Portail philosophiqueConnexion

Bibliothèque | Sitographie | Forum

Philpapers (comprehensive index and bibliography of philosophy)
Chercher un fichier : PDF Search Engine | Maxi PDF | FreeFullPDF
Offres d'emploi : PhilJobs (Jobs for Philosophers) | Jobs in Philosophy
Index des auteurs de la bibliothèque du Portail : A | B | C | D | E | F | G | H | I | J | K | L | M | N | O | P | Q | R | S | T | U | V | W | X | Y | Z

L’égoïsme est-il tout simplement une forme cachée de l'altruisme ?

power_settings_newSe connecter pour répondre
2 participants

descriptionL’égoïsme est-il tout simplement une forme cachée de l'altruisme ? EmptyL’égoïsme est-il tout simplement une forme cachée de l'altruisme ?

more_horiz
L’égoïsme est-il tout simplement une forme cachée de l'altruisme ? L'altruisme existe-t-il en tant que tel ?

Selon la définition classique, « l’égoïsme est un attachement excessif porté à soi-même et à ses intérêts, au mépris des intérêts des autres ». Quant à la définition de l'altruisme :
Mon problème vient du fait que la définition de l’égoïsme ne me satisfait pas pleinement, notamment l'attachement dit "excessif", ainsi que le "mépris des intérêts des autres". Ne pourrait-on considérer un égoïsme sain, dans lequel une personne lambda recherche à satisfaire ses propres intérêts et celui des autres ? Je considère en effet que la notion d'altruisme est intrinsèquement impossible. Comment peut-on aider quelqu'un d'autre et abandonner son ego tout en sachant qu'en faisant cela nous recherchons uniquement notre propre profit, à soulager notre mal être, à vouloir donner de son temps pour les autres sous couvert d'un altruisme déguisé en égoïsme. L'altruisme véritable existe-t-il ou est-il un mythe ? Se pose également le problème de la "bonne conscience". Car par "action désintéressée" nous voulons dire absence de toute récompense. Seulement la récompense n'est-elle pas cette "bonne conscience", par là même nous pourrions rapprocher cette notion d'un égoïsme "sain", purifié de toute péjoration ? Ou alors, a contrario, existe-t-il une action humaine, quelle qu'elle soit, qui soit intrinsèquement altruiste ?

Dernière édition par Lux le Lun 24 Nov 2014 - 21:05, édité 1 fois

descriptionL’égoïsme est-il tout simplement une forme cachée de l'altruisme ? EmptyRe: L’égoïsme est-il tout simplement une forme cachée de l'altruisme ?

more_horiz
Bienvenue lux,

votre message n'est pas sans rappeler l'œuvre du Docteur Mandeville. Au demeurant, il est possible de rattacher votre questionnement à ces deux thèmes : d'une part, la préoccupation des moralistes, qui n'est autre que le problème de l'articulation entre l'individuel et le collectif, l'intérêt privé et le "bien public". D'autre part, le constat des effets non voulus ni recherchés par les individus lorsqu'ils agissent, autrement dit l'appréhension d'un phénomène moins comme le fruit d'un dessein que les conséquences de l'action humaine à l'origine de l'ordre spontané (pour reprendre votre terminologie, l'individu égoïste serait comme altruiste malgré lui, connaissant a priori mieux ses propres intérêts que ceux d'autrui - le contraire serait pour le moins présomptueux -, il sert paradoxalement d'autant mieux ceux de ce dernier).

Les passions et les intérêts d'Albert Hirschman : ouvrage court mais dense vous est destiné.

descriptionL’égoïsme est-il tout simplement une forme cachée de l'altruisme ? EmptyRe: L’égoïsme est-il tout simplement une forme cachée de l'altruisme ?

more_horiz
Votre allusion est tout à fait véridique concernant l’œuvre de Mandeville et il est intéressant de remarquer que la théorie de Mandeville développée à travers la fable des abeilles fut reprise par Smith dans le plus important livre d'économie jamais publié. Il ressort de cette théorie que "les vices cachés font le bien public". La prodigalité serait donc utile à la société et la frugalité nuisible. Il est également intéressant de regarder la définition du vice selon Mandeville : « le vice est tout ce que l'homme accomplit pour satisfaire ses appétits sans considération pour le bien public ». On retrouve, comme dans l’égoïsme, le mépris de l’intérêt des autres mais surtout, le vice est nécessaire à la société car c'est à travers celui-ci que le bien commun peut être réalisé, et conséquemment à travers l’égoïsme et l'appétit individuel. Ce même égoïsme est donc le postulat de base de la théorie économique régissant nos sociétés contemporaines, si je ne m'abuse.
Tout ceci sous couvert d'une articulation entre l'individuel et le collectif pour reprendre vos termes.

Pourriez-vous développer, ou tout du moins expliquer quelle est la théorie dont vous parlez en second lieu ? Il me semble qu'il y eut des études sociologiques sur ce terrain là, notamment sur les effets non voulus ni recherchés par les individus lorsqu'ils agissent. Je vous remercie également pour votre conseil de lecture.

Mais j'aimerais revenir sur un point malgré tout. Laissez moi citer wikipédia en tant que base de mon raisonnement :

« Une critique fondamentale adressée à l'altruisme consiste à dire que si cela apporte du bonheur à la personne qui effectue un acte altruiste, alors cela lui profite et donc cela est égoïste. Pourtant, le fait d'aimer faire quelque chose n'est pas nécessairement en contradiction avec un effet ou un rayonnement positif sur les autres. En fin de compte, cette critique revient à confondre le bonheur personnel ayant un effet positif sur autrui et le bonheur personnel au détriment d'autrui. »

Si je comprends bien le raisonnement ci-dessus, l’égoïsme s'oppose intrinsèquement à l'altruisme dans le fait qu'il n'est pas possible de satisfaire ses propres intérêts car cela se fait obligatoirement au mépris des autres, mais si l'on élimine cette composante, que reste-t-il ? Un égoïsme dénué de mauvaises intentions, ou plutôt favorisant les propres intentions de l'individu par le biais de l'altruisme et qui ne serait plus en contradiction immédiate avec celui-ci. Comment pourrait-on qualifier cette forme d’égoïsme ? Est il possible de trouver une sorte de juste milieu, entre d'un coté le vice érigé en totem, et de l'autre un égoïsme primaire ?

descriptionL’égoïsme est-il tout simplement une forme cachée de l'altruisme ? EmptyRe: L’égoïsme est-il tout simplement une forme cachée de l'altruisme ?

more_horiz
Lux a écrit:
Votre allusion est tout à fait véridique concernant l’œuvre de Mandeville et il est intéressant de remarquer que la théorie de Mandeville développée à travers la fable des abeilles fut reprise par Smith dans le plus important livre d'économie jamais publié.

Bien d'autres auteurs sont redevables à Mandeville : Montesquieu, Voltaire, Helvétius, Ferguson, Hume, Marx, Hayek, Keynes, Merton, etc.

Lux a écrit:
Votre allusion est tout à fait véridique concernant l’œuvre de Mandeville et il est intéressant de remarquer que la théorie de Mandeville développée à travers la fable des abeilles fut reprise par Smith dans le plus important livre d'économie jamais publié.


Voici, en gros, la thèse défendue par Hirschman : une passion particulière, à savoir la cupidité, l'appât du gain a été "transformée" en intérêt au cours du XVIIe siècle afin de neutraliser voire de contrecarrer d'autres passions (comme la luxure et l'amour du pouvoir).

Lux a écrit:
Pourriez vous développer, ou tout du moins expliquer quelle est la théorie dont vous parlez en second lieu ? Il me semble qu'il y eut des études sociologiques sur ce terrain là, notamment sur les effets non voulus ni recherchés par les individus lorsqu'ils agissent. Je vous remercie également pour votre conseil de lecture.


Il s'agit de l'individualisme méthodologique.

Lux a écrit:
Mais j'aimerais revenir sur un point malgré tout. Laissez moi citer wikipédia en tant que base de mon raisonnement :

"Une critique fondamentale adressée à l'altruisme consiste à dire que si cela apporte du bonheur à la personne qui effectue un acte altruiste, alors cela lui profite et donc cela est égoïste. Pourtant, le fait d'aimer faire quelque chose n'est pas nécessairement en contradiction avec un effet ou un rayonnement positif sur les autres. En fin de compte, cette critique revient à confondre le bonheur personnel ayant un effet positif sur autrui et le bonheur personnel au détriment d'autrui."

Si je comprends bien le raisonnement ci dessus, l’égoïsme s'oppose intrinsèquement à l'altruisme dans le fait qu'il n'est pas possible de satisfaire ses propres intérêts car cela se fait obligatoirement au mépris des autres, mais si l'on élimine cette composante, que reste-t-il ? Un égoïsme dénué de mauvaises intentions, ou plutôt favorisant les propres intentions de l'individu par le biais de l'altruisme et qui ne serait plus en contradiction immédiate avec celui-ci. Comment pourrait-on qualifier cette forme d’égoïsme ? Est il possible de trouver une sorte de juste milieu, entre d'un coté le vice érigé en totem, et de l'autre un égoïsme primaire ?

Voulez-vous parler du terme "amour de soi" (self-love) ? En tout cas, cela me rappelle cet extrait du Catéchisme positiviste d'Auguste Comte (auquel est attribué l'invention du mot "altruisme") :

Auguste Comte, Catéchisme positiviste, \"neuvième entretien" a écrit:

La Femme. Une telle appréciation de la nature humaine me fait enfin comprendre, mon père, la possibilité de rendre essentiellement altruistes même les règles relatives à l'existence personnelle, toujours motivées jusqu'ici sur une prudence égoïste. La sagesse antique résuma la morale dans ce précepte : Traiter autrui comme on voudrait en être traité. Quelque précieuse que fût alors cette prescription générale, elle se bor­nait à régler un calcul purement personnel. Ce caractère se retrouve au fond de la gran­­de formule catholique : Aimer son prochain comme soi-même. Non seulement on sanctionne ainsi l'égoïsme au lieu de le comprimer, mais on l'excite directement par le motif sur lequel on fonde cette règle, pour l'amour de Dieu, sans aucune sym­pa­thie humaine, outre qu'un tel amour se réduisait ordinairement à la crainte. Toute­fois, en comparant ce principe au précédent, on y reconnaît un grand progrès. Car le premier se bornait aux actes, tandis que le second pénètre jusqu'aux sentiments qui les dirigent. Néanmoins, ce perfectionnement moral reste très incomplet, tant que l'amour théologique conserve sa souillure égoïste.

Seul le positivisme devient à la fois digne et vrai, quand il nous invite à vivre pour autrui. Cette formule définitive de la morale humaine ne consacre directement que les penchants bienveillants, source commune du bonheur et du devoir. Mais elle sanc­tionne implicitement les instincts personnels, comme conditions nécessaires de notre existence, pourvu qu'ils se subordonnent aux premiers. Sous cette unique réserve, leur satisfaction continue nous est même pres­crite, afin de nous bien adapter au service réel de l'Humanité, à laquelle nous appar­tenons entièrement.

http://classiques.uqac.ca/classiques/Comte_auguste/catechisme_positiviste/catechisme_positiviste.html

descriptionL’égoïsme est-il tout simplement une forme cachée de l'altruisme ? EmptyRe: L’égoïsme est-il tout simplement une forme cachée de l'altruisme ?

more_horiz
kthun a écrit:
Bien d'autres auteurs sont redevables à Mandeville : Montesquieu, Voltaire, Helvétius, Ferguson, Hume, Marx, Hayek, Keynes, Merton, etc.


Je suis conscient que divers auteurs ont contribué à l'éclosion de la théorie. Merci pour vos précisions, je vais pouvoir pousser plus loin mes recherches.
privacy_tip Permission de ce forum:
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
power_settings_newSe connecter pour répondre