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Êtes-vous addict à internet ?

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7 participants

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Ce n'est pas faux. Mais justement disons que malgré ce train de vie devant un écran et cette apparence d'addiction, je ne le suis pas du tout ;)

Ou du moins, Internet n'a rien d'une drogue pour moi.

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Aristippe de cyrène a écrit:
Ce n'est pas faux. Mais justement disons que malgré ce train de vie devant un écran et cette apparence d'addiction, je ne le suis pas du tout ;)

Ou du moins, Internet n'a rien d'une drogue pour moi

Essayez de vous en passer une semaine, mais pas au Portugal, loin de toute connexion, non, avec l'ordinateur branché dans votre chambre. Si on me met un pétard ou une ligne de coke devant les yeux, ça ne me fera ni chaud ni froid. Êtes-vous addict à internet ? - Page 2 457303841

Quant au sondage, j'ai répondu "oui", car je me trouve addict, du moins en partie. J'ai remarqué que ma concentration baissait quand je fais d'autres choses, justement à cause de cette dictature du temps réel dont parle l'auteur du livre. Mais je fais encore "d'autres choses", donc je ne suis pas complètement perdu. Je pense quand même avoir besoin d'une bonne cure de désintoxication, donc si vous ne me voyez pas pendant un moment, vous saurez pourquoi. Êtes-vous addict à internet ? - Page 2 277638789

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NOU-JE a écrit:
elle rejoint une question plus générale qui existe déjà dans l'histoire de la philosophie, la question de la relation entre l'esprit et une technique

Non. Vous reprenez Stiegler dans le texte sans vérifier. Stiegler s'en sort parce qu'il ne s'attarde pas sur la technè des philosophes grecs, le teukhein chez Castoriadis, ni la masse volumineuse des travaux dédiés à la technique, à commencer par les œuvres d'Ellul, qui a parfaitement distingué entre opération technique et phénomène technique. Subsumer sous la technique l'écriture, l'imprimerie, la râpe à fromage et les technologies numériques, c'est d'emblée avoir tout faux, parce que ce ne sont pas de mêmes choses ; et c'est pour le moins manquer de rigueur que de multiplier les références aux Grecs comme le fait Stiegler, en croyant que ça va passer comme une lettre à la poste et le dispenser de prendre en considération les difficultés étymologiques, conceptuelles, etc., liées à l'usage que faisaient les Grecs de leur langue.

Avec son emploi du mot pharmakon, on tombe franchement dans le ridicule. Si j'envoie une tomate sur la tête d'un voisin, je me trouve exactement dans l'interprétation et l'usage qu'en fait Stiegler : la tomate devient aussi ambivalente que la technique (ambivalence de la technique qu'il ne peut pas ne pas avoir reprise d'Ellul, puisqu'il en est l'auteur), et elle illustre on ne peut mieux la pharmacologie : il y a un bon et un mauvais usage de la tomate. En user aussi légèrement avec la technique et la pharmacologie, c'est bâtir un château de cartes...

NOU-JE a écrit:
Je propose donc de dépasser l'idée qu'internet soit, comme vous le dites, une "drogue"
Mais personne ne dit qu'internet est une drogue. On dit que certains usagers en usent comme d'une drogue. N'oubliez pas les usagers. Une râpe à fromage posée sur une table depuis des millions d'années n'est pas encore une râpe à fromage : elle ne le sera que lorsqu'un homme viendra la prendre pour râper du fromage. Un objet technique est un outil, autrement dit se définit aussi par sa fonction (ce à quoi il est destiné : sa destination). Les fonctions d'internet n'étaient pas préétablies, toutes n'étaient pas prévues ou prévisibles : on lui invente des fonctions avec les usages qu'on en fait (admirer les photos de futures victimes en provenance de Thaïlande, acheter en soldes tout l'équipement dont j'ai besoin pour gravir la Tête à Pierre Grept et atteindre le Sex des Branlettes, créer un site dédié à la préservation des ouassous, etc.). Internet est donc plus qu'un outil parce qu'il n'a pas été conçu pour une fonction plutôt qu'une autre ; s'il ne s'était agi que d'un moyen supplémentaire donné aux entreprises pour communiquer en instantané, on n'aurait jamais retrouvé internet dans le civil... Comme pour les téléphones portables, il a fallu créer un marché, autrement dit créer une demande, parce qu'elle n'existait pas et qu'il fallait trouver un débouché, une rentabilité. On a fait mieux : on a créé un besoin. Or, dès le moment où un objet devient un besoin, il y a, de fait, une perversion de l'usage qui lui est associé. Les besoins sont naturels, pas techniques. De quoi avons-nous besoin ? Dormir, manger, et quelques autres choses. Quand on sort du cercle que tracent nos besoins, nous entrons dans autre chose, comme le désir par exemple. Voyez comme les choses se compliquent, d'un coup.

Maintenant, avec les hypomnemata qui lui servent de nœud pour tisser son délire, il est encore plus facile de montrer ce qui ne va pas. L'écriture suppose trois choses : l'acte d'écrire, l'acte de lire, un support (pierre, papyrus, parchemin, papier). On constate que l'écriture ne fait pas disparaître l'oral (fût-ce un dialogue intérieur). Jusqu'à la Renaissance, la lecture est orale et collective ; la lecture "privée" et silencieuse est d'apparition tardive. Si l'oral est transposable de la parole à l'écrit, la mémoire aussi et nécessairement. Nous sommes donc loin de la seule extériorisation technique, car l'écriture et l'écrit mobilisent, requièrent la mémoire. C'est encore de la mémoire en acte. Quand vous écrivez un message pour un forum, vous utilisez un clavier ; ce n'est plus de l'écrit, c'est du tapuscrit, vous n'avez plus de rapport avec la matière du support sur lequel vous écrivez : vous n'écrivez pas sur quelque chose, puisque l'informatique dématérialise les choses, de sorte qu'en fait, vous n'écrivez pas du tout, mais vous appuyez sur des touches où les lettres sont préenregistrées (disparition de la calligraphie, de la graphie, de l'écriture donc), avec un écran qui rend visibles les lettres correspondant aux touches sur lesquelles vous appuyez. Il y a disjonction entre la main, les yeux et la pensée (on commet plus de fautes d'orthographe, on ne découvre ce qu'on écrit qu'après l'avoir écrit - et surtout si on l'imprime : on le (re)matérialise -, on lit les yeux rivés sur un écran, pas sur une feuille, ni la tête orientée en bas, etc.). L'écriture mobilise la mémoire ; l'informatique la rend inutile, la fait disparaître. Ni d'un côté ni de l'autre il n'y a hypomnésie. L'écriture n'est pas une extériorisation technique de la mémoire, c'est de la mémoire ; internet n'en est pas plus une extériorisation technique, la mémoire a disparu.

NOU-JE a écrit:
si nous sommes, au moment où j'écris, une majorité à répondre oui à la question, ce n'est pas nécessairement pour des raisons négatives
S'il y a addiction, il n'y a rien de "positif".

NOU-JE a écrit:
n'oublions pas l'utilité d'internet dans la mise en route des révolutions arabes, sans dire qu'il s'agit de la seule et unique technique révolutionnaire à laquelle ces peuples aient eu recours pour enclencher leur élan d'émancipation générale.
C'est un relais efficace (ubiquité), qui a sans doute permis d'épargner beaucoup de vies ; mais les révolutions auraient eu lieu de toute façon (avec une tournure effroyable en Lybie et en Égypte, qui comptent pourtant déjà beaucoup de victimes). Mais le cas de la Syrie montre qu'internet ou pas, une révolution n'a pas lieu en dehors des conditions qui la rendent possible.

NOU-JE a écrit:
Bernard Stiegler affirme (notamment dans une vidéo intitulée L'écriture et le numérique) qu'originellement, la philosophie est un discours sur les hypomnémata, c'est-à-dire sur l’extériorisation technique de la mémoire. L'écriture est un outil mnémotechnique (Platon, l'écriture, Phèdre) d'une manière générale. Elle l'est aussi bien pour l'individu que pour la collectivité : l'écriture permet la constitution de la société grecque, car elle permet la constitution du Droit, son "devenir profane", mais aussi, d'une manière plus générale, elle permet la politeia. Sans écriture, le Droit ne peut être rédigé, l'État ne peut encore se constituer en tant que pouvoir séparé.
Stiegler ne sait pas de quoi il parle, il n'a que le souci de donner du "corps" à son discours en interprétant les choses comme ça l'arrange. Tous les monuments égyptiens étaient des livres à ciel ouvert depuis des milliers d'années quand Platon écrivait, ne parlons pas des Sumériens avec l'écriture cunéiforme et de l'akkadien chez les Assyriens et les Babyloniens. L'affaire n'est pas mnémotechnique, mais politique, religieuse, commerciale. Ça permet de centraliser le pouvoir, de le matérialiser en uniformisant un territoire par de mêmes informations, de faire des opérations comptables pour les échanges commerciaux, de magnifier le détenteur du pouvoir, etc. Pour Platon, le problème de l'écriture est ailleurs (et de toute façon il a choisi l'écriture la plus orale, puisque ses œuvres sont des dialogues, forme d'écriture qui lui vient en droite ligne du théâtre (il fut dramaturge avant d'être philosophe).

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NOU-JE a écrit:
C'est un peu facile la façon dont vous attaquez la conception de la technique et de l'outil telle que Stiegler l'entend
N'inversez pas les rôles. Si vous aviez lu attentivement ce que j'ai écrit, vous auriez compris que c'est Stiegler qui fait dans la facilité. Ce qu'il raconte repose sur du vent, des mots qu'il reprend tels quels, comme les fondements d'une théorie qui ne tient pas la route.

NOU-JE a écrit:
Une tomate ce n'est pas un outil. Vous parlez d'une qualité seconde de la tomate, pas de sa qualité première qui serait d'être mangée, tandis que vous parlez d'une qualité seconde de la tomate, potentielle (qui nécessite quelque chose d'autre, quelque chose d'extrinsèque, pour s'actualiser en tant que projectile). Le marteau est un outil à proprement parler parce qu'il est "conçu" par l'homme dans une utilité première, une utilité en accord avec la forme même du marteau, la logique de sa conception. Ses fins lui sont intrinsèques parce que c'est un outil, un objet réalisé par l'homme dont la conception correspond à des fins pragmatiques. La fin "projectile" de la tomate n'est pas intrinsèque à la tomate. C'est vous qui lui donnez cette fin. Ce n'est même pas un outil à proprement parler, puisque un outil, c'est une idée réalisée. La fin "projectile" du "boulet de canon" en revanche est intrinsèque au boulet de canon, parce qu'il correspond à une invention technique, le canon, une conceptualisation humaine. Si vous étiez déiste, je vous répondrais que la tomate, c'est l'idée réalisée de Dieu, mais je vous réponds que ce n'est nullement une idée - contrairement à l'outil.
Voyez comme Stiegler ne vous a pas appris à réfléchir sur l'outil, sur l'utilité, sur la technique. La philosophie ne consiste pas à fabriquer des théories de carton-pâte en brassant les concepts au hasard. La qualité première, la qualité seconde de la tomate ? D'abord, la tomate n'est pas un légume, mais un fruit. Ensuite, par définition, l'utilité ne désigne pas un objet en particulier, mais l'usage, l'utilisation qu'on fait d'un objet, quel qu'il soit, bref : l'utilité désigne le fait d'user d'un objet comme d'un moyen. L'exemple de la tomate est donc, comment disiez-vous déjà ? parfaitement consistant. C'est vous, en l'occurrence, qui faites une confusion avec l'outil en tant qu'il désigne un instrument. Le marteau, par exemple, qui n'est pas plus utile qu'une tomate, pour la bonne raison qu'on ne compare pas un outil avec ce qui n'est pas un outil. L'instrument est un résultat, autrement dit la conclusion d'un processus, celui d'une expérience enfin acquise. Avant d'inventer le marteau on employait, on utilisait des objets en leur donnant la fonction d'un marteau, de ce qui est devenu un marteau. L'invention du marteau est le perfectionnement ultime de cette expérience acquise. Cela vous permet de comprendre que marteau, râpe à fromage, tout ce que vous voudrez, un outil ne désigne pas d'abord un objet, mais la transformation d'un objet auquel on a fini par donner la forme "marteau", "râpe", etc. D'où l'évolution et la déclinaison permanente de la forme des outils (petits, grands, etc.), de leur matière (bois, métal, etc.). Alors, puisque vous parlez de canons et de projectiles, vous devriez regarder un peu plus attentivement la forme d'une tomate...

Revenons à vos qualités premières et secondes, que vous utilisez mal à propos. Les qualités premières renvoient à la perception qu'on a de telle ou telle chose (sa matérialité, sa couleur, sa texture, sa forme), tout ce qui permet de la saisir comme un objet extérieur. Bref, la qualité première renvoie d'abord à une extériorité, elle n'est pas faite pour définir un objet. Or, de ce point de vue, la tomate comme objet extérieur, et au moins par analogie, renvoie à un projectile - qui a du reste l'avantage de ne représenter aucun danger.

Ces précisions étant faites, vous pouvez relire attentivement les quelques précisions que j'ai pris le temps de vous donner dans le message précédent.

NOU-JE a écrit:
Là encore vous faites preuve de la même erreur de raisonnement, non pas d'ordre logique, mais d'ordre épistémologique : vous posez l'existence de la râpe à fromage après votre raisonnement à propos de son être en puissance. Tout à l'heure, vous preniez l'être en puissance "projectile" de la tomate pour la seule et unique raison qui la déterminerait comme un "outil", ce qu'elle n'est pas. Cette râpe à fromage n'existe pas, ne peut pas exister, avant que nous la considérions comme une râpe, puisqu'elle est conçue (en tant qu'idée réalisée, une idée dans son devenir outil puis une idée devenue outil) en tant que telle, en tant que râpe à fromage. Un outil est une idée réalisée à des fins pragmatiques. Selon mon raisonnement, l'on pourrait remonter de l'outil, c'est-à-dire de cette idée réalisée, à l'idée conceptuelle qui a permis la fabrication de cet outil, l'idée tenant en elle son devenir outil.
Vous ne comprenez pas. La râpe à fromage, qu'elle soit dans un placard, un musée, sur une table, utilisée régulièrement ou pas, est et sera toujours la matérialisation d'une expérience ayant débouché sur une idée. Quant à sa fonction, quant à l'usage, quant au seul et unique usage qu'on en peut faire, autrement dit en tant qu'outil, en tant qu'instrument, si je ne l'utilise pas, elle n'existe plus cette matérialisation, cette idée matérialisée, puisque je n'ai plus l'idée de m'en servir. Quant à l'objet râpe à formage comme tel, indépendamment de la question de savoir si c'est un outil ou pas, il existe et continue d'exister, bien évidemment, mais plus comme outil.

NOU-JE a écrit:
Une addiction est-elle un mal en soi ? Je ne pense pas. Elle peut le devenir ou l'avoir été.
Qu'est-ce que c'est que ça ?

NOU-JE a écrit:
Oui je veux tenir internet pour un remède et un poison.
C'est bien ce qu'il me semblait depuis le début. Vous voulez... Ça m'en dit suffisamment.

NOU-JE a écrit:
Un remède d'un point de vue politique, parce que l'information est mondialisée, partagée en temps réel, et qu'internet constitue un lieu d'échanges plus libres que les journaux ou la télévision, qui ne proposent que de la réception
C'est une erreur de part en part. Qu'est-ce qu'une information ? Quand commence-t-elle ? Quand s'arrête-t-elle ? Qu'est-ce que des échanges ? La télévision comme récepteur, soit ; la presse écrite, absolument pas.

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Je suis addict, certainement.
Car cela ouvre d'immenses possibilités de communication et de partage dans les domaines qui me passionnent (en plus de ce que je trouve dans la "vraie" vie ) : la philosophie, l'astronomie (en amateur aussi), le pastel, la peinture, la musique...
En même temps je peux tout à fait m'en passer (définitivement ?...).
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