Aristote posait déjà ces questions dans les premiers tomes de l'Organon.
Vous présupposez plus ou moins, cyr8, que la logique des contraires à laquelle nous sommes habitués (opposer le grand au petit, par exemple), est culturelle et non pas essentielle ; que le contraire du "grand" serait le "non-grand". Mais il me semble, et Aristote vous répondrait sans doute la même chose, que vous confondez le contraire et la contradictoire. Le "non-grand" n'est pas le contraire du "grand", mais sa contradictoire. Le contraire n'est pas, comme vous semblez le penser, la simple négation d'une affirmation : c'est une autre affirmation. Ainsi, le contraire de "grand" ne peut qu'être le "petit", car "petit" est une affirmation. Le contraire n'est pas une négation : tout contraire est une affirmation. Toute négation est une contradictoire. Lisez le traité De l'Interprétation de Aristote, vous saisirez davantage cette distinction entre la contradictoire et le contraire.
Une substance n'a pas de contraire (là, c'est dans les Catégories, cinquième chapitre, qu'il faut aller regarder). Vous devez distinguer entre un sujet et un prédicat : l'exemple du grand et du petit conviennent pour des prédicats (comme adjectifs). Les prédicats sont toujours susceptibles de trouver leur contraire. Mais si on oppose l'homme et la femme, cela convient mieux pour des substances, c'est-à-dire pour des sujets. Or un sujet, du moins dans la logique aristotélicienne, n'a pas de contraire. Trouver un contraire à l'homme est aussi absurde que trouver un contraire à Socrate.
Chez Aristote, il y a trois genres de substance : l'individu (ex : Socrate), l'espèce (ex : homme) et le genre (ex : animal). Aucun de ces stades de la substantialité ne résiste à la règle que je vous ai énoncée. Ce qui n'est pas le cas du prédicat.