Janus a écrit: Le criminel s’en prend d'ailleurs toujours à un plus faible que lui, par sadisme, par cupidité, mais toujours à un plus faible.
Toujours, non. Par contre, s'en prendre à un plus faible que soi renforce le sentiment d'injustice chez les gens, et le statut de victime chez le plus faible. Or, on peut se poser la question de savoir si la victime a intérêt à continuer à se sentir plus faible devant le coupable, ou s'il ne vaut pas mieux qu'on lui donne la possibilité de relever la tête. C'est pourquoi je n'ai jamais suivi cette ligne idéologique de la droite, consistant à ne s'occuper que des victimes, comme si un procès ne se faisait pas avec deux parties, mais une seule, le coupable étant déjà jugé, ce qui notez bien, n'a rien à voir avec le laxisme, et qui est une tentative pour dévoyer toute réflexion sur la justice, pour des raisons vaguement idéologiques.
Mais si on conteste le fondement de la moralité (pour faire court), tout cet édifice s’écroule et le progrès accompli depuis des siècles par la Justice (au regard de la liberté) est réduit à néant.
C’est à ce néant que conduit le fait de discréditer la Justice en la réduisant, par le discours, à une simple "étatisation de la vengeance".
Je ne fais que décrire un processus au lieu de l'idéaliser, processus qui s'avère pas très propre, j'en conviens, mais c'est l'homme qui n'est pas toujours très beau, pas celui qui recherche la vérité. Nietzsche nous dit qu'il a dû bien des fois se boucher le nez. Peu m'importe si la justice parvient à réinsérer un individu, je vous répondrai que ce n'est pas son rôle.
Trouver des excuses au criminel, analyser les circonstances qui l'ont conduit à se "mal" conduire, c’est bien, c’est juste, cela fait partie du "devoir" qu’a su s’attribuer la société civilisée
La justice n'a pas à trouver des excuses au criminel (et des torts à la victime, pour être équilibrée ), elle est là pour châtier un coupable, c'est tout. C'est au législateur à décider quelle importance il entend donner à son système répressif. Il peut très bien décider de supprimer la perpétuité, comme au Portugal. Il peut créer des peines plancher et punir plus sévèrement la récidive. Si nous ne sommes pas d'accord, nous le dirons en votant contre le gouvernement qui a voté de telles lois, comme nous l'avons fait dernièrement. Quant à la réinsertion, il existe des services sociaux.
A moins d'en vouloir tellement à la Société (civilisée) pour nous avoir "conditionnés" à "aimer autrui à tout prix"... comme dirait Freud... et d'adopter soi-même ainsi une attitude de vengeance...
"Conditionner à aimer autrui ?" Non, éduquer pour pouvoir mieux (et pas plus) punir, de façon plus civilisée. Que dit la justice, cette justice humaniste que vous semblez apprécier, devant un criminel qui a eu une éducation difficile ? Non pas qu'il a été déterminé à mal agir, ça c'est le rôle de l'avocat qui cherche à attendrir les jurés ou les juges, mais qu'il n'a pas les outils moraux pour répondre complètement de ses actes. Le fou ne peut pas être jugé, non pas parce qu'il a commis un crime sans disposer de sa raison, mais parce qu'il ne peut pas répondre devant un tribunal.