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Le déséquilibré de Norvège et les citations des philosophes

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Euterpe
Liber
6 participants

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Friedrich Crap, voulez-vous bien employer la fonction 'Citer' dans vos messages pour chaque citation que vous faites ? Cela permettra une meilleure lisibilité. Merci.

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Neopilina a écrit:
En psychiatrie, quelqu'un de normal, c'est seulement quelqu'un qui n'a pas encore pété les plombs.
Péter les plombs, c'est-à-dire ?

Neopilina a écrit:
La normalité est un leurre culturel. Rassurant. C'est un Cadre, il est socialement convenu que ce qui y rentre est normal, et que ce qui n'y rentre pas ne l'est pas. Par exemple, il est évident que le cannibalisme des Papous est moins grave que la pédophilie, ou encore la sodomie dans certains cas, notamment chez les hétérosexuels.
Je vous propose clairement, dans l'intérêt de ce débat, d'oublier cette fiction.
Que la normalité soit une fiction, c'est ce qui se déduit facilement des propos que nous avons tenus quand il s'agissait de la comparer à la folie. Je le répète, et pour être entendu cette fois : il n'y a de monstres que chez les hommes. Le problème, c'est que si la normalité est une fiction, il faut s'accorder sur ceci que la monstruosité en est une autre. Et elle ne peut pas ne pas l'être pour la bonne raison qu'elle n'est jamais établie ailleurs qu'au regard de valeurs collectives. Nous trouvons monstrueux ce que d'autres trouvent normal et réciproquement. Ce n'est pas du relativisme que de dire cela, c'est dresser une constatation sans juger que, puisque c'est comme ça, alors tout se vaut. Si tel était le cas, alors oui, ce serait du relativisme.

Le relativisme et la fiction étant repoussés, que reste-t-il ? Des faits. Il reste des faits. Alors à quoi peut-on les rapporter, ces faits ? A des valeurs. Les valeurs ne discutent pas entre elles, elles se combattent, ou font la trêve, ou s'ignorent, ou cherchent des arrangements. Le Norvégien estime combattre des valeurs au nom des siennes. Perçoit-il correctement les valeurs qu'il combat ? Certainement pas, vu le carnage. Perçoit-il correctement les valeurs auxquelles il adhère ? Non plus, puisqu'il a l'air de ne pas se distinguer correctement des valeurs auxquelles il pourrait adhérer sans se croire obligé de les exécuter à la lettre. Des gens comme lui, on en trouve partout. Rien ne les distingue des autres.

Comment repérer le problème, dans ce cas, et où ? Pas d'abord dans la psychologie du personnage, mais dans celle du militantisme politique moderne ; dans la logique des partis, c'est-à-dire de la confection et de la mise en œuvre des idées et des idéologies ; dans toutes les formes de corporatisme se donnant l'existence à l'image de ces partis et les conduites collectives induites ; dans le déséquilibre permanent qui constitue le rapport entre individu et collectivité aujourd'hui, couple inséparable mais en conflit permanent. Ce couple est la machine à produire du psychopathe et du sociopathe à grande échelle.

Qu'est-ce qui distingue le plus nettement un psychopathe de quelqu'un qui ne l'est pas ? Ses fantasmes. Le psychopathe n'en a pas, il est incapable d'en produire. On en trouve des dizaines de milliers aujourd'hui, sauf que la plupart des gens ne sont pas des criminels, alors on se fait croire que le psychopathe se reconnaît au criminel. Dans toutes les familles de France et de Navarre, on trouve des personnes qui, incapables de produire du fantasme à propos de choses et d'autres, s'entredéchirent leur vie durant. C'est moins spectaculaire que ce qui s'est produit en Norvège, mais ça fait tout aussi mal sinon plus, et personne ne le sait, ni ne relaie l'information. C'est le quotidien. La masse s'en moque comme de l'an 40. Ce qu'il lui faut, c'est du spectacle, quelque chose qui puisse tout à la fois l'émouvoir et la divertir, jusqu'à la prochaine émotion et le prochain divertissement. Nous sommes trop prompts à indexer les monstres que la conciergerie journalistique met en scène, et parfaitement indifférents aux monstruosités qui se commettent chaque jour mais qui n'intéressent aucun scénographe ni aucun metteur en scène.

Je reviens donc à la charge, ce n'est pas avec la morale qu'on peut juger l'affaire : la morale est le problème ; juger psychologiquement l'homme c'est prétendre soigner un cancer du colon en ablatant le colon et en laissant le cancer.

Au moins, le Norvégien prend ses responsabilités en acceptant la perpétuité. Il a donc encore une longueur d'avance sur ceux qui le jugent.

Qui (re)lira la préface d'Hugo à son Ruy Blas aura de quoi méditer ce fait divers et tant d'autres.

Neopilina a écrit:
Un prisonnier de guerre est "rendu à la vie civile", s'il n'est pas soupçonné de crimes.
Il est donc rendu à la vie civile, la plupart du temps.

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Euterpe a écrit:
Qu'est-ce qui distingue le plus nettement un psychopathe de quelqu'un qui ne l'est pas ? Ses fantasmes. Le psychopathe n'en a pas, il est incapable d'en produire.

On pourrait pourtant croire le contraire. Le psychopathe n'éprouve aucun remords à ses actes, il réalise ses fantasmes que les autres inhibent. Il s'agirait plutôt pour lui de prendre ses fantasmes pour une réalité (qu'il ne tarde pas à faire advenir). Il ne se soucie pas de la résistance du réel ni du fait aussi que l'imaginaire se heurte à une résistance qui se trouve dans la considération de l'autre et dans les interdits sociaux.
Je me demande alors si la problématique de friedrich crap ne tournerait pas autour de cette question, à savoir que le philosophe Nietzsche incite à la production de bêtes de proie, de psychopathes déployant leur volonté de domination sur autrui. Dès lors, la philosophie ne se détruirait-elle pas, en tant que raffinement culturel, à l'instant où ce qu'elle prône est la destruction de la société au profit d'un Moi hypertrophié et glouton qui nie autrui ? Bref, c'est la vieille question de savoir si Nietzsche légitime ou permet la violence et dans ce cas-ci cette violence, et s'il n'est pas contradictoire de vouloir en faire un idéal de civilisation. C'est pourquoi friedrich crap nous invitait à lire Fouillée qui critique Nietzsche sous cet angle (l'immoralisme et ses répercussions). Voilà de quoi, je l'espère, permettre un débat argumenté.

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Neopolina, il me semble que ce que dit Euterpe de la production des Anders Breivik par nos sociétés est irréfutable, notamment sur le fait que nos sociétés sont de terribles machines à annihiler le fantasme.

Je crois que depuis le début il y a un malentendu qui provient du fait que nous ne regardons pas tous le problème du même côté. D'un point de vue sociétal, politique ou même philosophique, le soldat Breivik est un parmi d'autres et il est bien un produit de la machinerie. Il n'y a vraiment rien à ajouter à la démonstration d'Euterpe.

D'un autre côté, je confesse en effet que ce qui m'intéresse aussi dans cette affaire, c'est : pourquoi cet homme-là et pas son voisin ? Quels sont ceux qui deviennent psychopathes et pourquoi eux ? Pourquoi ceux-là n'ont-ils pas développé de fantasmes ? Qu'est-ce qu'il faut comme terrain humain pour devenir un tueur de ce type ? Il me semble que c'est aussi cet aspect là qui vous intéresse mais je peux me tromper.

Pour se servir d'une autre manière de l'analogie avec le cancer : on peut dire de manière irréfutable 1°) que le cancer fait partie de la vie, qu'il n'est pas forcément "anormal" 2°) qu'il existe des facteurs aggravants 3°) que certains terrains biologiques y semblent plus exposés à facteurs aggravants égaux.

Dans le débat normal/monstrueux ; produit de la société/psychopathe/absence de fantasme nous nous entendons sur le 1°) et le 2°), mais il me semble légitime de s'intéresser au 3°).

Dernière édition par friedrich crap le Mer 27 Juil 2011 - 22:25, édité 1 fois

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Silentio, je laissais pour l'instant Nietzsche en dehors de cette affaire mais il est le bienvenu partout.

On risque ici de mélanger les topics...

Cependant, oui je pense en grande partie ce que vous dites et vous voyez bien que ce n'est pas la grandeur de la pensée de Nietzsche qui me pose problème mais bien ces finalités possibles et aussi, oui, certaines formes de contradiction. Une des plus frappantes pour moi (et je réponds ainsi succinctement à la demande d'Euterpe) est cette problématique de volonté de puissance qui pour Nietzsche caractérise la vie. En effet, lorsque Nietzsche lit et annote Guyau, on comprend bien que ce qui l'intéresse toujours dans "l'accumulation de force et de surplus par la vie" c'est d'en faire un réservoir d'énergie pour le combat, la défense ou l'agressivité. Or la biologie moderne et même déjà Guyau) a bien d'autres vues sur cette réserve d'énergie ! De même, cette volonté de puissance, "présente dès les premiers échelons de la vie", devrait (d'autant plus si l'on suit les principes darwiniens) produire des individus forts et agressifs entre eux. Or, la lutte pour la vie, ou l'agressivité envers l'autre, ne sont que des aspects du vivant qui est souvent bien plus coopératif qu'il ne détruit. Nietzsche est donc bel et bien devant une contradiction : comment l'essence de la vie, sa volonté de puissance, peut-elle produire le grand nombre des faibles, même là où la culture des faibles ne fait pas argument, c'est-à-dire au niveau de l'animalité.
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