: censée les amener
Boudou a écrit: Pourriez-vous nous dire en quoi vous n'êtes pas tout à fait d'accord avec Hannah Arendt à propos des origines du totalitarisme ?
Je n'ai pas lu Hannah Arendt. Comme je ne peux lire des millions de livres, je demande à Google de m'informer.
Voici ce que dit Wikipedia à propos du livre d’Hanna Arendt : « Les origines du totalitarisme ».
Wikipedia a écrit:
Hannah Arendt relie le début de la période impérialiste à un état dans lequel l’État-Nation n’était plus adapté au développement capitaliste de l’économie. La bourgeoisie, consciente de cette faiblesse, commença à s’intéresser aux affaires politiques, pour assurer le maintien de la création de richesses. « L’impérialisme naquit lorsque la classe dirigeante détentrice des instruments de production s’insurgea contre les limites nationales imposées à son expansion économique. »
Elle (Hannah Arendt) fait la distinction avec les conquêtes du passé (« conquête » et « expansion » sont deux termes opposés dans l’ouvrage), impériales au sens premier du terme : pour la première fois, des puissances ont fait des conquêtes sans vouloir exporter leurs lois et leurs coutumes dans les régions conquises – voire en appliquant des lois qui seraient jugées inacceptables sur leur propre sol. C’est le premier coup porté à l'État-Nation et à la démocratie, les premières graines du totalitarisme.
Arendt démontre également que la pensée raciale et la bureaucratie, deux piliers du totalitarisme, ont été construites pour servir l’expansion impérialiste.
Dans l’avant-dernière partie du livre, Arendt analyse le pendant continental de l’impérialisme : les mouvements annexionnistes, soit le pangermanisme et le panslavisme, qui alimenteront par la suite les totalitarismes hitlériens et staliniens.
Je l'ai dit, ou du moins laissé entendre, dans mes précédents messages : ce n'est pas du tout ainsi que je comprends la formation des totalitarismes. Le capitalisme ultra-libéral y est quand même pour quelque chose : il crée des conditions d'existence insupportables pour les oubliés de la croissance. Ceux-ci ne voient pas d'où leur vient ce malheur, comme autrefois on a longtemps ignoré d'où venait la peste. En tout cas, ils ne peuvent renoncer à l'existence -l'existence, pas la vie-.
Ils commencent à douter, en bloc, de tous ceux qui semblent être aux commandes de la société : politiques, juristes, journalistes, chefs d'entreprises, banquiers, enseignants et chercheurs,... Ils sont alors mûrs pour un populisme. Si, de plus, ils se mettent à rêver d'un âge d'or qu'ils situent soit dans le passé (tendance fascisante), soit dans l'avenir (tendance révolutionnaire), ils sont prêts pour un totalitarisme. L'instabilité croissante de notre monde menacerait l'installation dans cet âge d'or : il faudra donc interdire tous les facteurs de changement, et là, il est nécessaire d'élaborer une dictature. Il ne reste plus qu'à élaborer une nouvelle idéologie et nous y arrivons, au totalitarisme. Si le désarroi des laissés pour compte est suffisamment fort, ils vont faire le saut : les uns vont adhérer à un fascisme (les nostalgiques d'un passé mythique), les autres à une idéologie révolutionnaire qui les emmènera, croient-ils, vers un avenir radieux.
Je dois rappeler ce que j'entends par idéologie : une explication globale du monde et de grandes règles de vie lesquelles devraient répondre au mieux à notre impérieux besoin d'existence, principalement dans la longue durée. Les religions furent les premières idéologies; il est probable qu'elles sont nées quand l'homme de la préhistoire, devenu suffisamment conscient, a éprouvé le besoin d'inhumer ses morts. Les communismes, les anarchismes sont des idéologies. Le Déclaration Universelle des Droits de l'Homme exprime l'essentiel de l'idéologie occidentale. Dans le journal Ouest-France d'aujourd'hui, un homme politique bien connu, sans le savoir, vient à l'appui de mes dires : "Il y a une perte de repères par rapport à ce qui était, en France, une forme de
religion des droits de l'homme."
Toujours selon moi, l'idéologie est pour l'homme aussi indispensable qu'un toit et je m'autorise un parallèle entre SIF (sans idéologie fixe) et SDF.