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Que signifie "transcendantal" chez Kant ?

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5 participants

descriptionQue signifie "transcendantal" chez Kant ? - Page 2 EmptyRe: Que signifie "transcendantal" chez Kant ?

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Le concept chez Kant sert à ordonner les objets en catégories. Il est aussi formé a priori par l'esprit et c'est une opération propre à l'entendement.

Je ne sais pas ce que vous entendez par "ordre" ; mais il y a contact avec le sensible, sinon de quoi parlerions-nous ?

Chrome a écrit:
Par rapport au sens, cela signifie que le « avant » l'expérience sensible prend une dimension logique « A implique B » au lieu d'une dimension chronologique « A s'est déroulé avant B » ?
Oui, on peut dire ça.

Chrome a écrit:
Je me pose d'ailleurs aussi la question de savoir quelles données sont les plus "valables", les empiriques ou les transcendantales ?
Le sensible et le transcendantal participent du même mouvement.

Chrome a écrit:
Puisque à première vue le monde sensible semble corrompre la raison transcendantale.

il ne la corrompt, pas puisqu'il est absent. La raison est la troisième faculté de l'esprit après la sensibilité et l'entendement. Elle produit des idées inconnaissables, mais qui régulent le monde pratique, i.e. la morale. Et concernant la connaissance, elle est spéculative ou théorique.

Il est presque impossible d'expliquer le vocabulaire kantien en dehors de son mouvement. Il faudrait que vous trouviez des cours ou des ouvrages pour aborder cette œuvre. Par exemple Comprendre Kant d'Olivier Dekens aux Éditions Armand Colin - Collection cursus.

Mais vous pouvez commencer par lire la préface de la Critique de la raison pure.

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Vangelis a écrit:
Je ne sais pas ce que vous entendez par ordre, mais il y a contact avec le sensible sinon de quoi parlerions-nous ?

Vangelis a écrit:
Mais vous pouvez commencer par lire la préface de La Critique de la raison pure.

C'est du coup ce que j'ai commencé hier. Je n'avais pas compris les dimensions que pouvaient prendre un contact avec le sensible. Heureusement, la préface (du traducteur et non pas de Kant pour l'instant) m'a semble-t-il apporté quelques réponses, notamment avec la distinction intuitus derivatus, et intuitus originarus (l'auteur de la préface était alors en train d'introduire brièvement le schématique de Heidegger qui aurait lui-même étudié Kant). Et également avec cette légère synthèse :

Alain Renaut, préface de la Critique de la raison pure (Kant - Edition GF) a écrit:
Quand bien même je puis faire abstraction du donné particulier de l'intuition empirique, je ne pourrais en revanche "détacher l'esprit des sens" et produire mes représentations de mon propre fonds, telle une monade sans fenêtres, car sans cette dimension de réceptivité a priori qui correspond à l'intuition pure, les concepts restent vides. La finitude structurale de l'esprit humain tient donc à cette dépendance essentielle de son activité cognitive à l'égard d'une donation, réelle ou tout au moins possible.

L'intuition pure, si j'ai bien compris, est une intuition non mêlée d'expérience, à la différence d'une intuition empirique. Donc j'imagine que la confusion que j'ai faite est d'avoir considéré à tort l'empirisme comme du sensible. Ce qui du coup me permet d'adhérer complètement à ce que vous dites là :

Vangelis a écrit:
Le sensible et le transcendantal participent du même mouvement.

Vangelis a écrit:
il ne la corrompt pas puisqu'il est absent. La raison est la troisième faculté de l'esprit après la sensibilité et l'entendement.

Je vous avoue soit dit en passant être surpris du temps que je suis bien obligé de consacrer à chaque page (parfois 10 minutes), alors que je n'ai même pas commencé l'une des deux préfaces de Kant. Je lis, relis, essaye de faire le lien avec ce qui a été dit avant. Je n'ose d'ailleurs même pas utiliser un dictionnaire sans confirmer par des recherches le sens kantien des mots que je rencontre. Néanmoins je ne vous cache pas non plus le côté jubilatoire que cela apporte. Mais comme vous le dites, et comme l'a précisé le traducteur dans sa préface, il me paraît juste d'affirmer qu'il faille appréhender le vocabulaire kantien en fonction de son mouvement.

Alain Renaut, préface de la Critique de la raison pure (Kant - Edition GF) a écrit:
Selon Schleiermacher, la compréhension pleine et entière exigerait que "chaque idée d'un système ou d'un auteur (soit) référée, comme son produit, à l'unité du sujet agissant".


Je n'ai plus de questions pour le moment, même si cela ne saurait tarder. Si vous pouviez cependant vérifier que je n'ai pas dit de bêtises, ce serait bien aimable. Merci de votre aide.

descriptionQue signifie "transcendantal" chez Kant ? - Page 2 EmptyRe: Que signifie "transcendantal" chez Kant ?

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Chrome a écrit:
Je vous avoue soit dit en passant être surpris du temps que je suis bien obligé de consacrer à chaque page (parfois 10 minutes), alors que je n'ai même pas commencé l'une des deux préfaces de Kant.

Soyez rassuré, c’est parfaitement normal et d’autres pages vous prendront bien plus de temps. Je suis revenu plusieurs fois sur la Critique de la raison pure (y compris accompagné d’un cours) et je suis très loin de tout en saisir.

Chrome a écrit:
L'intuition pure, si j'ai bien compris, est une intuition non mêlée d'expérience, à la différence d'une intuition empirique. Donc j'imagine que la confusion que j'ai faite est d'avoir considéré à tort l'empirisme comme du sensible.

L’intuition pure est définie par Kant dans l’Esthétique transcendantale :

Kant, Critique de la raison pure, Esthétique transcendantale §1 a écrit:
De quelque manière et par quelque moyen qu’une connaissance puisse se rapporter à des objets, le mode par lequel elle se rapporte immédiatement aux objets et auquel tend toute pensée comme au but en vue duquel elle est le moyen est l’intuition.
[…]
J’appelle pures (au sens transcendantal) toutes les représentations dans lesquelles ne se rencontre rien de ce qui appartient à la sensation. Par suite, la forme pure des intuitions sensibles en général se trouvera a priori dans l’esprit dans lequel tout le divers des phénomènes est intuitionné sous certains rapports. Cette forme pure de la sensibilité peut encore s’appeler intuition pure. Ainsi, quand je détache de la représentation d’un corps ce qui en est pensé par l’entendement, comme la substance, la force, la divisibilité, la dureté, la couleur, etc., il me reste encore pourtant quelque chose de cette intuition empirique : l’étendue et la figure. Celles-ci appartiennent à l’intuition pure qui réside a priori dans l’esprit, même indépendamment d’un objet réel des sens ou de toute sensation, en qualité de simple forme de la sensibilité.

Elle est en fait la condition de la perception sensible, le cadre nécessaire à notre esprit pour nous permettre de percevoir notre environnement, pour qu'il puisse faire sens. Les deux intuitions pures qu’identifie Kant dans l’esthétique transcendantale sont l’espace et le temps.

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Kant a écrit:
La forme pure des intuitions sensibles en général se trouvera a priori dans l’esprit dans lequel tout le divers des phénomènes est intuitionné sous certains rapports. Cette forme pure de la sensibilité peut encore s’appeler intuition pure. Ainsi, quand je détache de la représentation d’un corps ce qui en est pensé par l’entendement, comme la substance, la force, la divisibilité, la dureté, la couleur, etc., il me reste encore pourtant quelque chose de cette intuition empirique : l’étendue et la figure. Celles-ci appartiennent à l’intuition pure qui réside a priori dans l’esprit, même indépendamment d’un objet réel des sens ou de toute sensation, en qualité de simple forme de la sensibilité

Dienekes a écrit:
Elle est en fait la condition de la perception sensible, le cadre nécessaire à notre esprit pour nous permettre de percevoir notre environnement, pour qu'il puisse faire sens.


Et donc l'intuition pure serait à l'intuition sensible, une sorte de prérequis ? Et la forme de ce prérequis (l'espace, le temps) me paraît très floue. Que sont concrètement l'espace et le temps ? 

Pour l'espace, de la même manière que pour l'étude d'un système géométrique nous nous plaçons sur des coordonnées dxdy, ou alors dxdydz, etc., s'agit-il d'un prérequis dans le sens où nous partons du principe que nous sommes pourvus d'un traducteur de phénomènes spatiaux ? Et donc avec l'espace ET le temps, de phénomènes spatio-temporels. ? 

Plus simplement, l'intuition sensible serait un CD-Rom et l'intuition pure serait un lecteur de CD-Rom ?

Une autre confusion : j'ai du mal à placer dans tout ce schéma empirique/transcendantal la notion d'a priori. Je vois cette notion comme étant ce qu'il se passe avant l'expérience (= ce qui est vécu ?). Quand je pense à expérience, je pense à mémoire, et à des leçons qu'on aurait pu en tirer. Et lorsque l'on parle de sensible, cela ne nous indique en rien à quel niveau l'on se place (empirique ou transcendantal). L'expérience est constituée de données sensibles. Mais l'expérience ne relève-t-elle pas de l'empirique ? Donc voilà pour résumer ma confusion, je ne sais pas vraiment dans quelle mesure le "a priori" s'applique, et dans quelle mesure toutes les notions citées le long de ce fil de discussion se retrouvent liées en un même système. Il me manque quelques lumières pour pouvoir tout schématiser.

Bien à vous, Chrome.

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Une tentative d’explication plus générale par rapport à vos questions :

Dans la Critique de la raison pure, Kant cherche à identifier les limites de la connaissance, ce que certains traduisent par la question « Que puis-je savoir ? ». Kant s’inscrit en faux par rapport à deux courants philosophiques que sont l’idéalisme et le réalisme : le premier courant aboutissant à la métaphysique dogmatique qu’il dénonce et le second se heurtant à l’espace infranchissable qu’il souligne entre ce que je perçois et ce qui est réellement (nous ne pouvons avoir accès à la « chose en soi » pour reprendre le vocabulaire de Kant). Il propose donc de naviguer entre ces deux écueils pour identifier les limites de notre connaissance.

Il distingue l’analytique (qui ne fait qu’expliciter le contenu d’un concept et ne nous apprend donc rien de nouveau) et le synthétique qui ajoute quelque chose à notre connaissance : « Le chat de ma tante a des oreilles » ne nous apprend rien de nouveau, car les oreilles font partie du concept chat. « Le chat de ma tante est blanc » nous apprend quelque chose, car blanc ne fait pas partie du concept chat. Le premier est un jugement analytique et le second synthétique.

Maintenant, un jugement peut être a priori, c’est-à-dire réalisé avant toute expérience sensible, ou a posteriori, c’est-à-dire résultant d’une expérience sensible. Un jugement analytique a priori est facile à imaginer : lorsque ma tante parle de son chat, sans l’avoir jamais vu, je peux émettre le jugement qu’il a des oreilles. De même les jugements a posteriori sont triviaux. Par contre, nous arrivons à la question principale de la Critique de la raison pure : « Comment des jugements synthétiques a priori sont-ils possibles ? ». Parce que oui, ce type de jugement est possible selon Kant et il en donne deux exemples illustratifs : le concept de 5 et le concept de 7 ne contiennent pas le concept de 12 et pourtant nous pouvons émettre un jugement, qui est donc synthétique a priori du concept de 12 associé aux deux concepts de 5 et 7. De même, en géométrie, que la somme des angles d’un triangle fasse 180° est un jugement synthétique a priori. Kant place donc les mathématiques et la géométrie dans les sciences synthétiques a priori.

Kant propose alors d’inverser le problème en recourant à une idée copernicienne : ce ne sont pas nos connaissances qui se règlent sur les objets (ça n’explique pas le synthétique a priori) mais les objets qui se règlent sur notre connaissance. Et il va commencer par tester cette hypothèse sur nos simples perceptions en identifiant les intuitions pures. Tout ce qui précède se trouve expliqué dans les deux préfaces et l’introduction. Votre question concernant le temps et l’espace se trouve dans la première partie : l’esthétique transcendantale.

Prenons le cas de l’espace : lorsque je pense aux objets, que me reste-t-il lorsque j’ai enlevé tous leurs attributs (couleur, figure, grandeur…) ? Il me reste l’étendue. Cette étendue est une notion de l’espace et elle ne se trouve pas dans l’expérience, car nous n’avons eu besoin de rien d’empirique pour penser l’espace. D'ailleurs, si nous pouvons penser un espace sans objet, nous ne pouvons pas penser les objets sans espace. L’espace n’est donc pas un objet empirique (hypothèse réaliste), ni les relations des choses entre elles, car il ne pourrait alors être a priori. Le fait que nous puissions émettre des jugements synthétiques a priori sur les formes géométriques montre bien que c’est plutôt dans notre esprit que se trouve l’espace et que c’est notre esprit qui se sert de l’espace pour nous présenter un monde extérieur intelligible.
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