Silentio a écrit: Que le monde s'apparaisse à lui-même par ma conscience, soit, mais que je sois le créateur du monde, c'est difficile à défendre : ça voudrait dire que je suis à l'initiative de tout ce qui s'y passe, et que moi-même suis au-delà ou hors du monde.
Je suis bien d'accord. Il faudrait que je sois
créateur de ma conscience. Or je ne peux
vouloir devenir conscient, cette volition supposerait déjà la conscience. Quand je m'éveille je suis passif, je subis l'éveil, que ce soit à mon corps ou au monde ou d'ailleurs à la conscience de moi-même.
Nonobstant la question de la volonté en général, une volition apparaît quand une fois éveillé je prends conscience d'avoir conscience du monde ou de mon corps (secondairement de moi ET du monde).
Disons que là je suis actif en introduisant des oppositions entre moi et le monde, ou moi et moi.
Mais quand je regarde le monde
sans avoir la conscience que je le regarde, je suis passif en tant que sujet, je n'existe d'ailleurs pas en tant que sujet puisque je n'affirme rien de la réalité de moi-même en tant que sujet qui observe le monde. Ce qui ne veut pas dire que la nature est passive, c'est-à-dire qu'il n'y a pas un antérieur qui lui est actif et qui cause l'éveil (cet état d'éveillé).
Il y a donc
une activité antérieure à la conscience et qui la pose ou la fait s'éveiller et en quelque sorte qui met en lumière les phénomènes. Et ce quelque chose qui affirme un réel existant, celui du phénomène est bien quelque chose et non rien.
Mais ce n'est pas MOI. Ce n'est pas moi-même qui suis au-delà du monde mais le monde qui est au-delà de moi (c'est une brève critique du solipsisme).
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J'aurais tendance à répondre à Liber que ce qui se donne en première instance
ne change pas. Ce qui se donne est le monde présent, la présence a une qualité supérieure, hautement supérieure, et telle qu'on lui confère
un statut de réalité contre ce qui en seconde instance est compris comme passé ou avenir.
Donc que qui se présente (le verbe le dit) peut bien être mouvant, le monde présent n'en conserve pas moins une identité à lui-même qui fait qu'il est ce qui ne change pas.
Certes le présent ne va pas au-delà de ce qu'il peut être, néanmoins il ne peut pas être ce qu'il n'est pas (le passé ou l'avenir).
Il ne peut donc changer sa forme pour une autre. Il est ce qui ne change pas.
Le présent ne passe pas d'une forme en une autre, il conserve la même forme. Il perdure.