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Les leaders

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Desassocega
Euterpe
WiCaM
7 participants

descriptionLes leaders EmptyLes leaders

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Bonjour à tous,

Étant à l'aube d'une carrière ou je suis amené à diriger des hommes, je me pose de plus en plus une question : "Qu'est-ce qu'un leader ?" Quelle est sa légitimité ?... Bref, j'aimerais avoir votre avis sur les leaders d'un point de vue philosophique. Auriez-vous des ouvrages à me recommander dans ce domaine ? Je précise que je distingue le leader (l'homme, le chef) du leadership (autorité d'influence). 

Je vous remercie d'avance.

descriptionLes leaders EmptyRe: Les leaders

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D'un certain point de vue, la légitimité d'un leader le précède, au moins en principe, s'il accède à cette position par proclamation, cooptation, élection, etc. D'un autre point de vue, sa légitimité ne peut émerger que pendant l'expérience ou après que l'expérience a eu lieu, et aux yeux seulement de ceux qu'il dirige ou qu'il a dirigés. La légitimité d'un leader n'est donc pas un acquis définitif.

Un leader ne peut pas ne pas être jugé, il doit accepter cela comme une donnée à laquelle il ne peut échapper, sauf à foncer tête baissée au devant des problèmes... Qu'il le veuille ou pas, son autorité lui vient essentiellement d'ailleurs que de son statut, quel qu'il soit. Miser sur cela seul, c'est admettre, consciemment ou pas (encore, l'excuse de l'inconscience est-elle surfaite), qu'on se contentera tôt ou tard de l'autoritarisme ; c'est, ainsi, et d'emblée, renoncer à l'autorité inhérente à un leader légitime.
Autant dire qu'un leader n'occupe le haut d'une hiérarchie qu'en tant que les autres l'y élèvent au moins autant qu'il s'y élève lui-même. Cela signifie qu'il s'impose des devoirs qu'il ne saurait exiger des autres, et que s'élevant peu ou prou au-dessus de la mêlée, il est censé être le meilleur, et ne rien ignorer des compétences de ceux qu'il dirige et à qui il donne des ordres, etc. On n'en finirait pas de dresser la liste, non pas des droits, mais des devoirs d'un "manager", terme qu'on met à toutes les sauces, hélas ! mais combien de livres dédiés au management rappellent l'étymologie du terme, qui signifie "ménager" autant que tenir en main ?...

L'affaire ne se résume pas en quelques lignes, d'autant que si le philosophe est un excellent consultant que le patronat devrait avoir honte de ne pas consulter (...), les faits sont là : le philosophe se révèle presque à tous les coups un piètre leader. C'est même une tradition philosophique initiée par Platon à Syracuse, encore en vigueur aujourd'hui !

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Suite à la remarque d'Euterpe, j'ai deux questions, et j'espère que celles-ci ne nous éloigneront pas trop de ce que WicAm est venu chercher ici. 
Euterpe a écrit:
d'autant que si le philosophe est un excellent consultant que le patronat devrait avoir honte de ne pas consulter 
On voit ces derniers temps que les entreprises renouent avec la philosophie (par le chemin de l'éthique, mot qu'on retrouve partout aujourd'hui dans les entreprises). Mais j'ai une question : la philosophie est-elle compatible avec l'entreprise ? Le patron, qui intègre une éthique dans son entreprise, le fait parce que c'est une "valeur" qui revient "à la mode" on pourrait presque dire. En d'autres termes : ça fait bien d'avoir une éthique d'entreprise. 
Dès lors, le rapport du patron avec la philosophie est de l'ordre de l'utilité : la patron utilise la philosophie afin que celle-ci lui permette d'arriver à son but. Mais cette démarche ne vide-t-elle pas la philosophie de ce qu'elle est ? Comment une philosophie peut-elle s'exercer librement dans une entreprise qui me semble être définie par le profit ? 
J'ai la nette impression qu'on ne saurait accorder entreprise et philosophie sans que l'une des deux soit au service de l'autre, ou du moins sans qu'à un moment donné une situation oblige à choisir laquelle des deux primera. Qu'en pensez-vous ?

Euterpe a écrit:
les faits sont là : le philosophe se révèle presque à tous les coups un piètre leader.
Qu'en est-il alors du professeur de philosophie ? Ne doit-il pas être d'une certaine façon un leader ? Arriver à ménager et tenir en main sa classe sans avoir besoin de recourir à l'autorité que lui confère son titre... n'est-ce pas une sorte d'impératif pour lui que d'être un leader ?
Mon professeur de Terminale disait que même lorsqu'il renvoyait un élève, il n'exerçait aucune autorité. Peut-être Arendt et son essai Qu'est-ce que l'autorité ? éclairerait cela, non ? Il faut que je le relise... et d'ailleurs cet essai pourrait certainement intéresser WiCam je pense !

descriptionLes leaders EmptyRe: Les leaders

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Desassossego a écrit:
Dès lors, le rapport du patron avec la philosophie est de l'ordre de l'utilité : la patron utilise la philosophie afin que celle-ci lui permette d'arriver à son but. Mais cette démarche ne vide-t-elle pas la philosophie de ce qu'elle est ? Comment une philosophie peut-elle s'exercer librement dans une entreprise qui me semble être défini par le profit ?
L’éthique ne peut pas être vue comme une valeur en elle-même : un affichage éthique serait de peu de valeur s’il était contredit par chaque action de l’entreprise. C’est plutôt le résultat de la réflexion éthique qui génère de la valeur. D’où l’intérêt du travail amenant à cette réflexion. Ensuite, il faut probablement distinguer le travail de réflexion de l’utilisation de ses résultats. Mis à part des situations pathologiques, je ne vois pas une contrainte peser sur la réflexion éthique elle-même et sur les conclusions auxquelles elle peut aboutir. Par contre, ce n’est pas parce que l’équipe RSE arrive à une conclusion sur un dossier que la direction de l’entreprise doit nécessairement mettre en œuvre l’ensemble des recommandations qui en découlent. D’autres paramètres peuvent être pris en compte dans la décision.

Euterpe a écrit:
les faits sont là : le philosophe se révèle presque à tous les coups un piètre leader.
Marc-Aurèle est tout de même un contre exemple frappant. Même si un contre-exemple ne prouve rien, j’ai du mal à voir pourquoi ce serait une généralité.

Ce peut être une autre piste de lecture pour WiCaM, sur le mode leader stoïcien ;)

descriptionLes leaders EmptyRe: Les leaders

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Dienekes a écrit:
Marc-Aurèle est tout de même un contre exemple frappant. Même si un contre-exemple ne prouve rien, j’ai du mal à voir pourquoi ce serait une généralité.
Pas un contre-exemple : une exception, si et seulement si l'on intègre Marc-Aurèle dans le corpus des œuvres philosophiques. Quant à assimiler sans explication aucune un leader et un empereur, c'est pour le moins expéditif. Pour le reste, je n'envisage pas la question de savoir pourquoi ce serait une généralité. De fait, c'est une généralité.
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