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L'influence de l'Inde.

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Liber
le morosophe
6 participants

descriptionL'influence de l'Inde. - Page 3 EmptyRe: L'influence de l'Inde.

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aldolo a écrit:
Il me semble d'autre part tout aussi facile d'imaginer que les questions fondamentales des uns et des autres puissent se rejoindre, même dans des civilisations plutôt différentes, et que des problèmes tels que celui de la sagesse (avec tous les exemples que vous en donnez) puissent se retrouver de façon traditionnelle en Grèce comme en Inde. Le problème posé me semble plutôt de comprendre pourquoi les choses ont perduré en Inde quand elles se sont radicalement transformées en Occident...

Il est probable que la différence soit politique, dans l'opposition entre castes et démocratie.

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Plus généralement et sous l'angle méthodologique, les courants d'imitations n'impliquent ni une parenté entre deux choses ni l'existence d'un modèle unique :

Gabriel Tarde, Les Lois de l'imitation, 1890, Éditions du Seuil, p. 157-159 a écrit:

Eh bien, pour une raison analogue, si maintenant nous passons du monde vital au monde social, nous sommes toujours frappés, en parcourant les tableaux ou les statues de nos peintres et de nos sculpteurs contemporains dans nos expositions, en lisant nos écrivains du jour dans nos bibliothèques, en observant les manières, les gestes, les tours d'esprit de nos amis et connaissances dans nos salons, nous sommes toujours et exclusivement frappés en général de leurs différences apparentes, nullement de leurs analogies. Mais quand, au musée Campana, nous jetons un coup d’œil sur les produits de l'art étrusque, quand, dans une galerie hollandaise, vénitienne, florentine, espagnole, nous voyageons pour la première fois à travers des peintures de la même école et de la même époque, quand, dans nos archives, nous parcourons des manuscrits du moyen âge, ou que, dans un musée d'art rétrospectif, les exhumations des cryptes égyptiennes s'étalent à nos yeux, il nous semble que ce sont là autant de copies à peine discernables d'un même modèle, et qu'autrefois toutes les écritures, toutes les façons de peindre, de sculpter, de bâtir, toutes les manières de vivre socialement, à vrai dire, se ressemblaient à s'y méprendre dans un même temps et un même pays. [...]
Nous avons essayé d'établir dans un précédent chapitre que toute ou presque toute similitude sociale dérive de l'imitation, comme toute ou presque ou presque toute similitude vitale a pour cause l'hérédité. [...] Un vieux tombeau étrusque décoré de fresques est découvert. Comment apprécier son âge ? Quel est le sujet de ses peintures ? On résout ces problèmes en signalant les similitudes, légères et insaisissables parfois, de ces peintures avec d'autres d'origine grecque, d'où l'on conclut immédiatement que la Grèce était déjà imitée par l’Étrurie à l'époque où ce caveau fut creusé. Il ne vient pas à l'esprit d'expliquer ces ressemblances par une coïncidence fortuite. Tel est le postulat qui sert de guide en ces questions et qui, employé par des esprits sagaces, ne trompe jamais. Trop souvent, il est vrai, entraînés par des préjugés naturalistes de leur âge, les savants ne se bornent pas à déduire des similitudes l'imitation, et ils en induisent la parenté. Par exemple, des fouilles faites à Este, en Vénétie, ayant donné des vases, des situles et autres objets qui présentent des ressemblances étranges avec le produit de fouilles faites à Vérone, à Bellune et ailleurs, M. Maury incline à penser que les auteurs de ces tombeaux divers appartenaient à un même peuple, conjecture que rien ne paraît justifier, mais il a soin d'ajouter : "ou du moins à des populations observant les mêmes rites funéraires ou ayant une industrie commune", ce qui n'est pas tout à fait la même chose. [...] Ainsi la similitude des produits artistiques ne prouve rien en faveur de la consanguinité et révèle seulement une contagion imitative.
Obligés, pour rattacher l'inconnu au connu, de chercher dans les analogies les plus lointaines, les plus inappréciables à l’œil profane, en fait de formes, de styles, de scènes, de légendes figurées, de langues, de costumes, etc., les secret des générations disparues, les archéologues se sont exercés à en découvrir partout d'inattendues, les unes certaines, les autres vraisemblables à divers degrés suivant une échelle fort étendue de probabilité. Par là, ils ont merveilleusement contribué à étendre et approfondir le domaine de l'imitativité humaine, et à résoudre presque entièrement en un faisceau d'imitations combinées des autres peuples la civilisation de chaque peuple, même la plus originale au premier aspect. Ils savent que l'art arabe, de physionomie si nette, est pourtant une simple fusion de l'art persan avec l'art grec, que l'art grec a emprunté à l'art égyptien, et peut-être à d'autres sources, tels et tels procédés, et que l'art égyptien s'est formé ou grossi successivement d'apports multiples, asiatiques ou même africains.

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Je voudrais rajouter une possibilité qui pourrait expliquer certaines similitudes entre l'Inde et la Grèce : celle d'un envahisseur commun, les aryens. C'est une hypothèse que j'avais lue (et qui m'avait fasciné) il y a longtemps, et dont je viens d'apprendre (à mon grand étonnement) que c'est ainsi que l'histoire serait enseignée aux enfants de l'Inde ! En voici un lien sur wiki plutôt pas mal fait, il me semble :

Je voudrais aussi répondre quelque chose à Silentio depuis un moment... lui qui parle de la difficulté de concilier castes et démocratie. Répondre que l'Inde est une espèce de pieuvre qui engloutit tout et le digère sans moufter (il en a été ainsi d'ailleurs de la démocratie, même si son apparition coïncide avec la fin de sa colonie, ce qui bien sûr facilite les choses).
Il me semble qu'il y a là une question de mémoire avec l'Inde. L'Inde m'apparaît comme un grenier à mémoire, à la mémoire des hommes peut-être. Un grenier d'où rien ne s'échappe, où cohabitent apparemment sans heurt les traditions les plus anciennes et les effets les plus récents de la modernité, sans que bizarrement là-bas personne ne s'en émeuve comme on peut le faire en Occident, dépassés par les événements, en se référant sans cesse à la nostalgie des temps anciens. Comme si la mémoire éternelle de l'Inde était suffisamment forte pour résister et absorber les chocs de la modernité.
Bref, c'est plus à ce type de mémoire, certes partiellement religieuse puisque la religion est partout que j'aurais envie de me référer, plutôt par intuition, sans vraiment aujourd'hui arriver à définir clairement ce qui fait que les chemins ont divergé entre sagesse indienne et façons occidentales, plutôt qu'à tel ou tel système de caste qui serait incompatible avec telle ou telle forme de modernité.

Voici un extrait de texte que je trouve révélateur dans ce sens, qui a trait à l'absence apparente d'intérêt des indiens pour l'Histoire :
L’Histoire de l’Inde offre moins de lisibilité que la civilisation indienne. À cela plusieurs raisons, la première étant que les Indiens ne se sont pas intéressés au temps qui passe, ni aux événements qui le jalonnent… Jusqu’à l’époque britannique, l’Inde est une simple expression géographique : il n’y a à jamais eu précédemment un État ou un empire qui, à la manière des Empires romain, chinois ou inca, aurait duré dans un cadre spatial défini et dont on aurait alors pu faire l’histoire. Il n’y a jamais eu non plus de ville qui aurait été, évidemment et durablement, le centre du monde indien, l’équivalent de Rome, et dont subsisteraient les ruines. Si nous continuons la comparaison, il n’y a jamais eu de date fondatrice ni même de fondation de l’Inde, sauf à époque récente… Il y a eu une civilisation dans ce qui aujourd’hui se nomme Inde mais pas une civilisation de l’Inde dont l’histoire serait l’un des aspects. 

http://www.clio.fr/chronologie/chronologie_inde_des_origines_a_la_conquete_aryenne.asp
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