contre le concept de l'égalité spirituelle. Son essai comporte plusieurs éléments méritant critique, mais c'est l'un des bons points que j'en ai retenus.
En effet, Nietzsche ne cesse d'attaquer l'égalité entre les hommes et prône, au contraire, l'idée d'une hiérarchie. Je n'ai jamais lu chez lui un aphorisme qui ne soit en faveur d'une abolition des castes, contre une hiérarchisation sociale et intellectuelle, etc. On assiste plutôt à la démolition du socialisme, et je crois que sa machine de guerre contre le christianisme (dont le socialisme est, sur certains points, une copie laïcisée) attaque les mêmes éléments. On a affaire à deux formes de nihilisme et, lorsqu'on sait l'horreur qu'a Nietzsche du plus bas dénominateur commun et l'attachement qu'il a pour l'aristocratie, pour sa caste de philosophes géniaux à venir, pour les êtres supérieurs, etc., il n'est pas fou de prétendre que c'est toute la notion de l'égalité (spirituelle entre les âmes et, ici-bas, entre les hommes) qui est visée.