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De la non-subjectivité du goût.

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Vangelis
DesRoches
6 participants

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Desassocego a écrit:
Kthun a écrit:
(par exemple, il est ainsi possible de dire que La République de Platon et la production d'un enfant de maternelle sont à mettre sur le même plan dans la mesure où ces deux choses sont tributaires d'un contexte social).


J'avoue avoir du mal à comprendre la relativité dans le sociologisme dont vous parlez. Pourriez-vous m'éclairer un peu plus ?

C'est-à-dire (même si mon exemple est à peine caricatural) que la valeur d'une production X dépend uniquement de sa labellisation par des groupes ("dominants") et institutions qui décrètent arbitrairement et à leur avantage (parfois à leur insu, par une sorte de ruse de la domination) ce qui appartiendra à la "culture légitime" (pour prendre un autre exemple, il est sous ce point de vue possible d'affirmer que si le rap n'a pas acquis le même statut que la musique classique dans les représentations alors cela s'explique par le fait qu'il ne soit pas encore suffisamment enseigné à l'école et au conservatoire). Le sociologisme peut, bien entendu, se décliner sous d'innombrables formes.

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S'agissant de Bourdieu, il ne s'agit que d'un cadre, l'habitus,  sous lequel se déploie ensuite le conditionnement ou la liberté de chacun.
Anne-Catherine Wagner-Charon en parle très bien dans Les 100 mots de la sociologie - éd. Puf :

Anne -Catherine Wagner-Charon a écrit:
L’habitus est une anticipation à l’état pratique et non une détermination mécanique.

Ainsi, cela ne signifie en rien que tout est sur le même plan.

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DesRoches a écrit:
Pourquoi ne pas approfondir l'hypothèse comme quoi le goût et à sa suite les notions de jugement et de subjectivité ne seraient pas propres à l'individu, mais influencé par un certain complexe de souvenirs, de contexte social, de famille, d'éducation ou même d'ambitions. Le problème étant qu'un Homme dénué de goût ou de jugement propre ne serait plus Homme. Cette question est donc tourmentée, puisqu'elle pourrait déshumaniser par sa réponse, en relevant comme mécaniques et donc modelables ces "intuitions" du sensible


Mais les souvenirs, le contexte social, la famille, l'éducation et même l'ambition, ne sont-ce pas là des caractéristiques propres au vécu de l'individu ? L'expérience du goût ne pourrait-elle pas être tout aussi intriquée, comme vous le présentez, que celle de l'ambition ? Mieux même : quitte à se demander si l'expérience du goût relève d'un processus mécanique (ce qui présuppose, au passage, déjà pas mal d'hypothèse[édition : rajout du pauvre petit "s", égaré et qui attend son hypothèse de parent à l'accueil] sur lesquelles en réalité on ne peut marcher impunément), on peut sans problème aucun se demander si l'expérience éducative ne relève pas du même principe, et ainsi de suite avec absolument toutes nos expériences ! Sommes-nous mécaniques, ou disposons-nous d'autre chose ?

Notez, vous y répondez un peu par vous-même, sans trop vous en rendre compte peut-être, dans votre questionnement : vous laissez à l'Homme (dont la définition reste des plus scabreuses) le droit de disposer d'une Volonté, de porter un choix, un jugement, même si ce dernier ne régule in fine pas son goût. Vous lui laissez la possibilité de "modeler" ses propres intuitions. Sitôt votre image de vous amputée de sa capacité à établir un goût "unique et propre", vous vous sentez immanquablement amoindri dans l'image de vous que vous ressentez, et préservez sans amertume ce droit semble-t-il élémentaire du choix : si je ne peux disposer du goût par nature, alors je modifierai la nature afin de disposer du goût voulu.

Du reste, et je peux le comprendre puisque vous postez sur le forum des sociologues, vous posez nombre d'hypothèses pour un sujet aussi "grave".

Rappelez-vous qu'il n'existe qu'une seule subjectivité, la vôtre !

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Crosswind a écrit:
L'expérience du goût ne pourrait-elle pas être tout aussi intriquée, comme vous le présentez, que celle de l'ambition ?

Bien que le mot ambition est fortement connoté, cette remarque est intéressante. On pourrait effectivement étudier le goût en rapport avec le projet de l'être, tel qu'il est exposé chez Sartre.

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Kthun a écrit:
(par exemple, il est ainsi possible de dire que La République de Platon et la production d'un enfant de maternelle sont à mettre sur le même plan dans la mesure où ces deux choses sont tributaires d'un contexte social).

Ou bien le sociologisme, dans ce cas-ci, ne dit-il pas plutôt que ces deux œuvres relèvent 1) du jeu (aux règles pourquoi pas différentes) et 2) d'un contexte social, et qu'en somme elles sont incommensurables et jugeables chacune en fonction seulement des critères normatifs de leur contexte respectif ? Le problème étant qu'on ne peut ni réduire ces œuvres au même ni les comparer. Elles ne sont donc pas à mettre "sur le même plan" s'il s'agit de les juger, mais existent bien à égalité en tant qu'elles sont toutes deux singulières. (Cela me rappelle ce qu'est la philosophie pour Deleuze et pourquoi il ne peut pas accepter la critique.) Mais peut-être n'ont-elles pas, en revanche, la même place au sein de leur contexte social respectif... Cela dit, il me semble naïf ou réducteur de faire comme si le sociologue considérait véritablement qu'un livre à portée historique et un simple dessin (banal, ordinaire, sans enjeu) sont identiques ou similaires.

Néanmoins, je suis d'accord pour critiquer tout type de réductionnisme, notamment le réductionnisme bourdieusien qui n'explique pas la singularité d'un individu, en quoi il n'est justement pas autrui, en quoi il n'est pas le bourgeois, le prolétaire, mais un bourgeois avec une trajectoire unique et riche, bien que ressemblante à d'autres sur certains points avec un même contexte social produisant des effets semblables (mais pas nécessairement identiques). Il n'explique pas non qu'il y ait création (pour parler comme Castoriadis) et non reproduction stérile du même.
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