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descriptionEsprit mercantile et capitalisme. EmptyEsprit mercantile et capitalisme.

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Bonjour à tous, 

Je ne sais pas si ce sujet est à la bonne place, si ce n'est pas le cas, veuillez m'en excuser. 

Récemment et depuis quelque temps, je m’intéresse fortement à l'histoire romaine. Quand je parle de l'histoire romaine, je ne parle pas de la période historique seulement, mais également des questions sociologiques et économiques de la Rome antique. Il y a dans ces recherches l'histoire de l'économie, la politique et de la culture, etc. Je lis Grandeur et décadence de Rome écrit par G. Ferrero (une grande référence de l'histoire romaine) et son vocabulaire est très appréciable et clair. Cependant, il parle d'esprit mercantile et j'ai du mal à saisir ce que cela est. Je comprends que c'est un esprit qui a l’appât du gain, qui cherche le profit. Cependant, je ne comprends pas où se situe la différence entre capitalisme et esprit mercantile. 

Je n'arrive pas à cerner la différence entre ces deux concepts. Je me dis que l'esprit capitaliste est un esprit de concurrence permanente, de recherche du gain, prêt à écraser la culture ou à la changer pour ses fins et est aussi un esprit de privatisation. Tandis que l'esprit mercantile est un esprit de gain tourné vers la culture, le social et ne cherche pas la privatisation, mais son contraire, c'est un esprit de gain basé sur la communauté, sur le "public". 

Dites-moi si je me trompe. Bien à vous, merci.

descriptionEsprit mercantile et capitalisme. EmptyRe: Esprit mercantile et capitalisme.

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Bonsoir,

Votre question m'interpelle car je rencontre également des difficultés pour discerner les usages que font les historiens de concepts à connotation économique tels que le capitalisme justement. Peut-on parler du développement d'un capitalisme (ponctuel) dans l'antiquité ; à partir de quelles données est-on fondé à le faire ? Mais vous posez la question plus spécifique de la distinction entre l'esprit mercantile dans l'usage qu'en fait G. Ferrero et le capitalisme moderne. Je ne peux vous renseigner sur l'usage qu'il en fait, mais les périodes remarquables par le développement d'échanges marchands ne se conçoivent-elles pas, dans l'histoire de l'antiquité et du moyen-âge, par rapport à une tendance à l'autarcie, au repli sur soi de l'économie - plutôt que par rapport au capitalisme ? (Repli qui peut être accompagné d'un épanouissement sur d'autres plans, politique par exemple.) Que des formes marchandes d'échange s'instituent, qu'une bourgeoisie prenne forme, cela n'implique pas encore qu'elles soient autonomes et directrices par rapport à la Cité ou au Royaume, au politique ou au sacré, etc. Ce serait une question de proportions.


descriptionEsprit mercantile et capitalisme. EmptyRe: Esprit mercantile et capitalisme.

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Je crois qu'il y a une confusion très simple établie entre l'existence d'un marché et celle du capitalisme. Le capitalisme n'est qu'un type d'économie parmi d'autres, il a son organisation spécifique, c'est en l'espèce une économie basée sur la production et, comme son nom l'indique, l'accumulation du capital. Castoriadis écrit quelque part que l'on pourra détruire le capitalisme, il y aura et il faudra toujours un marché. L'erreur des libéraux consiste à calquer le capitalisme sur le marché, ou à tirer abusivement l'existence du capitalisme (qui est une signification imaginaire sociale instituée par une société devenue capitaliste) de celle d'un marché. Le capitalisme, c'est un ensemble de règles, un mode de fonctionnement. Pour établir une distinction, signifier que la corrélation n'est pas nécessaire entre marché et capitalisme, il suffit de s'intéresser au Moyen âge : oui, il y a des marchés, mais (et je parle sous contrôle des historiens) l'enrichissement personnel est honni en pays catholique.

En revanche, quelle distinction établir entre marché et capitalisme ? Il me semble, pour apporter un début de réponse, que le capitalisme se distingue par différentes dimensions, de la politique à la technique : l'État, l'entreprise, le libéralisme (État de droit, droit de propriété et d'entreprendre, une subjectivité et une rationalité adaptées), le salariat, la machine, etc. Je pense que si le capitalisme est devenu possible en France, c'est notamment grâce à la Révolution française et à la révolution industrielle qui ont permis l'apparition de nouveaux acteurs, rapports de force, besoins. Sur tout cela, je vous renvoie à Marx. On peut aussi lire l'Éthique... de Weber, où il lie l'émergence du capitalisme au protestantisme (la réussite individuelle, dont l'enrichissement, est une preuve de la grâce accordée par Dieu).

descriptionEsprit mercantile et capitalisme. EmptyRe: Esprit mercantile et capitalisme.

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Silentio a écrit:
Pour établir une distinction, signifier que la corrélation n'est pas nécessaire entre marché et capitalisme, il suffit de s'intéresser au Moyen âge : oui, il y a des marchés, mais (et je parle sous contrôle des historiens) l'enrichissement personnel est honni en pays catholique.

Sur ce sujet il y a  le Moyen Âge et l’argent de Jacques Le Goff, Perrin 2010. Ci-dessous un entretien à LES LETTRES françaises assez éclairant :

Entretien avec Jacques Le Goff à propos de son dernier ouvrage, le Moyen Âge et l’argent.
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