Intransigeance a écrit: Euterpe a écrit: Mais, puisque la mélancolie n'est pas exactement une maladie, on n'en sort pas.
Cela devient du fatalisme. Et c'est triste de penser de la sorte, je pense, au contraire, qu'il s'agit d'une réelle maladie, et par suite, qu'il est possible de la soigner.
La question n'est pas de savoir si c'est triste de penser de la sorte, encore moins si c'est fataliste ou pas. La seule question est de savoir ce qu'
est la mélancolie, plus précisément ce que nous en
savons ou
pouvons en savoir. Êtes-vous à même de donner un cas, ne serait-ce qu'un seul, et dûment répertorié, de guérison de la mélancolie ? Vous disposez d'une documentation gigantesque en la matière, à commencer par les témoignages des mélancoliques eux-mêmes ou de leurs proches. Enfin, même les critères du DSM IV ne font pas l'unanimité et sont sujets à d'incessants débats entre spécialistes depuis des décennies. Le mot même de mélancolie est tellement embarrassant qu'on lui préfère l'expression faible et vague de
dépression majeure, qui n'est pas un concept, mais la synthèse toujours plus volumineuse d'observations multiples additionnées les unes aux autres en attendant mieux. On attendra longtemps. A vrai dire, on attendra toujours.
Petite précision. Je ne sais pas dans quel contexte vous posez cette question, mais si c'est d'un ami à vous qu'il s'agit, ou d'un membre de votre famille, je vous déconseille de vous faire croire ou de lui faire croire qu'il ou elle pourrait s'en sortir comme on sort de chez soi. Vous auriez tôt fait de mettre en pratique des "recettes", même sans vous en rendre compte. C'est la dernière chose à faire. En la matière, la première des sagesses est de ne jamais se substituer au corps médical, et d'admettre que l'opinion des uns ou des autres n'y a aucune espèce de légitimité, même quand elle est bien renseignée.
Intransigeance a écrit: Euterpe a écrit: Si tout n'était que "propre à chacun", il n'y aurait pas même de discussion.
Je suis plus nuancée, chacun a une vision personnelle de la beauté mais, dieu merci, parfois ces visions se croisent et se recoupent pour former un "beau commun".
Ah bon ? Il faudrait déjà prouver que "chacun" a une vision personnelle de la beauté. Or il se trouve que beaucoup s'en contrefichent éperdument. Il faudrait également prouver que chacun en a une expérience et/ou une connaissance suffisamment consistante pour envisager la seule possibilité d'une "vision personnelle". Enfin, si "vision personnelle" il y a, son détenteur devrait être à même d'en faire l'objet d'un discours d'un peu plus de deux lignes, pour montrer qu'il a au moins une conscience claire de sa vision.
bauhaus a écrit: Il est souhaitable, il me semble, que chacun soit la mesure du beau, et que la beauté demeure le beau de chacun.
Et en quoi cela serait-il souhaitable, cher Teutonicianus villosus, voulez-vous bien nous le dire ? Or, votre souhait est déjà plus qu'amplement réalisé, et satisfait, tant vous êtes nombreux à décréter, ni plus ni moins, que chacun est aujourd'hui la mesure du beau. Au lieu d'affirmer en pontifiant derrière le nom de Protagoras, ayez donc le courage d'un argumentaire en bonne et due forme.
bauhaus a écrit: Qu'eût été Baudelaire s'il s'était soumis à la beauté bourgeoise du 19ème siècle au lieu de défendre sa "propre" vision de la beauté ?
Il y a quelque chose de divertissant, désopilant même, à lire quelqu'un affirmer à ses propres dépens qu'il n'a pas lu l'auteur qu'il prétend avoir lu en s'y référant. Surtout quand cet auteur est encore l'une des principales mesures du beau, à laquelle chacun ou presque, même sans le savoir, et même mal, souscrit. Lisez au moins
Le peintre de la vie moderne. Je doute que ça vous réforme, mais si ça peut nous éviter une énième de vos énormités, ça nous fera des vacances.
Dernière édition par Euterpe le Dim 9 Fév 2014 - 18:06, édité 2 fois