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L'évolution.

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nnikkolass
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ksinok
7 participants

descriptionL'évolution. - Page 2 EmptyRe: L'évolution.

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Le problème de la conception de l'évolution par la sélection naturelle (réponse la mieux adaptée à un environnement donné) c'est qu'elle ne rend pas compte de la diversité des espèces et des solutions. L'évolution semble linéaire et unidirectionnelle. Le cafard est-il plus adapté que l'humain ?

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Bonjour Papillon,

Résumer la sélection naturelle à "la réponse la mieux adaptée à un environnement donné" est de mon point de vue un peu réducteur, c'est plus complexe que cela : relisez Le gène égoïste de Dawkins, ou Darwin dans le texte, ou Denett et sa théorie des "mèmes" qui fonde une théorie de la culture d'un point de vue évolutionniste.
Du coup le reste du raisonnement me semble exagéré : il y a des tâtonnements dans l'évolution des espèces, cela prend parfois des milliers d'années avant qu'un gène soit sélectionné à l’intérieur d'une espèce et qu'il soit généralisé, l'évolution n'est pas linéaire, mais semée d'embuches et parfois chaotique... D'autre part il existe de nombreux évolutionnistes qui étudient diverses espèces et pas qu'une seule, d'ailleurs la plus part des évolutionnistes sont des éthologues : Harlow, Lorenz, etc.

Personnellement, je m’intéresse plus particulièrement à une branche du mouvement évolutionniste qui est la psychologie, et encore plus précisément la psychiatrie évolutionniste, les travaux de Damasio ou de Pinker m’intéressent au plus haut point, j'essaie de comprendre certaines pathologies en lien avec l'évolution de notre espèce : en effet, notre cerveau est resté quasiment tel qu'il était à l'âge de pierre, et pourtant notre environnement a radicalement changé, ce qui crée certainement des perturbations ou des troubles mentaux chez certaines personnes (voir la théorie du Mismatch).

Je ne vois pas de problème dans la PE, bien au contraire, sans doute le mouvement où je pense que je trouverais le plus de réponses logiques à ce qui fonde la nature humaine notamment dans l'équilibre entre l'inné et l'acquis (théorie de la page blanche) et il existe de nombreux liens avec la philosophie, rien que le titre du dernier Damasio : L'erreur de Descartes fait référence à un philosophe (Damasio se revendique appartenir à ce mouvement).

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Le problème de la conception de l'évolution par la sélection naturelle (réponse la mieux adaptée à un environnement donné) c'est qu'elle ne rend pas compte de la diversité des espèces et des solutions. L'évolution semble linéaire et unidirectionnelle. Le cafard est-il plus adapté que l'humain ?


Contrairement à nnikkolass, définir la théorie de l'Évolution en référence à la meilleure adaptation à un environnement me semble exact. Par contre, il est faux de prétendre qu'elle ne rend pas compte de la diversité des espèces. Elle est aussi loin d'être linéaire (regardez par exemple l'hypothèse de l'équilibre ponctuel). Ça a beau être présenté dans un contexte philosophique, ça ne devrait pas empêcher de lire au minimum un article de wiki sur le sujet...

Unidirectionnelle ? Dans la mesure où l'Évolution se déroule au cours du temps et que la flèche du temps reste encore unidirectionnelle, je suis d'accord. Sinon l'Évolution peut revenir partiellement sur ses "pas", mais comme le contexte environnemental change constamment, ce ne se produira pas de façon exacte.

Il faut aussi, d'un point de vue biologique, laisser la conception des mèmes de Dawkins de côté. Il est légitime d'en parler comme d'un mouvement philosophique, formé sur la base d'une analogie biologique, mais elle n'est pas à confondre avec la théorie de l'Évolution biologique, laquelle est bien établie mais comme toute théorie scientifique, elle évolue.
  
D'un point de vue biologique, la psychologie évolutionniste aussi est douteuse dans ses fondements. En biologie, il n'existe pas un gène codant pour tel ou tel comportement social ou attribut psychologique, ce sont au contraire des réseaux d'interactions entre plusieurs gènes et leurs réseaux de régulation génique qui dans un contexte environnemental donné déterminent un ensemble de protéines qui, ensemble, produisent un comportement plus complexe. Il y a co-évolution simultanée des gènes qui finalement ne sont pas si égoïstes... Et le fondement biologique de ce comportement peut lui-même s'adapter sans que ce soit génétique. Ce peut être les réseaux de régulation qui se modifient par exemple. Et ce peut être en réponse directe avec l'environnement (par exemple la lumière ou un stress quelconque).

En plus il y a toute la question de l'épigénétique qui vient s'amuser à brouiller le beau schéma que nnikkolass nous a exposé. En gros, l'environnement produit des marqueurs sur les gènes qui en modifient l'expression, lesquels marqueurs pourront eux aussi être transmis aux descendants proches sans que les gènes ne soient modifiés. Une forme de transmission des caractères acquis en somme (plus proche de l'idée de Lamarck que de celle de la théorie synthétique de l'Évolution).

J'ai déjà lu plusieurs articles de psychologie évolutionniste (entre autres par rapport au comportement d'accouplement/appariement/séduction ("mating") des animaux et des humains), et je constate que toujours on nous sort une explication toute faite identique pour les humains et les autres animaux qui va dans le sens du renforcement du stéréotype de genre. Je ne veux pas nier l'importance du biologique bien sûr, mais il faut quand même rappeler que l'animalité de l'homme est médiatisée par sa culture. C'est-à-dire que si nos comportements ont ultimement une origine biologique (qui ne se réduit pas qu'au génétique non plus), ceux-ci sont altérés par les cultures humaines qui leurs donnent un sens. Dire qu'un homme (par exemple) aime naturellement rechercher plusieurs partenaires sexuels féminin parce que cela augmente la probabilité de reproduction de ses gènes, c'est quand même oublier que dans notre culture, la plupart des hommes préfèrent que leurs partenaires sexuelles occasionnelles ne tombent pas enceintes.
 

Mal fonder une science permet davantage d'abus. Certaines idéologies, de fait, instrumentalisent ce savoir supposé scientifique pour ensuite légitimer leur discours sociopolitique (qui ici est conservateur dans certains de ses aspects). Je suis d'accord avec nnikkolass sur les dangers du créationnisme, mais justement face à des idéologies pseudo-scientifiques il faut quand même prendre garde à ne pas en opposer une nouvelle. Si la science veut garder sa légitimité, elle doit se critiquer elle même.

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Bonjour,

On est d'accord sur l'ensemble, cependant j'ai fait un résumé d'information sur la Psychologie Évolutionniste, mon intention est de susciter l'intérêt pour ce courant, pas de convaincre ; c'est une fiche informative dont chacun fera ce qu'il voudra...
Je m’intéresse en ce moment aux travaux de Paul Ekman sur les émotions (notamment la différence entre les émotions de base et les émotions mixtes) et le rapport éventuel avec le stoïcisme d’Épictète... tout un programme !

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Bon, alors on est d'accord.

Oui dans l'ensemble je suis d'accord avec vous pour dire qu'on est d'accord mais je me méfie des raccourcis que certains feront. Au demeurant, c'est un bon résumé. Il faudrait juste lui ajouter, quant à moi, la dimension idéologique des discours présentés. Dans cette "lutte" entre les explications "tout social" et "tout biologique", il n'y a pas en jeu que des questions proprement scientifiques, et nos théories scientifiques (ou se proposant comme telles) elles-mêmes comportent tout un ensemble de connotations. La façon déformée et simpliste de vulgariser la science doit nous inviter à la prudence, d'autant que la science est devenue l'outil privilégié de la légitimation des vérités.   


Pour nuancer mon jugement, je vais quand même ajouter qu'outre le fait que je prends le "réseau d'interaction des gènes et de leurs régulation" comme objet d'évolution, ce n'en est pas moins biologique que de prendre le gène comme unité de base.

On nous accuse donc parfois de "biologisme", c'est-a-dire de "réductionnisme" au biologique, et je pense qu'il est préférable pour éviter les malentendus de présenter le biologique dans son interaction avec le social. Cela vise aussi à gagner la légitimité de notre discours auprès des tenants du "tout social" et à les amener ainsi à prendre en compte une part de biologique.  

Est-ce alors dire que le discours biologique "non-réductionniste" n'est qu'une rhétorique, car finalement entre la "réduction" aux gènes et la "réduction" aux interactions, y a-t-il une différence si importante, si ce n'est qu'on ne parle plus de réduction ? Je ne crois pas mais c'est un débat, car la notion de réduction n'est pas si nette.  

Certains auteurs revalorisent aussi l'idée de réduction physicaliste de l'esprit (c'est-à-dire la conscience). Je viens de me procurer Mind in a Physical World de Kim Jaegwon, mais je ne l'ai pas encore lu... Ça se situe vraiment à un niveau plus théorique que tout ce dont on a discuté ici.
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