Vous présupposez tous deux qu'il n'y a que par l'État que des règles et des lois peuvent exister. Or, L'État n'est nullement le seul mode d'organisation politique des sociétés humaines, c'est un mode historique, daté. D'autres modes d'organisation existent, ou ont existé, qui permettent également d'astreindre la communauté à des règles. Sur cette question des penseurs aussi différents que Carl Schmitt (
La notion du politique) et Julien Freund (
L'essence du politique) d'une part, et Pierres Clastres (
La société contre l'État) et Marcel Gauchet (
La Condition politique) d'autre part, ont écrit des choses très intéressantes, montrant comment l'État, qui n'est qu'une construction historique, a finalement fini par s'imposer abusivement comme le seul mode possible d'organisation des sociétés humaines, du fait précisément de son efficacité par rapport à d'autres formes d'organisation. En France par exemple, on peut dater historiquement l'émergence de l'État à Richelieu, même si des jalons importants avaient déjà été posés, par Philippe Auguste, ou par Philippe le Bel et ses légistes.
Si j'en crois votre propos Udenlandske :
Undenlandske a écrit: Selon ce raisonnement, l'on peut penser qu'un groupe d'humains peut évoluer sans lois ni règles, à la condition que l'on place en l'homme une certaine confiance, et qu'on le juge bon par nature.
Le débat que vous lancez semble donc moins porter sur l'État (qu'il aurait fallu définir clairement dans votre premier post), que sur toutes les formes d'organisation qui semblent restreindre la liberté humaine par des règles ou des lois. En un mot, sur
l'institution, qu'il ne faut pas confondre avec l'État, et dont il est une des formes. Pourriez-vous donc clarifier l'objet de votre débat, pour que la discussion ne se fasse pas dans le vide, en définissant précisément les termes clés sur lesquels vous axez votre débat. De plus, votre propos mériterait d'être plus argumenté, pour qu'une vraie discussion puisse avoir lieu : par exemple, à un moment vous parlez de nature humaine, sans même justifier ou questionner cette idée qui est philosophiquement très discutable.